Comment combattre le sexisme et l’homophobie ?

Aller à la racine du problème pour le réduire en poussière

Ces derniers temps, il a été, à plusieurs reprises, question d’homophobie dans les médias à propos du débat qui y fait rage depuis plusieurs mois concernant le mariage et l’adoption pour les personnes de même sexe. On s’est un peu précipité à affirmer que cette question avait déjà été réglée dans notre pays. L’homophobie y sévit pourtant toujours, comme l’ont encore illustré les deux meurtres ouvertement homophobes commis l’an dernier en Belgique. Parallèlement, le reportage ‘‘femmes de la rue’’, tourné dans les rues de Bruxelles, a récemment remis en avant le débat sur la place du sexisme dans notre société. Comment faire face à ces problèmes afin de les réduire à néant ?

Depuis 2006, les couples de même sexe peuvent adopter des enfants en Belgique. Au niveau légal, le pays figure parmi les pays européens les plus avancés. Mais, concrètement, l’expérience de la réalité est bien différente en termes d’insultes, de discriminations à l’embauche, d’agressions et même de meurtres. De la même manière, si l’égalité entre hommes et femmes a été coulée dans la loi, il existe toujours une inégalité moyenne de salaire (de l’ordre de 24%), les remarques sexistes sont monnaie courante (on se souvient notamment du député Gilles Mouyard (MR) qui n’avait pas hésité à commenter les fesses d’Emilie Hoyos (Ecolo) au Parlement wallon) et les viols et agressions se poursuivent.

La réponse des autorités est extrêmement limitée. A titre d’exemple, la ministre de l’Egalité des chances (Joëlle Milquet) avait déclaré vis-à-vis du Salon de l’auto qu’il fallait rallonger les jupes des filles engagées en tant que faire-valoir des voitures exposées. Cela ne change fondamentalement rien à l’utilisation des femmes en guise d’objets sexuels utilisés pour faire vendre. D’autre part, la ministre pour l’égalité des chances voudrait distribuer des Sanctions Administratives Communales (SAC) aux hommes qui tiennent des propos sexistes… dans ces mêmes rues qui sont inondées d’affiches publicitaires extrêmement sexistes et parfaitement légales.

Au niveau de l’homosexualité, les choses ne sont pas différentes, il est aussi question de SAC. La Belgique s’est en outre depuis peu dotée d’un plan de lutte contre l’homophobie basé notamment sur l’amélioration de la législation contre les discriminations, sur la ‘‘sensibilisation’’ et sur une plus grande aide aux victimes. Mais rien de concret n’a été donné, certainement aucun budget, et on se demande bien comment sensibiliser la jeunesse alors qu’il n’existe toujours pas de cours général d’éducation sexuelle et affective dans l’enseignement. Imagine-t-on que laisser la voie libre aux sites internet pour l’éducation affective des adolescents est une bonne chose contre l’homophobie et le sexisme ?

Au lieu d’opposer, comme on le fait trop souvent, les causes antiraciste, antisexiste et antihomophobie, nous préférons les relier. Toutes les discriminations sont insupportables et méritent qu’on les combatte. Quels que soient les préjugés répandus de part et d’autres, ce n’est qu’en s’alliant avec les autres opprimés et discriminés, que tous ensemble, nous pouvons faire avancer la société.

Nous devons nous unir – femmes et hommes, hétéros et LGBT, travailleurs et chômeurs, belges et immigrés, avec ou sans-papiers… – pour défendre les droits et l’égalité de tous pour de vrais emplois, de bons logements publics, des services publics de qualité. Ce n’est que par une lutte commune pour de tels droits sociaux fondamentaux que nous viendrons à bout de toutes ces discriminations qui nous divisent, que nous éliminerons la recherche d’un bouc émissaire pour pointer du doigt les véritables responsables des manques sociaux. C’est aussi dans cette unité de classe que nous pourrons barrer la route aux forces les plus réactionnaires de la société.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai