Afrique du Sud : Fondation du Workers and Socialist Party

La récente fondation du Workers and Socialist party (WASP) est un évènement qui a le potentiel de changer le paysage politique de l’Afrique du Sud tout comme la lutte de Marikana l’a fait au niveau industriel. A la base de cette initiative se trouvent le Democratic Socialist Movement (affilié au Comité pour une Internationale Ouvrière) et des représentants des comités de grève de Bokoni Platinum à Limpopo, Royal Bafokeng and Murray and Roberts à Rustenburg et North West and KDC à Carltonville. Le lancement de ce nouveau parti a eu lieu en dépit de faits apparemment sans rapport, mais qui sont très susceptibles des actes délibérés de sabotage : le retrait de l’autorisation de tenir le meeting au stade de Limpopo quelques heures à peine avant sa tenue, les très dures conditions de libération des dirigeants du comité de grève de la mine de platine de Bokoni et le boycott de l’événement par les médias.

Communiqué de presse initialement publié le 17 décembre par le Comité Exécutif du DSM, les représentants du comité de grève de la mine de Bokoni, de Harmony Gold, d’Anglo Gold Ashanti, de Royal Bafokeng et de Murray Roberts.

En dépit de ces difficultés pour cet événement qui devait être un rassemblement et une conférence de presse destinés à annoncer l’intention de lancer un nouveau parti et pour célébrer la libération sous caution des dirigeants du comité de grève de la mine de Bokoni, les représentants qui ont pu être présents après l’annulation du rassemblement n’étaient pas découragés et étaient déterminés. Les participants ont été très inspirés par la lecture de quelques messages de solidarité issus des mines de Harmony Gold, d’Anglo Gold Ashanti ainsi que des organisations sœurs du DSM au Nigeria, au Venezuela, en Chine et ailleurs, y compris de la part de paul Murphy, élu du Socialist Party irlandais au parlement Européen.

La nécessité d’un parti comme le Workers and Socialist Party a été clairement mis en évidence par les rapports des divers dirigeants de comités de grève au sujet de la situation qui existe dans les mines dans le pays suite à la grève. A Bokoni, un état d’urgence a été imposé et les travailleurs trouvés dans les villages environnants et qui n’étaient pas au travail ont été forcés de se présenter à la mine. A Harmony Gold, les travailleurs ont repris la grève et, ailleurs, le mécontentement couve sous la surface. Le plus grand nombre de revendications pour lesquelles les travailleurs ont fait grève dès le mois d’août, en payant le prix d’une grande perte de revenus et des vies sacrifiées suite au massacre de Marikana, restent insatisfaites.

La fondation du WASP fut modeste, en présence de 20 délégués seulement, et a concrétisé l’idée d’une alternative basée sur un programme socialiste s’engageant à la nationalisation des secteurs dominantes de l’économie et notamment de l’industrie minière. Le WASP devra considéré comme l’une de ses revendications clé la nationalisation des mines sous la propriété, la gestion et le contrôle direct des travailleurs dans le cadre d’un processus conduisant à la transformation socialiste de la société, seule base sur laquelle une solution durable aux problèmes des mineurs et de la classe ouvrière dans son ensemble peut être trouvée.

Cet événement est donc la première étape historique dans le processus de lancement d’un parti de masse des travailleurs construit sur les comités de grève, le premier bataillon dans la lutte pour unir les travailleurs des mines, des usines, des fermes, des communautés ainsi que les étudiants en vue de créer une force redoutable, le 21 mars 2013.

Le WASP devra se distinguer de tous les autres partis politiques par son programme clairement socialiste, son approche de la politique électorale, mais aussi sur le terrain des luttes. Ses représentants publics seront soumis à la révocabilité immédiate et toucheront le même salaire qu’un travailleur. Il devra faire la différence face à l’ANC, où tous les candidats en lice pour la présidence du parti sont engagés dans la préservation de l’asservissement de la classe ouvrière sous le capitalisme – le système dont le WASP est dédié à l’abolition.

Dans les prochains jours et mois menant à son lancement, le WASP va mobiliser du soutien en sa faveur avec une résolution appelant à la construction du parti, afin de populariser l’idée d’une alternative au sein de formations organisées telles que les syndicats, les organisations communautaires, les mouvements sociaux et les organisations politiques, toutes invitées à adopter cette résolution pour rejoindre le WASP. Le WASP va se battre pour unifier les protestations des services publics, les luttes étudiantes contre les frais de scolarité inabordables et les luttes sur les lieux de travail en général, contre les licenciements et la flexibilité. Dans le cadre de la mobilisation pour le lancement du WASP, ses militants se rendront dans tout le pays afin de récolter un million de signatures en vue de se présenter aux élections de 2014. Le WASP mènera également une campagne pour la révocation de tous les représentants politiques incompétents et corrompus afin de les remplacer par des représentants du WASP – des représentants des travailleurs, au salaire des travailleurs. Le WASP va se lancer de tout son poids dans les campagnes de lutte contre la corruption.

Une série de rassemblements régionaux sont prévus pour adopter la résolution qui sera la base du programme du WASP, en direction du lancement officiel du parti en mars.

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