Arabie Saoudite : ‘‘À bas la dictature brutale des Saoud !’’

Le 13 mars dernier, sept jeunes hommes ont été exécutés en Arabie Saoudite par un peloton d’exécution. La Fédération générale des syndicats libres des travailleurs (GFFWTU) mène campagne pour les droits démocratiques et syndicaux en Arabie Saoudite. Un membre de cette organisation, Yahya Al-Faifi, est revenu sur ces exécutions dans le cadre d’une discussion avec la rédaction du ‘‘Socialist’’, l’hebdomadaire du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles).

Yahya Al-Faifi, de la GFFWTU.

Ces sept hommes avaient été arrêtés en janvier 2006 et accusés d’organiser un groupe criminel commettant des vols à main armée et des cambriolages de bijouteries. Ils ont été condamnés à mort par un tribunal de la province d’Aseer en août 2009. Yahya explique comment, dans une société où d’immense richesses sont concentrées entre les mains de l’élite au sommet du pouvoir, les jeunes sont souvent obligés de se tourner vers le crime pour tenter de nourrir leurs familles ainsi qu’eux-mêmes : ‘‘Ces jeunes gens étaient du Sud, les provinces les plus démunies de l’ensemble du pays. C’est de là que le  »Printemps Saoudien » est le plus susceptible de partir !’’

Le sang de ces jeunes est utilisé pour effrayer les gens et les écarter de l’idée de contester l’autorité du régime en place. ‘‘Pensez-vous vraiment que le gouvernement saoudien a mené une enquête sur les origines et les facteurs qui ont motivé ces crimes, ou pensé à prendre des mesures afin de lutter contre le chômage des jeunes ? Non, c’est un État policier qui n’est occupé que par sa propre sécurité et rien d’autre.’’

Yahya a également exprimé des préoccupations au sujet de la corruption dans les procédures judiciaires. ‘‘Selon les  »garanties » internationales adoptées à travers le Conseil économique et social des Nations Unies, la peine capitale ne peut être prononcée que pour les ‘‘crimes les plus graves’’, comme l’assassinat, et seulement après une procédure judiciaire rigoureuse. Aucun de ces critères fondamentaux n’a même été respecté dans ce cas. En outre, les peines de mort ont été prononcées en grande partie à partir d’aveux initiaux extorqués sous la torture. Les allégations de torture doivent être examinées. Les accusés auraient seulement fait de brèves apparitions devant le tribunal, sans être autorisés à parler ou avoir des possibilités d’assurer leur défense. Ils ont affirmé qu’ils n’étaient pas présents du tout pendant les procédures d’appel, et n’avaient pas d’avocat pour les représenter.’’

Yahya ajoute que le ministère de l’Intérieur cite fréquemment des versets du Coran sortis de leur contexte, afin de tenter de procurer une justification religieuse pour ses crimes contre la population saoudienne. Ceux-ci sont en fait motivés politiquement par la nécessité de maintenir la primauté de la famille royale et de l’impérialisme, en particulier dans le contexte des mobilisations de masse qui ont secoué le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

La GFFWTU appelle à :

  • La fin de la peine capitale en Arabie saoudite.
  • Assurer la formation et l’apprentissage, dans les industries du pétrole et dans l’ingénierie, de jeunes et de migrants, aujourd’hui dépourvus de tout avenir.
  • En finir avec la domination de l’impérialisme occidental et de l’industrie de l’armement.
  • La nationalisation de l’industrie pétrolière sous le contrôle démocratique des travailleurs, et l’utilisation des milliards de dollars aujourd’hui dépensés en armement à l’amélioration des conditions de vie des pauvres.
  • En finir avec la corruption. Pour l’utilisation de la richesse pétrolière de l’Arabie Saoudite au profit de la majorité de la population, et non pas de la famille royale et de la petite clique qui l’entoure.
  • A bas la dictature brutale des Saoud ! Pour la pleine reconnaissance des droits sociaux, syndicaux et démocratiques dans toute la péninsule arabique.

Quelques jours seulement après que les sept jeunes aient été exécutés, le prince Charles et Camilla ont visité l’Etat semi-féodal Saoudien pour faciliter et renforcer les liens commerciaux entre les entreprises du Royaume-Uni et le royaume saoudien, y compris au travers de la vente lucrative d’armes de guerre.

Selon Amnesty International :

L’Arabie Saoudite a un des taux les plus élevés d’exécution dans le monde. Au moins 24 personnes ont été exécutées en 2013, dont une travailleuse domestique Sri Lankaise, Rizana Nafeek, accusée d’avoir tué un bébé dont elle s’occupait alors qu’elle n’avait que 17 ans, faits qu’elle a affirmé avoir confessé sous la contrainte. Au moins 82 personnes ont été exécutées en 2011, et un nombre similaire en 2012, soit plus de trois fois le chiffre de – minimum – 27 en 2010. L’Arabie Saoudite applique la peine de mort pour les crimes tels que les infractions relatives aux drogues, ‘‘à l’apostasie et à la sorcellerie’’.

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