L'austérité conduit à la résistance : Les fonctionnaires dans la rue le 7 février

Ça gronde de tous les côtés et, de fait, la politique d’austérité est bien difficile à faire passer auprès du personnel du secteur public. Chez les cheminots, un plan d’action doit être annoncé aujourd’hui contre la nouvelle réforme du rail. Le personnel des prisons partira quant à lui en grève le 7 février. Ce même jour, les fonctionnaires fédéraux manifesteront contre la politique d’austérité de Hendrik Bogaert, secrétaire d’Etat à la Fonction publique et à la Modernisation des Services publics, et du gouvernement Di Rupo tout entier.

Cette colère des fonctionnaires ne tombe pas du ciel : la fonte rapide du personnel entraîne une pénurie de travailleurs et une surcharge de travail. De plus, le secrétaire d’État prend ses décisions de manière unilatérale, sans consultation préalable, comme dans le cas du nouveau système d’heures supplémentaires et de travail de nuit. Cela a déjà donné lieu à des actions de protestation à la douane de Zaventem.

La réduction des effectifs est particulièrement flagrante. Il n’existe pas encore de donnée chiffrée concernant le second semestre de 2012 mais, durant la première moitié de cette année-là, le nombre de fonctionnaires fédéraux a diminué de 1.463 équivalents temps plein, soit une réduction du personnel de l’ordre de 2,03%. Fin juin 2012, il restait 70.492 équivalents temps plein au service des autorités fédérales. Le Service public fédéral (SPF) Finances a connu à lui seul une diminution de 770 équivalents temps plein, au grand plaisir des grands fraudeurs. Lors de la présentation de sa politique à la Chambre la semaine dernière, Henrick Bogaert a parlé d’une diminution du nombre de travailleurs de 1500 personnes pour toute l’année 2012, pour un total de 80.000 travailleurs. La traduction de ces données en équivalents temps plein n’est pas publiquement connue.

En octobre, il y a déjà eu une grande manifestation du personnel du ministère des Finances. Les manifestants protestaient contre le manque de personnel, car cela ouvre la porte à une évasion fiscale perpétuelle. Ces dernières années, le personnel de ce service est à lui seul passé de 38.000 travailleurs à 28.000. Le problème est identique dans d’autres services. Voilà d’où provient l’appel en front commun syndical des fonctionnaires fédéraux à manifester le 7 février prochain.

Ce manque de personnel résulte de la décision du gouvernement de ne pas remplacer un fonctionnaire sur trois partant en retraite. Ainsi, dans le cas des 1.463 équivalents temps plein disparus au cours de la première moitié de 2012, 1.294 cas représentent des retraités qui n’ont aps été remplacés. "Certaines institutions du pays rencontrent un seuil critique" a déclaré Marc Saenen, de la CSC-services publics. "Des centres-fermés ont dû fermer des ailes et la protection civile souffre elle aussi d’un manque de personnel." Dans sa déclaration de politique générale, Henrick Bogaert s’est bien dit prêt à investir dans le personnel, mais cela ne concerne à peu près que les managers.

Comme précisé ci-dessus, un autre élément est constitué de la méthode, fort unilatérale, illustrée par ces propos où le secrétaire d’État a précisé que les syndicats n’avaient  »pas de droit de veto". Dans sa note politique de fin décembre, il avait pourtant écrit :  »Le gouvernement continuera de soutenir un dialogue social constructif, meilleure garantie de la paix sociale (…)." La pratique est visiblement très éloignée de ces vœux. Guido Rasschaert, de la CGSP flamande, a ainsi déclaré : "Il n’y a pas de véritable consultation. Il nous explique des décisions auxquelles nous ne sommes en mesure de répondre que oui ou non."

Ce mécontentement a conduit à une campagne. Les syndicats ont distribué 70.000 cartes de pétition répartis entre les fonctionnaires fédéraux qui présentent les divers problèmes avec une conclusion claire :  »Avec le temps,la qualité du service est compromise. Nous nous y opposons." Le 7 février, cette pétition sera remise au secrétaire d’Etat à l’occasion d’une grande manifestation, éventuellement associés à des actions de grève. Les gardiens de prison ont déjà annoncé que le 7 février sera une journée de grève, en protestation à la suggestion de Henrick Bogaert selon laquelle les gardiens de prison verraient passer leur horaire hebdomadaire de 36 à 38 heures.

La résistance des fonctionnaires est une réponse limpide à toute la rhétorique concernant les économies prétendument  »indolores » réalisées par le gouvernement Di Rupo. La campagne de sensibilisation à l’aide de la pétition est un bon point de départ pour faire un succès de la manifestation du 7 février. Nous espérons que cette manifestation ne sera pas une fin en soi, mais au contraire le début d’un plan d’action discuté et décidé par la base.

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