Bogaert à l’offensive contre les fonctionnaires fédéraux

Manifestation des fonctionnaires le 7 février

Le Secrétaire d’état à la Fonction Publique, Hendrik Bogaert se voit un peu comme un ‘‘supermanager’’ qui veut mettre de l’ordre chez les fonctionnaires une fois pour toutes. Dans les faits, il s’en prend à leur statut et veut réduire leurs effectifs. Au cours de la première moitié de 2012 uniquement, l’équivalent de 1.463 temps plein ont été rayés de la carte. Beaucoup d’administrations (notamment les finances et la lutte contre la fraude fiscale) souffrent d’un manque criant de personnel. Mais Bogaert veut continuer à assainir. Nous relatons ci-dessous la conversation que nous avons eue avec un fonctionnaire fédéral.

‘‘Bogaert veut abolir la prime pour le développement des compétences après 2013. Après la réussite d’un stage de formation certifiée, on avait droit à cette prime pendant six ou huit ans, et après on entrait dans un barème plus élevé. Il ne s’agit pas d’un montant énorme, mais pour un fonctionnaire niveau C, cette prime s’élevait quand même annuellement à 1.156€ net en 2012.’’

‘‘Mais, pas de souci, selon Bogaert, cette mesure n’a pas d’impact budgétaire : les moyens seront intégralement investis dans le développement de la nouvelle carrière qu’il veut élaborer. Selon cette politique, tout le monde doit être promu plus vite, et gagnera alors un salaire plus élevé, avec l’effet pervers que les collègues deviennent de suite des concurrents, surtout avec la diminution du nombre d’effectifs.’’

‘‘Aujourd’hui, le salaire de départ d’un fonctionnaire n’est pas très élevé (entre 1.300 et 1.350€ nets par mois), cela augmente ensuite avec l’ancienneté. Bogaert veut modifier le principe en améliorant le salaire selon la promotion. Ce ne sera pas possible pour tout le monde. La majorité des travailleurs restera au palier le plus bas, sans possibilité de promotion et sans prime supplémentaire.’’

‘‘Au lieu de collaborer et de s’aider mutuellement, chacun devra s’efforcer de faire mieux que l’autre pour recevoir une bonne évaluation qui donne droit à une prime où à une promotion. Dans certaines administrations, cela peut littéralement faire la différence entre la vie et la mort, comme dans les services de secours ou à la Sécurité Civile.’’

‘‘Les possibilités de développement de carrière et le crédit-temps seront aussi diminués. Beaucoup s’orientent vers une carrière de fonctionnaire parce que cela permet de mieux combiner travail et famille. Mais nous nous dirigeons vers une organisation du travail similaire à celle du privé. Tant pis pour ceux qui ont des difficultés auxquelles faire face. Bientôt règnera la loi du plus fort dans l’administration publique également, avec des travailleurs montés les uns contre les autres.’’

‘‘Cela ne fera qu’augmenter le stress au travail. A côté de notre travail – le service à la population – nous serons obnubilés de manière permanente par les évaluations. Dans les secteurs où le stress est déjà bien présent, comme chez les gardiens de prisons, cela pourrait être la goutte de trop alors que beaucoup de ces services sont déjà en sous-effectif. Que va faire Bogaert pour remédier à cela ? Couper davantage dans les services, et encore plus privatiser ? Pour les utilisateurs, ça voudra dire payer plus pour moins de services et, pour le personnel, des conditions de travail inférieures.’’

‘‘Ces proposition sont décrites comme une ‘‘modernisation’’ de la fonction publique. Le but est de baisser le statut des fonctionnaires. C’est une politique d’assainissement.’’

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