Anvers : Ne laissons pas d’espace aux néonazis le 1er Mai !

Un petit groupe de néonazis veut utiliser la journée internationale du travail – une journée de lutte et de solidarité pour le socialisme – pour mettre en avant son racisme et sa haine contre le mouvement des travailleurs. Il nous faut une réponse adaptée : ne leur laissons pas un millimètre d’espace !

Par Geert Cool, porte parole de la campagne antifasciste flamande Blokbuster

Le petit groupe de néonazis de la NSA (Nieuw-Solidaristisch Alternatief) a vu une excellente occasion pour lancer une provocation médiatisée à Borgerhout, l’un des districts d’Anvers. Avec Bart De Wever comme bourgmestre de la ville et une coalition locale à Borgerhout sans la N-VA mais avec le PTB, la N-SA pensait avoir plus de possibilités de recevoir le feu vert pour manifester à Borgerhout, alors que ses demandes des années précédentes pour manifester le 1er mai ont été refusées tant à Malines qu’à Gand. L’organisation d’une fête de quartier le 1er mai sur la place centrale de Borgerhout, la place Moorkens, va probablement mener à la révocation de l’autorisation.

L’annonce de l’action néonazie a reçu pour réponse une déclaration de la FGTB et un appel du SETCa à venir manifester à Anvers le 1er mai. Un appel facebook pour une fête de quartier sur la place Moorkens a rapidement réuni 1.500 participants. Cela démontre le potentiel de résistance face aux néonazis. Tout au long des actions antifascistes de ces dernières années, nous avons toujours défendu la nécessité d’actions politiques avec des campagnes vers l’extérieur des milieux antifascistes traditionnels avec un contenu de réponses sociales contre les éléments de division comme le racisme, le sexisme ou l’homophobie.

Il est vrai que la N-SA et son petit ‘Führer’ Eddy Hermy sont visiblement contents de l’attention qu’ils reçoivent actuellement. Mais ne faire qu’ignorer les actions des néonazis signifie qu’ils ont le champ libre pour tenter de se construire. Pourquoi devrions-nous leur faciliter la tâche ? Ne rien faire comporte le risque d’avoir plus difficile de mener la bataille lorsque le danger sera plus grand. Nous sommes donc en désaccord avec le PTB qui a immédiatement annoncé qu’il n’allait pas répondre aux provocations et ne pas organiser de contre-manifestation. Le PTB aurait mieux fait de lancer l’appel pour mobiliser sa base électorale autour de revendications sociales tant pour combattre la politique antisociale de De Wever & Co que pour limiter l’espace des néonazis dans les rues.

Le fait qu’une campagne antifasciste active puisse engranger des résultats est chaque année à nouveau démontré avec la manifestation contre l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, le NSV. Cette année encore (le 7 mars dernier à Louvain), nous avons mobilisé quatre fois plus de manifestants antifascistes que les militants d’extrême-droite. La campagne parmi les étudiants a permis à la mobilisation de se faire connaitre et il était même très difficile au bout d’un moment pour l’extrême-droite de mener une réelle campagne. Très souvent, l’attitude des étudiants était de directement jeter leur tract nauséabond à la poubelle. Leur campagne s’est finalement limitée à une poignée d’affichages nocturnes. La campagne antifasciste Blokbuster se prépare déjà à organiser une nouvelle manifestation anti-NSV, à Anvers cette fois, en mars 2014.

L’action de la N-SA sera plus limitée que la manif du NSV et les néonazis ne vont sans doute pas oser mener une campagne active à Borgerhout. Ils vont probablement être présents avec un petit groupe venu de l’extérieur. D’un autre côté, il y a un grand potentiel pour la mobilisation et la résistance de la population locale et le mouvement ouvrier en général. L’indignation et le soutien pour la fête de quartier sont déjà une indication de ce potentiel. Cela signifie qu’un rapport de forces très favorable aux antifascistes est possible ; un blocage complet est même une option. Mais un rapport de force ne tombe pas du ciel, il faut le construire avec une campagne destinée à transformer le soutien passif en mobilisation active.

Nous pensons qu’une mobilisation antifasciste nécessite une approche politique. Sans une telle approche, le danger existe de voir fleurir des actions symboliques, tellement symbolique que seul l’élément moralisateur restera présent. Voire même pas. Et qu’arriverait-il si les néonazis eux-mêmes rejoignaient la fête apolitique ?

Une approche politique signifie d’expliquer d’où vient le danger de l’extrême- droite et comment nous y répondre. Des néonazis peuvent trouver un certain soutien sur base d’une aversion généralisée et de l’aliénation de la société, ce qui est renforcé en temps de crises, avec l’exclusion sociale pour une couche croissante de la population. Nous pouvons riposter en luttant pour un meilleur avenir : des emplois, des logements, des services publics,… au lieu de la haine du racisme, du sexisme, de l’homophobie,…

L’implication du mouvement des travailleurs dans la lutte contre l’extrêmedroite est d’une importance capitale. La force potentielle de ce mouvement est très grande ; les syndicats organisent trois millions de membres dans ce pays ! Ce n’est pas aux communales mais aux élections sociales qu’il y a le plus grand nombre de candidats lors d’une élection en Belgique. Aucune autre force n’est capable de mobiliser à ce point.

Si cette force potentielle est utilisée, il devient impossible pour les néonazis de faire une action à Anvers, qu’importe l’endroit. Cela ne veut pas dire que nous voulons que la marche traditionnelle du 1er mai à Anvers soit annulée ou remplacée par un autre type de manif. Bien sûr, nous espérons que la marche du 1er mai à Anvers va donner un message antifasciste clair. Mais la présence de beaucoup de syndicalistes et de militants politiques dans la ville peut être utilisée pour mener également une action antifasciste.

Le danger que De Wever soit le vainqueur en cas d’affrontements et d’émeutes est réel. Comment l’éviter ? Si nous ne faisons rien et que les néonazis peuvent faire ce qu’ils veulent à Borgerhout, la possibilité de problèmes est très grande. C’est en organisant la colère contre le racisme et l’extrême droite que nous pouvons éviter les émeutes. En Allemagne, différentes villes ont été bloquées par des manifestations massives qui n’ont laissé aucune marge aux néonazis. Une action directe implique une participation de masse.

La fête de quartier prévue peut jouer un tel rôle. L’occupation du centre de Borgerhout assurera qu’il sera impossible au néonazis de s’y rendre. Si cette fête n’est pas apolitique – et les partis établis vont tout faire pour que cela soit le cas – mais défend un message antifasciste combatif, il sera alors possible de mobiliser plus largement dans le quartier et de transformer le mécontentement passif contre le racisme en une implication active dans la résistance contre ce racisme et ses causes.

Le 7 mars, un petit millier d’antifascistes ont manifesté à Louvain contre la marche de la haine des étudiants du Vlaams Belang. Avec une manifestation non-violente et une campagne au contenu politiquement développé, il est possible de réellement lutter contre l’extrême-droite. La situation en Grèce clarifie l’importance d’une lutte antifasciste combative et militante.

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