Guerre d’Algérie (2/3) 1954 : le FLN déclenche l’insurrection

Dans la première partie de cette série, nous avons retracé la conquête coloniale de l’Algérie par la France et l’éveil de l’aspiration à l’indépendance portée par le mouvement national algérien.(1) En 1945 l’oppression coloniale rime cependant toujours avec la misère. Pour la période 1950-1954, l’espérance de vie à la naissance de la population algérienne musulmane est la moitié de celle de la population européenne. De son côté le mouvement nationaliste (MNA) est en crise: son dirigeant, Messali Hadj, assigné à résidence et isolé de la masse des militants, veut devenir président à vie alors que les membres de son Comité central s’y opposent.

Par Guy Van Sinoy

1er novembre 1954

En mai 1954 la défaite de l’armée française à Diên Biên Phu (Indochine) encourage les nationalistes algériens à passer à l ‘action. Pour sortir de l’immobilisme, une poignée de cadres nationalistes lance une insurrection le 1er novembre 1954 au nom du FLN (Front de Libération Nationale). Ce jour-là une vague d’attentats frappe tout le territoire algérien (casernes, entrepôts, dépôts de carburant) et fait une demi-douzaine de morts (militaires, policiers, mais aussi civils).

Les autorités françaises (2) lancent la police et l’armée aux trousses du FLN. François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, déclare : « La seule négociation, c’est la guerre! ». Le Parti Communiste Français déclare vouloir « la paix », c’est-à-dire le statu quo. Le Parti Communiste algérien s’aligne sur le PCF.

Alors que sur le terrain le FLN multiplie les attentats, en France métropolitaine militants du FLN et partisans de Messali s’entretuent pour le contrôle des cotisations collectées auprès des ouvriers algériens et destinées au financement des maquis.

Une guerre coloniale barbare

Sur le terrain les combattants algériens installés dans les zones montagneuses (Aurès, Kabylie) passent de 500 à 15.000. L’armée française envoie 100.000 soldats(3) dans les Aurès : à la fois des régiments de parachutistes entraînés à la guérilla et des centaines de milliers de rappelés réquisitionnés contre leur gré. Des mouvements spontanés de protestation éclatent chez les rappelés mais ils restent isolés car non soutenus par le mouvement ouvrier. En 1956, socialistes et communistes votent les pouvoirs spéciaux au gouvernement.

Certaines unités de l’armée française – et en particulier les parachutistes – vont se comporter en Algérie à l’image des divisions SS en Europe de l’Est dans les années 40 : ratissages de populations civiles, tortures, exécutions sommaires, bombardements de villages au napalm ou au canon. En 1957, lors de la bataille d’Alger, le pouvoir effectif et remis aux mains des parachutistes sous les ordres du général Massu.

Porteurs de valises

En Europe des réseaux clandestins de soutien au FLN voient le jour. Composés de militants pacifistes, anarchistes ou trotskystes, appelés « porteurs de valises », ils transportent au-delà des frontières des valises bourrées de billets de banque, fruit de la collecte des cotisations par les militants du FLN en France. En Belgique, ce réseau est notamment animé par Pierre Legrève, militant de la Quatrième Internationale. En plus de l’activité publique de soutien à la lutte des Algériens (notamment un meeting à Bruxelles avec Jean-Paul Sartre, devant 7.000 personnes) il organise le passage clandestin de frontières et l’hébergement de militants du FLN.(4)

1) Voir Lutte socialiste de septembre 2022
2) La France vit alors sous le régime de la IVe République.
3) Au total 1.400.000 militaires français, dont 1.100.000 d’appelés, seront envoyés en Algérie pour y combattre.
4) La suite de cet article paraîtra dans le numéro de novembre 2022 de Lutte socialiste.

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