Les travailleurs de la STIB (tram, bus et métro bruxellois) et leurs organisations syndicales ont mené deux journées d’actions réussies les 6 et 12 décembre. Le samedi 6 les conducteurs ont fait rouler les bus, trams et rames de métro sans faire payer les passagers. Le vendredi 12 une grève de 24h a paralysé l’ensemble du réseau.
Guy Van Sinoy
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres est l’arbitraire avec lequel la direction entendait distribuer, de façon inéquitable et uniquement au personnel du métro, une prime de certification (la prime allait de 200 euros à plusieurs milliers d’euros selon que l’on était conducteur de rame ou cadre de haut vol). Rien n’avait été négocié avec les syndicats. Lors des assemblées syndicales préparatoires aux deux journées d’action, la revendication d’une prime égale de 200 euros pour l’ensemble des 6.000 travailleurs de la STIB a émergé.
Le 12 décembre, aux piquets à l’entrée des différents dépôts, le ras-le-bol des travailleurs éclatait: "La prime de 200 euros, ce n’est pas le plus important. On en marre des conditions de travail qui empirent: un conducteur n’a plus le temps de souffler pendant sa journée de travail. La montée des passagers par l’avant (une mesure qui vient d’être instaurée sur certaines lignes de bus) va faire perdre du temps. Au métro les conducteurs devront prendre leur service directement à l’une ou l’autre station sur le réseau. Jusqu’à présent ils commençaient par pointer au dépôt. Désormais le temps pour se rendre à la station de prise de service ne fera plus partie du temps de travail (surtout si on fait des services coupés) et on n’a plus l’occasion d’avoir le contact avec les collègues au dépôt. De plus il est prévu que l’entretien des nouveaux trams soit confié à des firmes de sous-traitance".
D’autres sujets revenaient aussi sur le tapis: le mécontentement à propos de la dernière convention signée par les permanents syndicaux et les premiers délégués de dépôt, sans informer les travailleurs et contre l’avis de la majorité des délégués. Le calcul du temps de travail sur une moyenne annuelle va faire perdre des jours de récupération à certains conducteurs et suscite une grande méfiance. L’assurance-groupe auprès d’une compagnie d’assurances privée rencontre aussi une large opposition à la base.
Au cours des semaines précédant la grève, le MAS/LSP a diffusé simultanément sur quasi l’ensemble des dépôts un bulletin d’information critique réalisé par des travailleurs de la STIB. Il est certain que ce petit bulletin, malgré les conditions modestes dans lesquelles il a été réalisé, a fait réfléchir et a apporté sa pierre au mouvement.
Mais rien n’est encore gagné. A quelques mois des élections sociales, il faut craindre que les appareils syndicaux n’organisent la surenchère et la division entre syndicats.
Les travailleurs n’ont que faire des divisions. Ils ont besoin d’unité comme de pain! Des assemblées générales dans les dépôts de tous les travailleurs peuvent souder le personnel et faire reculer les plans de la direction d’aller vers plus de flexibilité et vers une semi privatisation.