La mi-janvier a vu La Poste belge finaliser son accord de partenariat avec le consortium constitué de la poste danoise et du groupe financier britannique CVC Capital Partners. Le consortium est désormais propriétaire de la moitié des actions moins une de La Poste. En 2003, il avait déjà souscrit une augmentation de capital de 300 millions d’euros auxquels l’Etat belge a ajouté 40 millions.
Un correspondant
D’après La Libre Belgique, «La Poste se retrouve assainie financièrement avec un capital de 784 millions d’euros». (LLB du 18/01/2006). Pourtant, le même journal révélait en novembre que cette augmentation de capital n’en était pas vraiment une (LLB des 10 et 11/11/2005). En effet, l’Etat belge y a vu l’occasion de se débarrasser de sa dette cumulée de 330 millions d’euros envers La Poste.
L’Etat a négocié avec La Poste la transformation de cette dette en réduction du capital de telle sorte que le capital social de La Poste au 31 décembre 2004 restait pratiquement inchangé après la recapitalisation! Ce tour de passé-passe a permis au gouvernement de présenter un budget en équilibre et au consortium d’acquérir la moitié des parts moins une de La Poste pour 300 millions au lieu de 600 millions.
Le même article révèle que l’accord de partenariat prévoit que la moitié du bénéfice net de La Poste sera distribué aux actionnaires en 2006 et en 2007.
Cerise sur le gâteau: les actionnaires sont assurés de recevoir un dividende de 10 millions d’euros en 2008 quitte à les prélever sur le capital si les bénéfices sont insuffisants… Bref: ils reçoivent le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. De plus, on sait que CVC Capital Partners ne restera que 5 ans. Le temps de ramasser le pognon et de se tirer? D’ici là, l’emploi et les conditions de travail devront suivre une courbe inverse à celle des dividendes des actionnaires.
D’après Johnny Thijs, le patron de La Poste, l’entreprise est passée de 37.905 équivalents temps plein à 35.640 entre 2004 et 2005. Quelque 2500 personnes quitteront encore La Poste cette année. La Poste prévoit d’en engager entre 1000 et 1500 dans le même temps. Non seulement ça ne compense pas les pertes, mais les nouveaux engagés le seront sous des contrats précaires alors que la majorité des emplois perdus sont des emplois fixes. Les effectifs de La Poste devront passer sous les 30.000 en 2008.
Le projet de contrat de gestion entre La Poste, le gouvernement et le consortium prévoit le maintien de 1300 «magasins postaux» dont seulement 589 (soit un par commune) devront être tenus par des postiers. Les autres magasins postaux pourront n’être que des “points poste” (librairies, grands magasins, gares,…) aux mains du privé ou d’autres entreprises (provisoirement) publiques.
La mise en oeuvre de Géoroute 2 n’a pas d’autres objectifs que la compression de l’emploi. Géoroute 1 avait déjà permis de supprimer bon nombre d’emplois de facteurs en taillant dans les services de nuit et en réduisant le nombre de tournées qui sont devenues plus longues dans la majorité des cas. Géoroute 2 renforce encore l’automatisation du tri et se traduira par la perte de centaines d’emplois supplémentaires. Le service à la population s’améliore-t-il pour autant? Que du contraire! Dans de nombreux endroits, le facteur ne passe plus qu’une seule fois et souvent plus tard qu’avant.
La lutte contre ces mesures se fait malheureusement en ordre dispersé. Les syndicats se contentent le plus souvent de «couvrir» les actions au coup par coup au lieu d’organiser un mouvement d’ensemble contre ces mesures antisociales et pour la sauvegarde de La Poste en tant que service public.