Inde : Grève générale de 48 heures. Quelle voie à suivre pour les travailleurs ?

Ces 20 et 21 février, une grève générale a secoué l’Inde, avec des dizaines de millions de travailleurs en grève. Le texte ci-dessous est une déclaration de la section indienne du Comité pour une Internationale Ouvrière, New Socialist Alternative. Cette monumentale action de grève avait été appelée par les principales organisations syndicales du pays contre la politique d’austérité du gouvernement indien. Les accords très favorables aux multinationales conclus par le gouvernement menacent les conditions de vie de plus d’un milliard de personnes !

Notre classe est sans équivoque opposée aux réformes néolibérales instaurées de façon brutale de 1991 à aujourd’hui. Depuis lors, il y a eu 14 grèves générales contre ces ‘‘réformes’’ synonymes de pauvreté et de pénurie croissantes pour la vaste majorité des travailleurs de ce pays. Le régime en place, qui dépend très clairement des multinationales, ne ménage pas ses efforts pour démanteler chaque brique de l’État Providence que prévoit la Constitution indienne.

C’est un défi !

La dernière grève générale, le 28 février 2012, a vu la participation de plus de 10 millions de travailleurs à travers l’Inde, aurait dû pousser les autorités à battre en retraite. Mais au lieu de cela, sur ces 12 derniers mois, nous avons assisté à un défilé de législations et de décrets tous plus pro-capitalistes les uns que les autres. Les différentes assemblées d’État nous accablent d’une intolérable austérité économique.

Parallèlement, chaque denrée de base et chaque service – du thé jusqu’au textile, de l’enseignement au transport – ont connu une montée exponentielle de leurs prix semaines après semaines, comme ce fut le cas au cours de ces deux dernières décennies. L’inflation est devenue un véritable cancer économique qui ne connait aucun remède. Pourtant, alors que le pouvoir d’achat diminue pour la majorité de la population, le nombre de milliardaires en dollars s’accroit de plus de plus en Inde.

Le Parti du Congrès au pouvoir, dans ses efforts serviles visant à apaiser ses riches donateurs impérialistes ainsi que les institutions financières telles que le FMI et la Banque Mondiale, attaque l’existence et le niveau de vie des travailleurs et des opprimés de toutes les façons possibles et imaginables. Les accords d’investissements directs de l’étranger vont entraîner le licenciement de 40 millions de travailleurs. Ils seront plongés dans la pauvreté.

Ou est l’opposition ?

Il est grand temps que les soi-disant partis d’opposition soient appelés par leur vrai nom : ils ne sont pas différents de l’agressif et néolibéral Parti du Congrès. Il n’y a pas un seul parti traditionnel qui s’oppose aux mesures néolibérales.

Serait-il possible que le BJP et Modi, Akhilesh Yadav du Parti Samajavadi, Mayavathi et Mamata s’opposent véritablement aux grandes entreprises ? Est-ce que le parti DMK corrompu et le malhonnête AIADMK, qui ont la prétention d’être ‘‘pro-pauvres’’, se déclareront opposés aux mesures capitalistes ?

Nous avons vu comment ces partis essentiellement capitalistes se sont comportés, dans le dossier des centrales nucléaires par exemple. Ils scandaient les mêmes slogans que les riches, et leur politique n’a été rien d’autre que la destruction de la vie des pauvres.

La classe dirigeante et leurs représentants politiques dans les différents partis bourgeois et petits-bourgeois parlent encore sans vergogne le langage de la croissance, du PIB et du développement alors que 836 millions d’Indiens continuent de gagner la somme dérisoire de 20 roupies par jour ! Le pouvoir en place camoufle les faits de l’autre Inde, celle dont on ne veut pas parler, celle qui est noyée dans la malnutrition, la misère, la maladie et la pauvreté.

Le fait est que la croissance économique de la dernière décennie a profité aux multinationales, aux entreprises indiennes et aux couches les plus hautes de la société indienne. Elle n’a pas profité à la classe ouvrière indienne, d’aucune manière que ce soit. La libéralisation de l’économie au cours de ces deux dernières décennies n’a amélioré aucun indicateur social, pas même le secteur agricole marqué par une faible croissance et une extension du nombre de suicides de paysans (250.000 au cours des 15 dernières années). L’Inde comprend plus de pauvres que l’Afrique subsaharienne. Toute cette histoire de la croissance de l’Inde s’est basée sur l’exploitation de la population et des pauvres.

Le communautarisme croissant, les atrocités de caste commis sur les Daliths et les minorités religieuses, la perpétuation d’actes honteux de violence envers les femmes à travers le pays,… tout cela ne sont que les symptômes de l’échec total du capitalisme en Inde. La classe capitaliste liée aux vestiges du féodalisme est incapable de résoudre les problèmes fondamentaux de ce vaste pays.

Cette grève générale de 48 heures arrive au moment où le capitalisme mondial connait sa pire phase dans l’histoire récente. Les soi-disant ‘‘success story’’ du capitalisme tombent en poussière. D’Amérique en Europe, en passant par le Moyen-Orient et l’Asie, l’autorité des classes dirigeantes est de plus en plus défiée par les travailleurs.

Les évènements tumultueux en Tunisie, en Grèce et en Afrique du Sud témoignent de la force collective des travailleurs et forgent une voie à suivre pour la création d’alternatives formidables qui mettront à mal le capitalisme et le remplaceront par le socialisme démocratique.

Tout en soutenant les revendications syndicales qui comprennent ‘‘l’arrêt de la montée des prix, l’arrêt des violations des droits du travail, l’autorisation des syndicats dans les lieux de travail, les primes, les gratifications et des fonds de solidarité pour tous les travailleurs,…’’, New Socialist Alternative (section du CIO en Inde) appelle les travailleurs à participer à cette grève de 48 heures :

  • contre le système capitaliste et sa faillite totale
  • contre les salaires de misère alloués à la vaste majorité des travailleurs
  • contre le chômage et la privatisation qui détruisent les emplois et les services
  • pour la renationalisation de toutes les entreprises privatisées et de tout les services publics.
  • pour un système qui permet d’assurer à chacun des soins de santé, un bon enseignement et des logements
  • pour la fin des atrocités commises contre les Daliths et les Adivasis et contre la montée du communautarisme
  • contre la violence sexuelle
  • contre le pillage des richesses par les multinationales
  • contre les centrales nucléaires de Kudankulam, Jaithapur et d’autres lieux.

La classe ouvrière indienne, au côté d’autres couches opprimées, est la seule force progressiste qui peut s’opposer au capitalisme et ainsi mettre fin à ce système oppresseur.

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