Liège : Luxe, calme et volupté… Sinon, tu dégages !

La soupe populaire de l’Armée du Salut interdite dans les rues

Décidément, les autorités de la ville de Liège semblent être à la pointe de la technique du ‘‘City marketing’’ si présente dans les programmes politiques des partis traditionnels pour les prochaines élections communales. Lancée depuis plusieurs mois dans la course pour obtenir l’organisation de l’exposition universelle de 2017, la Cité Ardente ne jure plus que par attractivité, esthétisme et projets de prestige. Rendre la ville agréable et attrayante, booster le tourisme pour relancer l’économie locale. Difficile de ne pas rencontrer de soutien au sein de la population face à ces projets en surface harmonieux et fédérateurs ! Fédérateurs ? Pour les entreprises privées et les ménages à haut revenu certainement. Pour ceux qui n’arrivent pas à suivre le même rythme de vie, c’est le régime de l’isolement et de l’exclusion qui est d’application. L’armée du Salut peut en témoigner !

Par Elodie (Liège)


Action à l’appel des Etudiants de Gauche Actifs et du PSL ce mercredi 12 septembre devant l’Hôtel de ville, à 16h00


C’est à la pauvreté qu’il faut s’en prendre, pas aux pauvres !

Durant plusieurs années, l’Armée du Salut de Liège a distribué de la soupe en rue une fois par mois, en faisant le tour de la ville. L’an dernier, la distribution s’est effectuée chaque semaine. L’Armée du Salut n’avait pas d’autorisation officielle, mais n’a jamais rencontré de problème majeur quant à la distribution de sa soupe populaire. Son responsable explique : "Nous n’avions pas d’autorisation mais nous étions tolérés. Cela a duré 6 mois, jusqu’à ce que la police nous demande de partir, la semaine où une délégation étrangère est venue visiter la ville dans le cadre de Liège Expo 2017." Face à cette situation et pour se prémunir de problèmes futurs, l’association a alors déposé une demande d’autorisation auprès de la ville que celle-ci a tout bonnement et simplement refusée !

L’Armée du Salut ne pourra donc pas officiellement distribuer de la soupe sur la voie publique l’hiver prochain. Selon les termes de Michel Firket (CDH) dans une lettre adressée à l’association, l’image d’une telle action ‘‘nuit à la dignité humaine’’. Celui-ci fait sans doute un amalgame entre l’acte en lui-même et la nécessité qui pousse à l’acte ! Les conditions économiques et sociales de la population locale sont les véritables questions à mettre en avant si l’on veut jouer le jeu de cette dignité ! Camoufler la distribution de la soupe populaire et les autres manifestations de misère et de précarité ne les feront pas disparaitre !

Le centre-ville n’est pas une propriété privée !

C’est l’analyse que tire le Parti Socialiste de Lutte de la société capitaliste actuelle. Dans notre programme, nous proposons une politique différente, une politique tournée vers les besoins réels de la population. Pour se faire et ne disposant pas des mêmes instruments médiatiques que les partis traditionnels, nous sommes présents dans la rue avec notre mensuel Lutte socialiste pour discuter et populariser nos idées. Mais depuis quelques mois, nous rencontrons des problèmes à Liège. En effet, à l’image de l’Armée du Salut, nous sommes nous aussi sujets à la censure. Une de nos équipes de militant a été arrêtée en avril tandis qu’une autre a vu ses journaux être saisis en août au mépris du fait que cette liberté fondamentale est garantie par les articles 19 et 25 de la constitution belge, renforcés par la Loi du 4 juillet 2005 qui stipule qu’aucune autorisation n’est requise dans le cadre de la vente de journaux et/ou de périodiques au nom de la liberté de la presse.

En mettant en avant le malaise et les contradictions inhérents au système capitaliste et en proposant une politique alternative, nous ne cadrons certainement pas avec l’univers harmonieux voulu par les politiciens traditionnels pour les citoyens les plus aisés. De la même manière, la soupe populaire proposée par l’Armée du Salut dérange certainement ceux qui voudraient regarder ailleurs et qui préféreraient largement que la pauvreté reste dans des locaux fermés. Mais le centre-ville n’est pas une propriété privée ! Il appartient à ses habitants et le bourgmestre n’a pas à le considérer comme son domaine, à protéger à coups de répression contre la mendicité et aux mesures qui ne font que s’en prendre aux conséquences d’un problème, pas à ses causes.

Liège, ce n’est pas que le Perron, Tchantchès ou le Carré ! La misère et la précarité sont parties intégrantes du folklore néolibéral. Dans un aspect plus positif, la résistance et la lutte sociale font partie des traditions du mouvement ouvrier liégeois, wallon, belge et international ! Réapproprions nous nos rues et nos quartiers ! Finissons-en avec ce fatalisme qui voudrait que la politique néolibérale soit la seule issue ! Des changements sont nécessaires et possibles dès aujourd’hui ! Mais pour cela, il faut se mobiliser et s’organiser autour d’une analyse juste qui ne peut émerger que dans un espace véritablement démocratique !

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