ArcelorMittal : C’en est assez ! Nationalisation sous le contrôle des travailleurs !

N’accordons aucune confiance aux politiciens du capital : pour une occupation des sites, première étape vers une nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs !

Ce jeudi 24 janvier 2013, un conseil d’entreprise extraordinaire a été convoqué par le groupe ArcelorMittal et un nouveau plan de licenciements a été dévoilé, concernant une bonne partie de la phase à froid. La fermeture de sept des douze lignes de la phase à froid du bassin liégeois a été annoncée, soit une perte de 1300 emplois qui font suite aux 795 annoncés en conséquence de l’arrêt de la phase à chaud. Le ministre wallon de l’Économie, Jean-Claude Marcourt, s’est dit tout à fait inquiet et Di Rupo, qui était à Davos au Forum Economique Mondial, tout comme Lakshmi Mittal, s’est montré indigné. Alors messieurs ? 5 minutes de courage politique pour nationaliser les sites et ainsi éviter un nouveau bain de sang social et un nouveau désert économique ?

Par Stéphanie (Liège)

En septembre 2011, le géant n°1 mondial de l’acier avait annoncé l’arrêt deux hauts fourneaux de la phase à chaud à Liège tout en promettant de réinvestir dans le froid et en menaçant de stopper la totalité de l’activité de la multinationale à Liège si l’accord social élaboré pour la fermeture définitive du chaud n’était pas accepté par les travailleurs. Le gouvernement wallon avait décidé, à l’époque, de soutenir l’amélioration de la phase à froid.

Journée de discussion et de débat "Pour un syndicalisme de combat!"

Le 16 février prochain se tiendra à Liège une journée de projection de reportages militants, de débats, de témoignages,… autour de la nécessité de renouer avec le syndicalisme de lutte, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel. Le programme complet de cette journée est disponible ici.

Résultat de cet appel au calme et de ces ronds-de-jambe politiques face à la multinationale ? Que dalle. Les travailleurs craignent à juste titre d’être tous purement et simplement balancés à la poubelle. Une grande tension règne – et c’est compréhensible – entre les syndicalistes et les politiciens de l’austérité. Quelle fut l’attitude des mandataires prétendument ‘‘socialistes’’ pour trouver des solutions face à la monumentale catastrophe annoncée par la direction d’ArcelorMittal ?

Fin 2011, Jean-Claude Marcourt avait déjà déclarée impossible la revendication de la nationalisation de l’activité, défendue parmi les rangs syndicaux. Pour lui, la Région wallonne n’avait pas ce rôle (manque ‘‘de moyens’’… mais surtout de volonté politique !) et l’Union européenne refuse les nationalisations. Sauf dans le cas des banques bien entendu… En Belgique, comme le faisaient remarquer les syndicats, l’État avait bien été capable de trouver 4 milliards d’euros pour sauver Dexia en quelques instants. Le front commun syndical d’ArcelorMittal avait présenté une demande de nationalisation de la sidérurgie liégeoise à Di Rupo (encore formateur à l’époque) en expliquant que l’Etat aurait à investir 1 milliard d’euros pour remettre les outils en état. Quatre fois moins que Dexia, donc. Les priorités des politiciens établis avaient une fois de plus clairement été illustrées.

Comme pour caricaturer ce fait, Elio Di Rupo se trouvait au Forum Economique Mondiale de Davos au moment de l’annonce des fermetures dans le froid, un sommet que le même Elio avait qualifié en 2002 dans les pages de La Libre (il s’était alors rendu au Forum Social Mondial de Porto Allegre) de réunion qui ‘‘consiste à sauvegarder une richesse détenue par une infime minorité de la population mondiale.’’ Ironie de l’histoire, à Davos, notre premier ministre ‘‘socialiste’’ a vanté les mérites du mécanisme ultralibéral de la déduction des intérêts notionnels qui, selon lui, ‘‘créent des emplois’’. ArcelorMittal en a bien profité… En 2010 uniquement, la filière financière d’ArcelorMittal avait réalisé un bénéfice de 1,39 milliard d’euros et a été taxée de… 0 euro ! Combien d’emplois ont-ils été sauvés ? Les méthodes libérales de ‘‘sauvegarde de l’emploi’’ ne valent rien pour les travailleurs. Mais pour les patrons et les actionnaires, quelle aubaine !

Organisons la contre-attaque !

La direction d’ArcelorMittal demande aujourd’hui aux syndicats d’entrer ‘‘dans un dialogue constructif’’ pour garantir l’avenir des outils restants. C’était déjà la menace qui avait été proférée à l’époque de l’annonce de la fermeture du chaud ! Et on voit où ce chantage a conduit… La faiblesse appelle l’agression ! Comme le proclamait une banderole du SETCa lors de la première manifestation de solidarité avec les travailleurs de la sidérurgie liégeoise à Seraing : ‘‘Aux esclaves prêts à tout accepter, les tyrans n’épargnent rien !’’

