Partout en Europe, on licencie en masse. Le continent comporte déjà plus de 26 millions de chômeurs. L’inquiétude de beaucoup de travailleurs est donc fort compréhensible. Que faire si nous sommes menacés de rejoindre cette armée de chômeurs de plus en plus imposante ?
Article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Dans le contexte actuel de profonde crise économique, toutes les discussions sur le statut unique (à partir des statuts d’ouvrier et d’employé) en Belgique ont été réduites à une seule : la question du licenciement. D’autres différences entre les deux statuts existent également, mais la période du préavis de licenciement constitue un problème pour les patrons depuis un bon bout de temps. Les employés ne peuvent pas être virés du jour au lendemain. Pour des ‘’ouvriers’’ qui font surtout du travail ‘’manuel’’, les périodes de préavis sont bien plus courtes.
Les diverses évolutions techniques ont dépassé cette distinction entre travail manuel et intellectuel. Mais dès lors qu’il est question des préavis, les employeurs préfèrent se référer aux conditions des ouvriers, plus défavorables aux travailleurs. Au nom de la flexibilité et de la concurrence, le patronat souhaite licencier au moindre coût. Le personnel est en solde, tout comme la sûreté d’emploi.
Les employés devraient connaître de moins bonnes conditions afin de privilégier la position concurrentielle des entreprises qui seraient actuellement enclines à moins engager à cause des ‘’frais de licenciement élevés’’. Mais le patronat ne nous explique pas comment une pire protection contre les licenciements pourrait conduire à une création d’emplois dans cette période où règnent les contrats précaires.
L’une des dernières propositions en date concernant les périodes de préavis nous vient de l’Institut Itinera, un ‘’think tank’’ qui soutient la propagande quotidienne du patronat. Le professeur Marc De Vos a ainsi proposé de limiter le préavis à un minimum de 2 mois, en ajoutant un demi-mois de plus par tranche de 5 années d’ancienneté, avec un maximum de 6 mois. Il s’agit d’une attaque frontale contre le préavis des employés.
De Vos veut ‘‘compenser’’ la perte avec un ‘‘budget supplémentaire d’un demi-mois par année d’ancienneté, avec un maximum de 6 mois, qui pourrait seulement être utilisé pour accompagner le travailleur licencié vers un nouveau boulot.’’ Avec le degré élevé de chômage, cela impliquera surtout de juteux bénéfices pour toutes les firmes qui se chargeront de cet ‘‘accompagnement vers le travail’’. Mais trouver du travail quand il n’y en a pas, ça reste assez difficile…
Tout ce débat est orienté contre la sûreté d’emploi et contre notre emploi tout court. Il a pour objectif de faire porter une partie du coût du licenciement sur le dos de la collectivité. À nouveau, on veut faire porter la responsabilité du chômage sur ses victimes.
Pour éviter que le débat autour du statut unique ne soit utilisé pour attaquer les acquis sociaux des employés, une réponse syndicale conséquente et unifiée sera nécessaire. Chaque division de notre côté sera utilisée pour porter l’attaque plus loin, de même que chaque faiblesse. Et cette unité, seule une lutte pour l’harmonisation des deux statuts vers le haut est capable de l’obtenir. Partons à l’offensive dès maintenant pour éviter que le gouvernement n’essaye de forcer l’application d’un mauvais compromis.