Richesse et pauvreté en hausse. Une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants

Les coulisses de ce monde résonnent de bruits de fête. Les esprits chagrins se trompent, qui pensent que ce monde n’est qu’une vallée de larmes. Une très petite minorité vit dans un luxe inouï, accumule des quantités incalculables de capitaux et détermine la vie du reste de la population. Un petit exemple: En Amérique Latine, les 26 multimillionnaires les plus riches possèdent autant que les 130 millions les plus pauvres.

Bart Vandersteene

Depuis sa naissance, le capitalisme est un système économique qui mène à une concentration de capital, de richesses et de pouvoir. Tandis que l’élite peut se procurer un GSM pour quelques dizaines de milliers d’euros à la foire aux millionnaires, plus de la moitié de la population mondiale n’a jamais donné ou reçu un coup de téléphone. Le capitalisme a toujours été une histoire de gagnants, mais surtout de beaucoup de perdants. Des perdants qui sont sans cesse confrontés aux contraintes de l’existence.

Ce n’est pas seulement dans le lointain monde néocolonial que la misère détermine la vie de la majorité de la population. En Occident aussi, une frange sans cesse croissante de la population sombre dans la pauvreté absolue.

L’économie mondiale à la traîne depuis des années

Les médias publient régulièrement des articles euphoriques sur la situation économique. C’est de la pure propagande! Parallèlement à la croissance, nous voyons une baisse du pouvoir d’achat des travailleurs et de leurs familles. En 2004, la Belgique a connu une baisse du pouvoir d’achat de 0,5%.

Les économistes les plus sérieux reconnaissent que la croissance des dernières années n’est due qu’à la hausse de l’exploitation, notamment en Chine, et à une stimulation inédite de la consommation. Celle-ci se base sur un taux d’intérêt historiquement bas qui rend le crédit particulièrement bon marché. On nous incite à acheter à crédit et à nous endetter. On incite donc les travailleurs à dépenser ce qu’ils n’ont pas.

Aux USA, le taux d’épargne (la part du revenu qu’on épargne) se traîne à 1,5% depuis des années. C’est historiquement très bas et ça démontre qu’une grande partie de la population est submergée de dettes. Nombre d’entre eux ne pourront sans doute pas les rembourser.

La situation économique actuelle n’est pas stable à cause de l’éclosion de bulles financières sur le plan de la consommation et du crédit ainsi que dans le marché de l’immobilier.

Après l’effondrement du secteur des nouvelles technologies sur les bourses en 2000-2001, le capital est parti à la recherche de cieux plus cléments. Vu les taux d’intérêt historiquement bas beaucoup d’argent a été injecté dans le secteur immobilier. Cela a poussé le prix des maisons à la hausse ; le prix d’un logement moyen a crû cette année de 14% aux USA ! Une remontée des taux avec un crédit plus cher à la clé n’irait pourtant pas sans conséquences. Cela plongerait une partie importante de la population dans les problèmes financiers, ce qui peut mener à une hausse des ventes de logements et à un atterrissage brutal du marché de l’immobilier. Cela peut entraîner l’économie américaine dans une crise.

Les dettes sévissent aussi chez nous

La Belgique n’est pas épargnée non plus par une forte hausse du crédit. Les 6 premiers mois de 2005 ont ainsi connu un renchérissement du crédit de 14%. La moindre adaptation des taux d’intérêt a en outre des conséquences non négligeables pour ceux qui ont conclu un emprunt hypothécaire à taux variable.

La Banque centrale européenne a décidé de relever les taux à 2,25%, soit une hausse de 0,25%. Cela signifie que quelqu’un qui a conclu un emprunt récent de 100.000 euros sur 20 ans doit rembourser 40 à 50 euros de plus par mois. Pour bon nombre de familles, il ne s’agit pas de chiffres abstraits mais d’une difficulté de plus à nouer les deux bouts.

Le manque de logements sociaux, mais aussi, par exemple, la libéralisation du marché de l’énergie combinent leurs effets pour augmenter la pauvreté. C’est ce qui ressort d’une étude récente de l’Université d’Anvers. Le problème se pose avec le plus d’acuité parmi les plus de 65 ans (22,6% de pauvres) et les chômeurs (32%). La situation économique pourrait pourtant mener à une forte hausse du nombre de travailleurs pauvres (6,4% actuellement).

Les profits des 30.000 plus grandes entreprises ont crû de 9% en 2004

Le journal patronal Trends a révélé que les 30.000 plus grandes entreprises avaient enregistré un bénéfice net de 19,2 milliards d’euros en 2004, et cela sans compter Belgacom et les intercommunales. Cela correspond à une hausse de 9% par rapport à 2003.

Avec 19,2 milliards d’euros, on pourrait donner du travail à temps plein (avec un salaire brut de quelque 25.000 euros par an) à 750.000 personnes. Cela résoudrait le problème du chômage en Belgique, diminuerait les dépenses de la sécurité sociale et rapporterait en outre 1 million d’euros de cotisations en plus à celle-ci.

Mais les choses ne sont pas aussi simples. Les divergences d’intérêt entre capitalistes et travailleurs sont insurmontables. Les capitalistes n’admettront jamais que leurs bénéfices plantureux soient mis au service de la majorité de la population. Si le MAS lutte pour arracher tous les acquis possibles dans la situation actuelle, il ne saurait trop insister sur le fait que seule une société socialiste pourra garantir à tous une existence digne.

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Première page de Lutte Socialiste