Liège : grève forte mais pas générale

La FGTB Liège-Huy-Waremme est la seule région où un syndicat a lancé un mot d’ordre de grève générale interprofessionnelle. C’est sans aucun doute le reflet de la combativité et des traditions locales liégeoises. C’est aussi sans doute dû au fait que le poids du PS sur l’appareil et – surtout – sur la base de la FGTB est – un peu – moins grande qu’ailleurs.

Jean Peltier

Le bilan de cette grève est assez contrasté. Dans les secteurs qui ont été les « bastions » du mouvement ces derniers mois – sidérurgie, métallurgie, TEC – la grève a été totale et sans problème. Le SETCa a mis le paquet, dans le cadre de la mobilisation nationale, sur la grève dans les grandes surfaces qui a été généralement bien suivie. La CGSP avait concentré ses forces sur les ministères, en particulier celui des finances où un gros piquet a assuré que les portes sont restées fermées toute la journée. Mais le reste des services publics a moins suivi. Ainsi, contrairement à ce qui avait été annoncé, La Poste a fonctionné assez normalement. A la gare des Guillemins, les cheminots se sont bornés à bloquer un train pour Bruxelles (mais en dehors des heures de pointe).

Le fait est que beaucoup de travailleurs ressentent que le combat contre le Pacte de « Solidarité » entre les Générations est en train de se terminer sans que les mobilisations syndicales aient réussi à faire plier réellement le gouvernement. Dans les secteurs moins concernés par les attaques contre les prépensions (les services publics notamment) ou moins syndiqués, la mobilisation a été nettement plus difficile… et sans doute menée avec moins de détermination qu’en octobre.

Lors d’un meeting devant 300 militants réunis au pied de la Tour des Finances, les dirigeants ont rappelé les raisons qu’a la FGTB de s’opposer au Pacte et tenté de convaincre les militants que les actions syndicales avaient forcé le gouvernement à apporter des modifications réelles quant au calcul des pensions, au refinancement de la sécurité sociale, au statut des chômeurs,… Mais ils ont dit clairement que Liège ne continuerait pas le combat seul.

Herstal et Zoning des Hauts-Sarts : le métal à l’arrêt

Dans le métal, la mobilisation a été très forte, même si les piquets étaient moins fournis que lors de la grève du 7 octobre mais largement suffisants, vu que les travailleurs suivaient massivement le mot d’ordre de grève et que les cadres dévorés par l’envie de travailler étaient très rares à montrer leur tête de jaune. A la FN comme à Chertal (division d’Arcelor qui est en grève depuis une semaine avec le reste de la sidérurgie liégeoise), c’est le calme plat aux entrées. Le zoning des Hauts-Sarts est largement à l’arrêt. Plusieurs piquets se tiennent prêts à réagir en cas de problème ou à aller donner un coup de main dans d’autres entreprises ou dans les grands magasins. Comme le 7 octobre, le rouge est archi-dominant mais avec de nombreuses taches de vert car, un peu partout, des militants et des délégués CSC sont présents au piquet.

Seul point chaud attendu : Techspace Aero à Milmort. La veille de la grève, le directeur général a appelé par un mail interne tous les travailleurs à se présenter au travail vendredi. L’appel a été suivi par… une cinquantaine de cadres qui ont été accueillis par un piquet de 350 travailleurs et militants syndicaux FGTB et CSC de Techspace et d’autres entreprises du zoning des Hauts-Sarts. Et l’accueil a été chaud ! Une première tentative des jaunes pour avancer et, hop, une volée de pétards dans les pieds. Une deuxième tentative, déjà moins convaincue, a été arrêtée par quelques envois d’œufs d’oie remplis de mayonnaise et de ketchup sur les patelots. Deuxième et dernier recul. Après une demi-heure, le directeur et ses jaunes repartent.

Les discussions avec des délégués et des militants confirment que les métallos restent fortement opposés au Pacte et très mobilisés. Mais, même pour eux, il est clair que les grèves touchent à leur fin. Comme le résume un délégué : « Après le succès du 7 octobre, il aurait fallu que la FGTB continue les actions de grève seule si nécessaire parce qu’ il y avait moyen d’entraîner la base de la CSC et de faire pression ainsi sur la direction de ce syndicat. Mais on a perdu du temps, le gouvernement a tiré les négociations en longueur, la direction de la CSC a abandonné et on se retrouve tous seuls à Liège à faire grève. » Cependant, la détermination à recommencer les actions lorsque les mesures du pacte seront appliquées dans des entreprises en restructuration ou en cas de nouvelles mesures gouvernementales reste forte.

Plusieurs délégués, tant chez les métallos que chez les employés, nous ont aussi confirmé que le ras-le-bol vis-à-vis du PS et de son opposition répétée aux positions de la FGTB continue à monter à tous les niveaux du syndicat. Le besoin de trouver une expression politique nouvelle pour la FGTB commence aussi à se discuter, même si cela n’est encore que dans les discussions informelles.

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