Le vendredi 9 décembre, plus de 100.000 personnes ont occupé les rues contre les licenciements et l’exploitation de travailleurs immigrés dans les Ferries irlandais (Irish Ferries). Il n’y a plus eu de manifestation semblable en Irlande depuis 25 ans. Ces actions sont également une expression de la colère générale qui vit depuis un certain temps en Irlande, en réaction aux attaques contre les droits et les acquis des travailleurs.
Luk Janssens
La protestation ne s’est pas limité à une manifestation. Toute la flotte a été immobilisée par des actions de solidarité et du personnel de bord. Les détonateurs de ces actions ont été l’annonce du remplacement du personnel et le plan visant à placer désormais la flotte sous drapeau chypriote (et instaurer des salaires chypriotes). Les membres du personnel syndiqués seraient ainsi remplacés par du personnel non-syndiqué et surout par des immigrés payés à 3,60 euros de l’heure.
Malgré l’énorme soutien de la population, la direction syndicale a accepté le 14 décembre de signer un accord exécrable avec les Ferries irlandais, en déclarant que celui-ci était dans «les limites de la bienséance». L’accord laisse pourtant aux Ferries irlandais la possibilité de soustraiter le personnel.
Toujours selon l’accord, les travailleurs actuellement en fonction continueront à travailler sous les même conditions. Mais les nouveaux employés recevront seulement le salaire minimum (7.65 euros par heure) et les plus mauvaises conditions de travail. Irish Ferries naviguera bien sous pavillon chypriote, et les syndicats ont promis trois ans de paix sociale.
Malgré tout, il apparait clairement que les actions de grève et les manifestations ont conduit à ce que Irish Ferries ne puisse mener complètement à bien son programme. La proposition de payer les immigrés lituaniens 3,60 euros par heure n’est ainsi pas passée.
Un meilleur accord était pourtant possible. A la place de renforcer leur position sur base des 100.000 manifestants; la direction syndicale n’a pas organisé de grève générale de 24 heures, mais a conclu un accord avec le patronat pour sauver le ‘partenariat social’. Cela démontre une fois de plus l’utilité et la nécessité d’organiser une opposition de gauche à l’intérieur des syndicats.