Alors que dans un peu plus d’un an se profilent des élections monstres (régionales, fédérales et européennes), le PS et ECOLO se sont lancés dans les grandes manœuvres pour se préparer à ces échéances. Il ne s’agissait pas à proprement parler de ‘congrès’. Pour nous, un congrès est une période de discussion démocratique organisée au sein d’un parti et impliquant tous les membres, période dont l’objectif est de disposer de l’analyse la plus juste de l’actualité et de ses perspectives pour pouvoir orienter le travail du parti. Dans le cas des deux partis établis, nous n’avons vu qu’un bal médiatique où le but recherché était avant tout de lancer leur campagne électorale et de décliner comment emballer, en rouge ou en vert, la catastrophe qui se dessine.
Par Alain (Namur)
L’emballage vert : l’éco-keynésianisme
Les ECOLO ont tenu a rappelé lors de leur congrès qu’ils n’étaient pas pour un changement de société. Ils ont mis en avant leur matrice idéologique : l’éco-Keynésianisme et le protectionnisme.
Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de l’Ancre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie ‘expo’ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à ‘Charleroi-Sud’) Plus d’infos
La crise structurelle détruit la planète, les conditions de vie de l’ensemble de la population et déstructure le tissu social et économique. Face à cela, les ECOLO proposent d’en revenir à un capitalisme des trente glorieuses. Sans voir que dans les années ‘70 la phase ‘Keynésienne’ de l’économie est entrée dans une crise de profitabilité qui a poussé les capitalistes et leurs politiciens à disqualifier ce modèle…
Pour les pays capitalistes avancés, la période des trente glorieuses a permis – grâce à la lutte des travailleurs – d’obtenir des salaires intéressants, une couverture sociale forte, le développement des services publics, une redistribution des richesses créées par les travailleurs qui leur était moins défavorable qu’actuellement, également du fait d’une hausse raisonnable de la productivité et des taux de profit. Par contre, pour les pays du monde colonial et néocolonial, la situation ne s’est jamais apparentée à ce que l’on a connu ici. La misère et l’enfer colonial constituait la réalité d’une bonne partie de la planète. Vive le Keynésianisme…
De plus, les dites 30 glorieuses ont été une catastrophe en terme d’impact du système de production sur la planète. Rajouter un préfixe ‘Eco’ ne suffira pas. Le système capitaliste est incapable de résoudre les problèmes environnementaux auxquels il est confronté. La relance verte, avec l’échec terrible des marchés CO2 sensés résoudre la problématique de l’émission de gaz à effet de serre. On peut aussi parler du secteur photovoltaïque qui, malgré le fait qu’il constitue un secteur technologique du futur à haute valeur ajoutée, subit la crise du fait de la concurrence et de la course aux profits.
On le voit, les verts n’ont aucune solution face à la crise de ce système, à part emballer en vert la catastrophe qui vient !
L’emballage rouge : le citoyen engagé
Après 25 ans de participation gouvernementale, 25 années durant lesquelles le taux de pauvreté a augmenté, où la part des salaires dans le Produit Intérieur Brut a chuté, où les services publics ont étés laminés, où la privatisation des joyaux de l’Etat a bien avancé, où l’enseignement public a vu son nombre d’enseignement diminuer,… le PS a senti qu’il était temps de produire un emballage plus foncé.
C’est une nécessité car, autrement, le risque est là de perdre des plumes sur sa gauche. Une autre question se pose : malgré le travail démiurgique du PS au service du patronat, ce nabab n’est jamais content et en veut toujours plus et plus vite. Un dossier spécial du journal Le Soir est récemment revenu sur les 25 ans au pouvoir du PS. Dans cette édition, le quotidien évoquait la possibilité que le PS soit envoyé dans l’opposition en 2014. Il est vrai qu’une partie de la bourgeoisie veut imprimer un tempo plus rapide à l’austérité, ce qui n’est pas la stratégie du PS, qui l’a encore répété dimanche par la voix de son président Paul Magnette : le PS est pour les assainissements mais ceux-ci doivent être étalés dans le temps. Cela permet en effet de faire passer la pilule plus facilement.