Hier matin, le front commun syndical a promis d’interpeller les responsables politiques et a lancé un appel à la grève sur tous les sites du groupe sidérurgique, ce qu’ils avaient annoncé faire en cas d’annonce de fermetures supplémentaires. Plusieurs assemblées générales se tiendront dès lundi prochain sur les différents sites. Un plan d’action offensif doit être établi. Les manifestations du 26 octobre 2011 à Seraing (environ 10.000 personnes) et du 7 décembre 2011 à Liège (environ 40.000 personnes) ont été de véritables succès, qu’il est encore tout à fait possible de rééditer malgré le fait que tant de temps s’est passé depuis lors. De grandes manifestations capables de réunir les travailleurs et tous leurs partisans sont nécessaires, c’est un fait, mais il faut aller plus loin.

Le front commun syndical a bien raison de revendiquer la nationalisation de l’outil. Il ne s’agit pas ici seulement d’une grande entreprise qui entraînera des sous-traitants dans sa chute, d’autres grosses unités de production s’effondreront, et une multitude de petites entreprises suivront, sans encore parler de la perte de moyens dans les caisses des communes de Seraing ou de Liège. La région entière sera touchée, et l’impact ne s’arrêtera pas aux frontières de la Province. Avec le Limbourg voisin frappé par l’annonce de la fermeture de l’usine Ford de Genk, quel sera la taille du désert économique et social que l’inaction engendrera ?

Nous saurons bien comment utiliser l’acier ! Nous avons besoin de plus de crèches, d’hôpitaux, d’écoles (avec autre chose que du préfabriqué…), etc. Pour tout cela, il faut de l’acier. Et rien ne nous empêche de vendre un acier de très bonne qualité bon marché, en récupérant toute la masse de liquidité qui part dans les poches des actionnaires, il y aura encore de quoi donner un bon salaire à chaque travailleur, de quoi diminuer les cadences et de quoi donner un bon emploi aux jeunes.

Occupation des sites !

Les travailleurs d’ArcelorMittal ont été trahis par les politiciens capitalistes, à l’instar de leurs collègues cheminots. Ne leur accordons plus aucune confiance, pour obtenir du concret, il faut leur tordre le bras ! A côté de grandes manifestations de solidarité et des actions de grèves, passons à l’occupation des sites ! Ces outils, la collectivité les a déjà assez payé avec les réductions d’impôts et autre, exproprions Mittal et donnons-nous les moyens d’assurer l’avenir de notre région !

L’occupation des sites serait la meilleure manière d’offrir des espaces de discussion, en assemblées générales souveraines, pour l’organisation du combat, l’élection démocratique d’un comité de lutte, l’organisation d’une solidarité active dans les autres entreprises et dans les quartiers,… Ce serait encore un excellent premier pas pour assurer que les travailleurs restent ensuite au contrôle de leur entreprise, expropriée et nationalisée. Personne ne veut d’une sidérurgie qui fait subir aux métallos ce que la direction de la SNCB fait subir aux cheminots.

Les métallos connaissent leurs entreprises et sont des ouvriers qualifiés. Qui d’autre qu’eux seraient donc plus à même de les gérer ? En collectivisant l’outil et occupant les entreprises du bassin liégeois, les travailleurs reprendront leur avenir en main et la lutte sera déplacée au sein même de l’économie et des moyens de production. D’une manière plus large, une telle méthode aurait sans doute une répercussion conséquente sur les luttes de tous les pays et dans le cadre des discussions sur la manière de renverser le capitalisme. La collectivité ne peut être laissée aux mains des multinationales qui n’ont que le profit pour motivation.

Ce n’est pas à nous de payer pour la crise !

Le PSL soutient toutes les démarches combattives des syndicats ainsi que les métallos. Si du temps a été perdu pour construire un rapport de force conséquent, les métallos ont la capacité de mener la lutte, de trouver un bon plan d’action et d’entraîner la société avec eux. Les travailleurs d’ArcelorMittal ne sont pas les seuls dans la galère. Il y a Ford-Genk, les sous-traitants, et combien d’autres entreprises qui ferment, tombent en faillite ou licencient ? Des record ont été atteint l’an dernier, et 2013 ne s’annonce pas mieux. La riposte doit être unifiée ! Divisés, il est possible de nous avaler les uns après les autres. Mais pour peu qu’une riposte commune soit organisée, rien ne pourra se placer en travers du chemin du mouvement organisé des travailleurs.

Il nous faut un plan d’action contre l’austérité et pour l’emploi et qui soit notamment orienté vers la nationalisation, sans rachat ni indemnité et sous le contrôle des travailleurs, des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs. Ce sont les travailleurs qui créent les richesses, pas les patrons !

Ce combat sera également le cadre d’un débat intense : celui du type de relais politique large dont nous avons besoin pour représenter les diverses tendances du mouvement ouvrier, celui aussi du type de programme de rupture anticapitaliste à défendre. Selon nous, ce programme ne saurait être orienté que vers la transformation socialiste de la société.

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Première page de Lutte Socialiste