Pour un syndicalisme de combat !

Le contexte politique et économique ne laisse aucune marge de manœuvre à la concertation. Nous ne sommes plus au temps des demi-mesures : soit on accepte que le patronat et le gouvernement détruisent progressivement le niveau de vie de l’ensemble de la population et on se contente de serrer les fesses en priant pour ça s’arrête un jour, soit on remet clairement en cause le fonctionnement du système et, dans ce cas, on s’en donne les moyens. Et la mise en place d’un plan d’action ambitieux contre l’austérité et pour l’emploi est une base minimum.

Par Ben (Charleroi)

La demande pour un tel plan se fait d’ailleurs de plus en plus sentir, comme l’ont montré le récent appel des jeunes-FGTB, la carte blanche de Francis Gomez (président des métallos FGTB Liège-Luxembourg) ou encore le fait que pour le 14 novembre, la proposition d’un petit rassemblement de quelques centaines de personnes à Bruxelles se soit transformée en grèves de certains secteurs (CGSP wallonne, CGSP-Administrations locales et régionales bruxelloises, les métallos FGTB Wallonie-Bruxelles) voire en grève générale pour certaines régionale comme Liège et La Louvière. La volonté de lutte est croissante.

Mais les larges masses ne sont pas encore conscientes de leur force collective. La population a besoin de perspectives de lutte crédibles pour se mettre en mouvement. Un bon calendrier d’action permettrait d’élargir un mouvement actuellement limité à une minorité d’habitués, de construire des expériences de lutte et de renouer avec les traditions perdues. Parmi celles-ci : celle des assemblées générales régulières sur les lieux de travail, mais aussi dans les quartiers ou dans les écoles, afin d’expliquer clairement la situation politique et économique à tous, ainsi que les propositions alternatives à l’austérité.

La Belgique possède un mouvement syndical potentiellement surpuissant avec un taux de syndicalisation parmi les plus élevés au monde. Cette puissance est un atout important, mais elle ne suffit pas. Il nous faut aller plus loin sur le chemin de l’organisation collective des travailleurs et renouer avec un syndicalisme de combat, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel.

Un plan d’action, c’est quoi ?

Un plan d’action cohérent pourrait, par exemple, être composé d’une succession de journées de grève prévues à l’avance, de 24h pour commencer, puis de 48h et pourquoi pas de 72h. C’est une proposition un temps défendue par Nico Cué, président des métallos FGTB Wallonie-Bruxelles, mais nous n’en avons plus entendu parler depuis un bon moment. La grève est l’arme ultime des travailleurs, elle permet de montrer au patronat et au gouvernement le mécontentement qui existe à la base, mais permet également aux travailleurs de prendre conscience de leur propre force. Et puis, surtout, la grève permet de poser une question fondamentale : qui produit la richesse dans notre société ? Elle y répond en montrant que ce sont les travailleurs eux-mêmes. La grève pose la question de la propriété privée ou collective des moyens de production, elle montre que si on le veut, on peut produire pour nos besoins, sans s’encombrer de la dictature des patrons et des actionnaires. Cela suffira-t-il ? Il ne suffit pas de faire des grèves générales et des manifestations pour que l’austérité s’arrête et soit remplacée par une politique de gauche véritable. Une lutte syndicale combative et bien organisée est une nécessité absolue sur le chemin du changement de société. Mais pour que ce changement de société soit effectivement possible, il faut un niveau d’organisation plus grand encore.

Un socialiste irlandais du début du siècle utilisait une image frappante : le mouvement des travailleurs est tel un boxeur : il a deux bras pour lutter. Son premier bras, c’est le syndicat, l’outil où les travailleurs sont massivement organisés pour défendre leurs conditions de travail. Son deuxième bras, c’est un parti politique, le relais politique des revendications concrètes des luttes des travailleurs permettant la prise du pouvoir. Aujourd’hui, les travailleurs se battent un bras attaché au dos. Seul le syndicat lutte encore. Le deuxième bras, le parti, n’existe plus. Il est certain que notre bras syndical pourrait se renforcer et être plus combatif, mais sans relai politique clairement combatif, on peut vite se retrouver dans une impasse.

Le PS, frein des luttes sociales

 »Il y a une fidélité profonde, pas toujours rationnelle, au PS », a expliqué Pascal Delwit dans les pages de La Libre. En effet, la fidélité de certains vis-à-vis du PS est très loin d’être rationnelle, elle est même complètement irrationnelle au regard des politiques menées par le PS depuis près de 30 ans. Il faut accepter que les ‘‘socialistes’’ ne le sont plus depuis bien longtemps. Soyons clairs, la croyance mystique selon laquelle le Parti socialiste serait de gauche empêche le développement de luttes contre l’austérité.

Il est complètement absurde d’entendre le 14 novembre dernier Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) expliquer qu’elle félicite Laurette Onkelinkx pour ses prises de position en faveur du maintien de l’index ! La fédération de Liège du Parti Socialiste a eu le culot de déclarer publiquement son soutien à la grève ! À La Louvière, des élus socialistes étaient en tête de la manifestation syndicale ! Voilà qu’on fait des manifestations et des grèves contre l’austérité avec ceux-là mêmes qui votent et appliquent cette austérité ?

De véritables socialistes ne voteraient pas l’austérité, ils ne voteraient pas un budget aussi défavorable à l’ensemble de la population. Ceux qui le font sont des traîtres ou des ennemis, et on doit les traiter comme tels. De véritables socialistes organiseraient la résistance à l’austérité quoiqu’il en coûte. Et aujourd’hui, ça veut dire quitter cette machine nauséabonde, bureaucratique et antisociale qu’est le PS.

Nous devons donc construire une nouvelle formation politique qui soit véritablement à gauche. Une formation qui soit la nôtre, celle de la classe des travailleurs. Une formation où l’ensemble des sensibilités et des tendances existantes au sein de la classe des travailleurs serait représenté et s’unirait sur base d’un minimum de clarté idéologique. Une clarté qui émergerait grâce aux débats d’idées, aux discussions parfois polémiques, mais c’est comme ça qu’on aura le couteau le plus aiguisé : c’est-à-dire des perspectives et une direction capable de conduire à la victoire.

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