De Morgen titrait à la une du 18 octobre « Le fossé entre et riches et pauvres s’agrandit en Belgique » et de citer quelques chiffres : 15 % des belges vivent sous le seuil de pauvreté* et 7 % se trouvent dans la pauvreté pendant une longue période**. Selon le même article, ce taux de pauvreté était de 13 % en 2001. 32 % d’entre eux seraient des chômeurs. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’il ressort d’une autre étude – de la KBC cette fois – que la richesse des ménages a crû de 35% entre 2000 et 2004.
Vincent Devaux
Si cette dernière reste muette sur la répartition de cette richesse, un rapport réalisé en 1998 démontre que 30 % des Belges les plus riches détiennent 70 % du total des richesses.
Conclusion : de l’argent il y en a, mais dans les poches d’une minorité! La bourgeoisie et le gouvernement violet n’en ont cure. Afin de préserver ses profits, elle n’hésite pas à s’attaquer à notre sécurité sociale.
Le droitier Alain Minc résume bien la pensée de la bourgeoisie quand il dit sur RTL que le relèvement de l’âge de la pension est « absolument inévitable » et que « L’Europe a inventé l’économie sociale de marché ; pour qu’elle perdure, il faut qu’elle ne soit pas trop sociale ». En fait il veut dire pas du tout sociale! Car ce qui nous reste est du domaine de l’indigence. Et de faire l’apologie du ‘modèle scandinave’ – ‘la flexisécurité’- modèle également repris par l’Establishment. Ce qui entraînera d’un côté une explosion de ‘working poors’ (travailleurs pauvres) et d’un autre côté conduira directement les travailleurs de l’usine à la tombe.
Dans un pays, la Belgique, où la sauvegarde d’une partie de la sécu ne s’est faite par le passé qu’au prix d’une atroce augmentation de la flexibilité. Mais pour une couche de plus en plus large de travailleurs et de jeunes, les mensonges du crédo néo-libéral ne passent plus. Au fur et à mesure que la bourgeoisie détricote « le côté social du système », que le pouvoir d’achat est raboté et que l’exclusion sociale explose ; de plus en plus de voix critiquent l’économie de marché. Cette critique qui a amené les « Non à la constitution » de nos voisins français et hollandais se traduit en Belgique par les importantes mobilisations de ces dernières semaines à l’occasion des grèves contre les réformes des fins de carrières. L’importance de ces mobilisations révèle un changement d’attitude chez les travailleurs, qui ne peut que se renforcer dans le futur.
Le patronat le sait, en a peur et c’est pour cela que la FEB et d’autres organisations patronales ont usé de tous les artifices – y compris les huissiers – pour diaboliser les grèves. Nous ne sommes qu’au début de la reprise de confiance dans la lutte collective. Du défaitisme et du fatalisme caractéristiques de ces quinze dernières années en Belgique, nous nous acheminons vers une reprise des luttes revendicatives de masse. De plus en plus, l’idée d’une rupture avec le capitalisme va imprégner de larges couches; de plus en plus, les voix qui en appellent à un outil pour opérer cette rupture vont trouver un écho favorable.
* En Belgique, être sous le seuil de pauvreté signifie avoir un revenu inférieur à 772 euros pour une personne isolée ou 1.622 euros pour une famille composée du père, de la mère et de deux enfants.
** c-à-d se retrouvent sous le seuil de la pauvreté 3 fois sur une période de 4 ans.