Comment aller chercher l’argent là où il est ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et sont choquants : 25.000 milliards d’euros dorment sur des comptes planqués dans les paradis fiscaux. Leurs propriétaires ne représentent qu’une infime minorité de la population, quelques dizaines de milliers de personnes et d’institutions, qui possèdent ainsi de quoi en finir à plusieurs reprises avec la pauvreté dans le monde et de nombreux autres problèmes sociaux. L’appel à un partage des richesses existantes se fait plus audible.

Edito de l’édition de mai de Lutte Socialiste

Alors que l’homme de la rue – les travailleurs et les allocataires sociaux – est systématiquement visé par les plans d’austérité, les grandes fortunes sont épargnées. À chaque fois qu’il est question de les faire contribuer, la proposition est dégagée de la discussion sous prétexte que cela ne ferait que nuire à ‘’notre’’ position de compétitivité. Si le secteur diamantaire anversois cache des sommes énormes dans les paradis fiscaux, cela n’illustre, aux dires d’un de leurs avocats, que le fait ‘’qu’Anvers compte toujours comme centre diamantaire.’’ Face à cette élite de 1% de la population, les 99% restants ne représentent donc rien ?

La logique de concurrence conduit à la pauvreté et au recul social, tout à l’opposé de la solidarité du mouvement des travailleurs. Au sein de cette solidarité se trouve la répartition équitable des richesses. Nous soutenons la revendication d’un impôt sur la fortune qui ferait payer aux riches les conséquences de cette crise causée par leur avidité.

Mais il faut se demander comment faire. Les riches ne vont pas gentiment abandonner leurs fortunes parce que nous leur demandons. Un nouvel eldorado fiscal se développera toujours pour prendre la place de celui qui a été détruit. Quand François Hollande a parlé d’une taxe sur les plus hauts revenus (limitée d’ailleurs : 75% sur la tranche supérieure à un million d’euros), Gérard Depardieu s’est envolé vers la Belgique. Il n’est pas le seul à considérer notre pays comme un paradis pour les riches: certains quartiers d’Uccle sont devenus de véritables ghettos pour Français super-riches.

La lutte contre la grande fraude fiscale des autorités est une opération de communication plus qu’autre chose. Mais qu’attendre d’autre de la part de partis qui ont organisé le pillage légal des caisses de l’Etat en votant des mesures telles que la déduction des intérêts notionnels? Quand les quotidiens L’Echo et De Tijd rapportent qu’au moins 110 entreprises belges auraient des connexions avec les Îles Vierges britanniques ou les Îles Caïmans (on y retrouverait même l’Etat belge), le secrétaire d’Etat à la Lutte contre la fraude John Crombez (SP.A) ne semble pas vouloir aller voir plus loin.

De Tijd a d’ailleurs fait remarquer : ‘’Les enquêteurs de la police fédérale doivent maintenant travailler sans disposer d’accès à la vaste base de données des entreprises. Le contrat avec la base de données Euro DB n’a pas été prolongé suite aux économies du gouvernement et aucun nouveau contrat n’a été conclu. (…) Les criminels en col blanc, contrairement à nos enquêteurs qui les combattent, mettent en place des entreprises mondiales avec les meilleurs conseillers fiscaux et de la technologie de pointe. C’est David contre Goliath.’’ Nos enquêteurs en sont encore à l’âge de pierre.

L’inégalité des richesses est inscrite dans le code génétique de ce système, au plus profond de lui. À mesure que la crise s’aggrave et instaure une pression sur les profits, les capitalistes et leurs marionnettes politiciennes imposent des mesures drastiques contre les travailleurs et leurs familles. Les effets de cette politique économique insensée sont visibles dans un nombre croissant de pays, le temps où les catastrophes sociales étaient confinées au sud de l’Europe est derrière nous.

L’énorme disparité des richesses ne provient pas de l’activité ‘’accidentelle’’ de quelques brebis galeuses. Les pommes pourries au sommet de la société ne sont que l’expression d’un panier – la société capitaliste – totalement pourri. Et de la même manière qu’on ne peut durablement enlever les mauvaises herbes sans s’en prendre à leurs racines, une solution ne saurait être fondamentale que si elle s’attaque au problème en son coeur.

Une rupture fondamentale avec le système capitaliste est nécessaire pour en finir avec cette inégalité des richesses sans précédent. Afin d’être véritablement en mesure de redistribuer les ressources disponibles, un contrôle démocratique est nécessaire. C’est pour cela que les secteurs clés de l’économie doivent être placés sous contrôle et gestion démocratiques et publics. Cela nécessite d’engager un combat déterminé dans la perspective d’une société socialiste démocratique.

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