Quand les petits patrons flamands rêvent à haute voix, ils organiseraient notre misère

Dans son article satirique “Une proposition modérée” l’auteur Jonathan Swift (1667-1745) proposait aux riches d’acheter les bébés des pauvres et des mendiants pour les “manger” : ‘‘Un enfant jeune et en bonne santé, bien éduqué est à l’âge d’un an délicieux, nutritif et très sein.’’ De manière satirique, Jonathan Swift dénonçait les économistes de la classe dominante de son époque et leurs théories absurdes. Il s’agissait des premiers économistes bourgeois qui réduisaient tout – y compris les êtres humains – à l’état de marchandises.

Article par Peter Delsing

A la fédération patronale flamande Unizo, avec Karel Van Eetvelt – le provocateur patronal par excellence -, ils n’en sont pas encore à manger les pauvres et tous les autres “superflus’’. Mais ces messieurs-dames considèrent toutefois bel et bien de provoquer en Belgique une crise “comme en Espagne.” Il s’agit visiblement d’une association des sadiques… Van Eetvelt en a parlé dans le quotidien ‘Financieele Dagblad’, un journal d’affaires des Pays-Bas habitué aux déclarations-chocs. Là-dedans, les délires de Van Eetvelt ne semblaient pas inquiétants.

Van Eetvelt n’a pas hésité à dire: ‘‘Regardez l’Espagne. Là, une banque est tombée avec des conséquences désastreuses pour les finances de l’Etat. Là, il y a eu des changements, ils n’avaient pas de choix. Cela peut aussi se produire chez nous, avec Dexia par exemple. La semaine passée j’ai encore entendu des entrepreneurs dire organisons-nous un choc pareil. C’est assez drastique. J’ai répondu : ce sont des scénarios qu’il ne faut pas envisager. Cela créera la pauvreté et des troubles sociaux, ce n’est pas un environnement amusant pour les entrepreneurs.’’ Pauvreté, taux de suicide en hausse,… pour des entrepreneurs comme Van Eetvelt cet environnement n’est juste ‘pas amusant’.

Dans le même journal, Van Eetvelt a déclaré que, pendant la formation du gouvernement en 2011, les patrons avaient exigé des attaques plus dures contre les travailleurs. Les divers problèmes connus durant la formation de ce gouvernement n’étaient donc pas uniquement liés aux questions ‘communautaires’ mais aussi aux questions socio-économiques, avec une pression des patrons pour accélérer la guerre de classe. C’est à ne pas oublier pour la prochaine fois où les politiciens et médias bourgeois dénonceront que les syndicats ‘font de la politique’ lorsqu’ils organisent des manifestations nationales ou des grèves générales. Le camp d’en face ne fait-il pas de politique ?

Van Eetvelt avertit déjà : on entendra parler de cette fédération patronale après les élections de 2014 si la politique de ‘compromis’ du PS se poursuit. Un choc comme en Espagne peut-être, comme cela est déjà discuté dans ses rangs ? Plus de 400.000 familles espagnoles ont déjà été mises à la porte de chez elles depuis le début de la crise. Finalement, ces mesures ont été freinées face au développement du nombre de suicides ! Le taux de chômage est de 26% en Espagne, et même de 56% parmi les jeunes ! Le revenu disponible a diminué de 10% en moyenne depuis el début de la crise. Voilà le genre de rêve qui circule parmi les membres de l’Unizo.

Le modèle de consultation bureaucratique où l’on donne des miettes pour faire avaler les attaques antisociales n’est plus tenable en période de crise. Une couche croissante de capitalistes se radicalise et devient partisane d’une politique de choc économique. Ces gens-là vivent quasiment littéralement sur une autre planète. Leur arrogance ne peut que susciter la colère. Organisons cette colère en une force capable d’en finir avec ce système pourri, une force capable de construire une alternative socialiste et démocratique, au lieu de la misère capitaliste qui ne conduit qu’à la régression sociale.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai