Nouveau massacre social chez Caterpillar : Ripostons ensemble, stoppons l’avalanche de pertes d’emplois !

caterpillar

La direction de Caterpillar, le deuxième employeur privé de Wallonie, a annoncé la suppression de pas moins de 1.400 emplois. Cette nouvelle s’ajoute aux multiples annonces de fermeture et de licenciements collectifs qui ont fait l’actualité de ces derniers mois. Caterpillar, ArcelorMittal, Ford, NMLK, Photo Hall, Belfius,… et les autres : seuls, nous sommes perdus, ensemble, nous pouvons vaincre. Le potentiel est là, et il a été illustré par la présence massive à la manifestation nationale du 21 février dernier.

Par Nicolas Croes

A Caterpillar, l’avenir du site est loin d’être assuré. Les licenciements représentent 37,8% du personnel actuel, comment assurer la poursuite de l’activité dans ces conditions ? ‘‘Nous sommes dubitatifs sur ce plan industriel. Comment assurer la pérennité de Caterpillar à Gosselies avec une telle restructuration?’’ a déclaré le ministre wallon de l’Economie Marcourt. Et sur base de ce constat, on fait quoi ? Tous les représentants des partis traditionnels peuvent bien se dire solidaires aujourd’hui, et dire qu’ils feront tout pour aider les travailleurs, rien de concret n’est attendu…

Un offensive généralisée contre nos salaires

Dans la presse, il est très fortement question des ‘‘coûts salariaux’’. L’éditorialiste en chef du Soir, Béatrice Delvaux, titre ainsi son article ‘‘Et si on essayait le choc de compétitivité ?’’. Le premier point qu’elle développe est une attaque contre le salaire brut des travailleurs. D’autres articles du même journal font la part belle au modèle allemand de modération salariale. Dans ce pays, 7,5 millions de travailleurs (le quart d’entre eux) gagnent des salaires qui se situent sous le seuil de pauvreté. 4 millions de travailleurs reçoivent moins de 7 euros de l’heure et 1,4 million moins de 5 euros de l’heure. Jusqu’où faudra-t-il donc laisser s’effondrer nos conditions de travail et de vie pour satisfaire les vautours des marchés et des multinationales ? Un économiste d’ING cite même l’Espagne et l’impact monstrueux de la politique d’austérité sur les salaires en exemple…

Caterpillar est très loin d’être une entreprise en difficulté. En 2012, elle a réalisé un profit record net de 4,2 milliards d’euros. Et les autorités publiques ont été plus que généreuses, notamment avec le mécanisme de la Déduction des Intérêts Notionnels et autres cadeaux fiscaux : Caterpillar n’a payé en 2011 qu’un impôt de 3,3 % au lieu du taux normal de 33,99 % (soit 221.191 euros d’impôts pour un bénéfice de 6,8 millions). D’autre part, en 2011, l’entreprise a bénéficié d’une prime à l’investissement de 21 millions d’euros accordée par la Région wallonne. La multinationale a également pu profiter des conditions du plan Activa – WinWin pour engager des travailleurs. Le public, la collectivité, a donc pris en charge une bonne partie des salaires ! Le site L’avenir.net reprend ainsi les propos tenus il y a quelques mois par le président de la délégation FGTB de Caterpillar, Yvan Del Percio : ‘‘On parle d’une aide donnée par l’État pouvant aller jusqu’à 1 100 euros nets par mois. C’est-à-dire presque 90 % du salaire net mensuel perçu par le travailleur.’’

Dans ces conditions, parler du problème des ‘‘coûts salariaux’’, ce n’est tout simplement rien d’autre qu’une manœuvre cynique où l’on tente d’instrumentaliser un drame social pour attaquer l’ensemble des salaires et des travailleurs du pays, au moment précis où l’on diminue déjà sérieusement le montant des allocations de chômage pour plus d’un tiers des travailleurs sans-emploi.

Pour une lutte unifiée !

Caterpillar n’est hélas qu’un exemple de plus qui illustre la profondeur de la crise systémique du capitalisme. Il illustre l’échec de la politique des partis de l’establishment qui a été de constamment céder au chantage exercé par les grandes entreprises. Maintenant, tous font appel à un plan industriel européen. Mais que doit-on réellement attendre comme stratégie industrielle de la part de la Commission européenne, aux commandes de l’austérité drastique imposée à la Grèce ou à l’Espagne ?

A Ougrée, une assemblée générale de l’ensemble des travailleurs d’ArcelorMittal avait suivi l’annonce de la fermeture prochaine de 7 des 12 sites de la filière froide. Ce principe des assemblées générales est une excellente opportunité de discuter collectivement d’un plan d’action sérieux et offensif, en liaison avec les luttes des autres sites menacés par des fermetures et des procédures de licenciements collectifs. Aujourd’hui, une délégation de métallos liégeois s’est déjà rendue à Gosselies, c’est un très bon premier pas qui ne doit pas rester symbolique.

Nous pensons que les travailleurs devraient occuper le site de Caterpillar dans le cadre d’une lutte exigeant le maintien de chaque emploi et le retrait pur et simple du plan de licenciements. L’argent ne manque pas dans les caisses de l’entreprise pour payer un salaire plein aux travailleurs, même si leur temps de travail doit être revu à la baisse pour faire face à la diminution de la demande.

A côté de cette question, une autre doit être soulevée. Même s’il n’est pas encore question de la fermeture pure et simple du site, la revendication de la nationalisation de l’outil sous le contrôle et la gestion démocratiques des travailleurs nous semble être la meilleure manière de garantir l’emploi à long terme. Un sondage de La Libre/RTBF a encore dévoilé le 22 février dernier que 43% de la population belge est favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). De tels chiffres sont extraordinaires et illustrent le potentiel que pourrait avoir une campagne nationale massive pour la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Une occupation du site de Gosselies pourrait d’ailleurs également être un premier pas dans cette direction.

La date du 14 mars prochain, journée d’action à Bruxelles contre le Sommet Européen, est une date à saisir pour massivement mobiliser en vie d’une manifestation en défense de chaque emploi, aux côtés des collègues de Ford, d’ArcelorMittal et d’ailleurs. Rien ne devrait d’ailleurs s’opposer à ce que cette journée devienne une journée de grève générale contre l’austérité et pour l’emploi, un mot d’ordre que devraient soutenir et défendre les délégations syndicales des différents sites.

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Première page de Lutte Socialiste