Pour les riches et les grandes entreprises, la Belgique est un paradis. Ils paient à peine des impôts. Ils disposent de travailleurs super-productifs. Mais un gros porc ne sait pas maîtriser sa faim. C’est l’idée qui se développe chez de nombreux travailleurs et leurs familles lorsque les médias passent la parole pour la énième fois à ces mêmes patrons et politiciens établis. Pour beaucoup, l’idée est depuis devenue rage. Le défi d’aujourd’hui c’est de rassembler cette rage en une force.
En plus des régimes fiscaux préférentiels tels que les intérêts notionnels, les entreprises reçoivent annuellement 10 milliards € de réductions d’impôts. Ce à quoi ils veulent encore ajouter 400 millions €. Ce n’est pas que les patrons aient à se plaindre, les travailleurs belges sont à la quatrième place au niveau mondial concernant leur productivité. Chaque heure, nous produisons une valeur moyenne de 45 € pour un salaire horaire brut moyen de 19 €. Nous travaillons en moyenne 70 heures de plus par an que nos collègues français, 150 heures de plus que les Allemands et 160 heures de plus que les Néerlandais.
Mais le gouvernement et les patrons en veulent plus. Pour eux, le dialogue social est synonyme de dégradation sociale. Refuser cela, c’est être conservateur. Et s’ils n’obtiennent ce qu’ils veulent, leur rhétorique emprunte le sentier de la guerre. Selon Van Eetvelt, de la fédération patronale flamande Unizo, ils veulent même mettre en scène une crise comme en Espagne afin de nous faire avaler leurs programmes. Leur argument ultime ? Qu’ils vont fermer leurs portes et faire leurs valises. Et si l’on cède au chantage, ils reviennent à la charge. Nous devons les stopper, en étant massivement dans la rue et en donnant à la manifestation un caractère combatif.
»Laissons faire les syndicats »pensent les patrons, »le gouvernement est plein de laquais qui lorgnent sur des postes bien lucratifs dans les conseils d’administration de nos entreprises, ils feront pression pour un accord, même sans syndicats. » Comme au sommet de nos syndicats, à notre insu, certains se laissent tenter par des profits rapides, le patronat a même des moyens de pression dans nos propres rangs.
Laisser échapper de la vapeur, puis tous à la maison ? Une promenade à Bruxelles et une demande amicale au ministre fera peu impression. Il nous faut un plan d’action avec des mobilisations provinciales et sectorielles successives et avec des grèves qui aboutissent à une grève générale et, si nécessaire, à plusieurs grèves générales. Ça, ça aurait de l’effet.
- Pas d’annualisation du temps de travail, pas d’heures supplémentaires !
- Bas les pattes de nos (pré)pensions !
- Pleine liaison des allocations au bien-être, y compris pour les chômeurs !
- Libre négociation salariale, pas de gel des salaires, augmentation du salaire brut !
- Restauration complète de l’index !
- Harmonisation par le haut du statut des ouvriers et employés !
Exproprier et nationaliser
Aucun patron n’a construit ses entreprises à lui seul. Ce sont les travailleurs qui l’ont fait, génération après génération. En fait, ces entreprises sont les nôtres. La seule riposte adéquate au chantage des fermeture est l’expropriation et la nationalisation. Pour quelle autre raison serait-ce sinon interdit par l’Europe antisociale ? Mais quand le »système bancaire » entre en difficultés, ils s’en foutent de leurs règles et nationalisent. Pourquoi ne pas faire de même pour sauver nos emplois et nos communautés ? Mais alors, pas avec un un manager public qui dirige l’entreprise nationalisée comme une société privée. Nous voulons un contrôle et une gestion démocratiques, par la communauté et les travailleurs.
Nous ne devons pas compter sur les politiciens ou les juges. Et partir les mains vides pour être passés à tabac par des policiers armés jusqu’aux dents ne suffira pas. Pourquoi ne pas transformer l’énorme sympathie de la population pour les travailleurs touchés par les faillites et les licenciements en journées d’action provinciales ? Pourquoi ne pas occuper les entreprises concernées et les transformer en centres à partir desquels organiser la solidarité ? Pourquoi ne pas coller des affiches à toutes les fenêtres et dans tous les magasins, mobiliser la population, organiser des grèves locales et appeler les collègues à la rescousse lorsque l’on envoie la police sur la communauté ? Pourquoi pas utiliser nos autobus, nos grues, nos bulldozers, nos camions, la signalisation ferroviaire et – dans le cas des pompiers – les canons à eau pour ce à quoi ils sont destinés : protéger la collectivité ? Pourquoi ne pas réunir les nombreuses communautés touchées en une lutte commune de tous les travailleurs ? Pourquoi ne pas soutenir les délégations syndicales par la mise en place de comité d’action et de comités de solidarité afin que chacun puisse contribuer à faire avancer la lutte?
- 32 heures de travail sans pertes de salaire et avec embauches compensatoires !
- Pour une planification sociale et écologique de l’économie !
- Pour une planification socialiste démocratique à la place du chaos et de la brutalité capitalistes !
Une réponse politique
Pourquoi nos syndicats roulent-ils souvent avec le frein à main ? Ils n’ont pas d’alternative. Les partenaires politiques d’antan sont maintenant devenus les partis d’austérité du patronat. Le mouvement syndical a besoin d’un nouveau parti politique, où tous les courants (dont le PSL) qui s’opposent à la casse sociale se rassembleraient pour agir collectivement et débattre démocratiquement. Si vous souhaitez discuter avec nous à ce sujet, participez à notre week-end de discussion Socialisme 2013, les 13 & 14 avril.