Patronat et gouvernement veulent nous bouffer tout crus!
A peine le Pacte des Générations était-il voté que la Banque Nationale annonçait la nécessité d’un nouveau pacte. Cette fois, ce ne sont plus nos retraites qui sont visées mais nos salaires. La Banque Nationale prétend que les salaires horaires devraient augmenter de 5,1% au cours des exercices 2006 et 2007, tandis que la FEB évoque un handicap salarial de 10% par rapport aux pays voisins.
Els Deschoemacker
Cette hypothèse est totalement exclue par les syndicats.. “Ce handicap de 10% n’existe pas”, déclare Cortebeeck. Les chiffres de l’Institut Allemand pour l’Economie montrent que les coûts salariaux horaires dans l’industrie belge sont plus bas qu’en Allemagne. De plus, déclare la CSC, il faut encore voir dans quelle mesure ces prévisions salariales se réaliseront d’ici la fin de l’année.
Mais quand bien même ce handicap existerait-il, quelles en sont les causes? L’augmentation du prix des produits pétroliers joue un rôle en la matière, mais aussi les sévères mesures de modération salariale que les travailleurs allemands, pour ne citer qu’eux, ont dû encaisser. La CSC estime que si nous entrons dans cette logique en Belgique, nous entrerons dans une spirale régressive dont les travailleurs seront les victimes. Au cours des dix dernières années, le pouvoir d’achat des travailleurs a déjà baissé de plus de 2%.
Peut-on, dès lors, insinuer que les profits des entreprises sont en danger? LA FEB et d’autres organisations d’employeurs hurlent au loup. La compétitivité de nos entreprises serait mise à mal à cause du niveau de nos salaires. Mais de qui se moquet-on?
En 2005, les profits des banques ont doublé par rapport à 1999! En 2004, les bénéfices des entreprises hors secteur financier étaient de 26 milliards d’euros. “Et cela fait 20 ans qu’on n’a plus enregistré une telle croissance d’une année sur l’autre des bénéfices nets des entreprises ”, déclare la Banque Nationale.
La machine de propagande des patrons et du gouvernement n’a qu’un seul but: préparer l’opinion publique à une nouvelle attaque contre son niveau de vie, à l’instar de ce qui se passe dans toute l’Union Européenne et ailleurs dans le monde, et ce dans le seul but de maximiser davantage les profits.
…. à moins que les travailleurs ne refusent
Nous devons opposer à la réthorique du patronat nos propres arguments. Suite à la généralisation des politiques néolibérales, on compte, à l’heure actuelle, 15% de Belges vivant dans la pauvreté. La prise de position fin 2004 contre la norme salariale et le mouvement de grève générale contre les attaques sur les fins de carrière indiquent clairement qu’une volonté de résistance existe. Cela a conduit à adoucir le Pacte des Générations de sorte que les points de désaccord les plus criants ont été aménagés afin de calmer la colère des grévistes. Cependant, si la bataille n’est pas perdue, elle n’est pas gagnée pour autant.
L’offensive renouvelée du patronat contre les salaires le prouve de façon évidente. Le gouvernement fait machine arrière par peur d’une nouvelle confrontation. Il est fort probable que la modération salariale soit repoussée au-delà des élections communales mais nous y serons confrontés à nouveau tôt ou tard.
Cela doit nous conduire à préparer le combat à l’intérieur des organisations syndicales mais aussi à la base en contrant les arguments du patronat de façon radicale.
Enfin, il nous incombera également de mettre sur pied un nouveau parti politique qui défendra les intérêts des travailleurs.