Le défi de l’Accord Interprofessionnel

Cet automne sera négocié le nouvel Accord Interprofessionnel (AIP) portant sur les salaires et les conditions de travail dans le secteur privé. Le défi est énorme et contribuera à déterminer qui payera pour la crise. Quels sont les principaux points de discussion ?

Par Eric Byl, article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

La liaison des allocations au bien-être. Ce point est destiné à contrecarrer le retard structurel du montant des allocations sociales face au coût de la vie. La pension brute moyenne ne représente par exemple plus que 42% du salaire brut moyen. Les patrons veulent accepter de faire un geste en échange de nouvelles concessions; les syndicats n’en voient pas la raison. La norme salariale. Depuis son introduction en 1996, les accords salariaux sont de plus en plus limités. Le dernier en date ne concernait que 0,3% en plus de l’indexation, et avait été rejeté comme étant insuffisant par la FGTB. Cette norme est habituellement indicative mais, faute d’accord, le gouvernement l’avait imposé par un Arrêté Royal, le rendant par ce fait obligatoire. Le ministère du travail a bloqué des accords collectifs dans 25 secteurs puisqu’ils allaient au-delà de la norme. Le gouvernement renforce ainsi la pression pour faire accepter n’importe quoi. Pourtant, en tenant compte des réductions de charges sociales et d’autres avantages fiscaux, depuis 1996 ,les salaires n’ont augmenté que de 1% par rapport aux pays voisins, c’est plus qu’en Allemagne, mais moins qu’en France et aux Pays-Bas.

Les salaires bruts. La CSC est prête à diminuer les charges sociales en échange d’une évaluation de l’impact sur l’emploi et d’une compensation par des taxes sur les plus-values, les dividendes et les grosses fortunes. C’est inquiétant. Nous les connaissons bien ces évaluations, tout comme l’ingénierie fiscale des grosses fortunes pour épargner le moindre cent. L’index. Le gouvernement a décidé qu’il ne fait pas partie de cet AIP, mais le patronat espère de nouveau obtenir des concessions en échange de sa conservation. Dorénavant il veut indexer les salaires sur base d’une inflation déterminée d’avance, et non sur l’inflation réelle.

Une dérogation de l’accord. C’est ce que conseille la Commission Européenne, mais il faudra alors s’attendre à une vague de revendications et tout le principe des accords collectifs serait miné.

Flexibilité. Nous ne parvenons déjà plus à soutenir le rythme du travail et la diversité de contrats. Pourtant, les heures supplémentaires, l’annualisation du temps de travail, le travail partiel, etc., se trouveront à nouveau à l’agenda sous couvert de la ‘‘modernisation du marché de l’emploi’’.

Augmentation des salaires interprofessionnels minimums. Les patrons se plaignent déjà qu’ils sont parmi les plus élevés d’Europe. Ce n’est pas de leurs salaires qu’on les entendra parler ainsi.

La généralisation des pensions complémentaires. Le gouvernement demande de l’ajouter dans l’AIP pour la monnayer contre des concessions sur les salaires. Ainsi la pression pour travailler plus longtemps augmente et la pension légale se réduit à un filet social.

Le statut ouvrier/employé. La Cour Constitutionnelle a déterminé la date du 8 juillet 2013 comme la limite pour l’harmonisation des statuts d’ouvrier et d’employé. Faute d’accord, le juge ne pourra qu’augmenter les préavis des ouvriers au niveau de ceux des employés.

Les patrons ont lancé leurs médias de masse à l’offensive pour diffuser leurs arguments. Quand les syndicats feront-ils appel à nos moyens à nous, avec des assemblées générales du personnel, des interruptions de travail et des réunions sectorielles et interprofessionnelles ?

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