La bourgeoisie veut passer nos acquis à la tronçonneuse, le PS veut lui utiliser la tondeuse ou la râpe à fromage. La taille de la lame diffère, mais c’est toujours les mêmes qui se font tondre. Le PS sait que son poids électoral et le réseau socialiste (l’action commune) le rendent incontournable dans la manière traditionnelle de faire de la politique. Il a d’ailleurs retissé les mailles de l’action commune en nommant Mabille (ancien président de Solidaris) au gouvernement. Jusqu’à maintenant, la direction de la FGTB fait toujours allégeance au Parti. Ceci permet au PS d’avoir un contrôle relatif sur le mouvement ouvrier organisé qui lui, avance en ordre dispersé.
L’emballage de la catastrophe est donc rouge, mais la catastrophe est bien là. Le lancement de la campagne ‘citoyens engagés’ ne peut pas faire illusion. Engagé dans quoi… Et avec qui ? Avec des personnalités comme Eric de Keuleneer qui propose la suppression de l’augmentation barémique ? Avec Paul Magnette qui déclare que l’harmonisation des statuts doit se faire dans l’intérêt des patrons ? Avec Laurette Onkelinx qui est prête à sacrifier de l’index sur l’hôtel de compétitivité ? Avec tous les parlementaires PS qui votent tous les traités d’austérité européens ? Le PS cherche des citoyens engagés dans la destruction sociale.
Enfin, le PS dit souvent que sans sa présence au gouvernement, les choses seraient pires. Mais dans les faits, sans sa collaboration active avec le patronat, ce dernier serait incapable d’appliquer des politiques aussi dures contre les travailleurs sans être directement confronté à une opposition massive de l’ensemble du mouvement ouvrier.
Le mouvement ouvrier a-t-il besoin des ‘moustiques’ ou de bazookas ?
Face à l’avalanche d’austérité et en l’absence d’un mouvement ouvrier fort, nous n’avons pas encore réussi à faire reculer les mesures de régressions sociales passées depuis que Di Rupo 1 est en marche. Malgré le fait que tous les secteurs de la classe ouvrière aient été attaqués plus d’une fois et que le patronat annonce encore de nouvelles attaques, plus dures, la classe des travailleurs peine à élaborer une stratégie gagnante.
Le problème auquel nous faisons face est que le rapport de force est entièrement à l’avantage de la bourgeoisie. Cela s’illustre très bien par le débat actuel sur l’index. Le gouvernement veut magouiller l’index, avec des nuances selon les partis, tandis que l’opposition ECOLO veut préserver l’index, mais diminuer le coût du travail. L’ensemble des partis politiques au parlement sont dans la même matrice idéologique.
Mais que changerait fondamentalement l’envoi de 3 ou 4 parlementaires de gauche radicale ? Il est clair que cela permettrait de mettre en lumière les luttes, de les populariser et de proposer d’autres alternatives mais, pour que ces parlementaires ne crient pas dans le désert, il faut que le mouvement ouvrier organisé modifie le rapport de force partout où il est attaqué : sur les lieux de travail où ceux qui résistent et qui luttent doivent faire face à la répression patronale.
Il nous faut unifier là où le capitalisme cherche à diviser : travailleurs avec et sans emploi, avec ou sans papier, jeunes ou plus âgés, flamands, bruxellois ou wallons, verts ou rouges, ouvriers ou employés, du public ou du privé, hommes et femmes. Nous devons marcher ensemble pour imposer notre force collective.
La constitution d’une force politique qui rassemblerait toutes les tendances opposées au néolibéralisme serait un excellent outil de débat et d’organisation des luttes. Dans le respect des sensibilités et de la représentativité de chacun, ce bazooka pourrait forcer n’importe quel gouvernement à changer de voie.