A Bruxelles, la pénurie de places dans les écoles constitue un réel problème pour les années à venir. Différentes sources (notamment de l’Institut Bruxellois de Statistiques et d’Analyses) affirment que, pour faire face à la forte poussée démographique de la capitale, il faudrait ouvrir 79 écoles d’ici 2015. L’augmentation de la population jeune est nette et régulière depuis dix ans, comment dès lors les partis de la majorité peuvent-ils faire semblant s’étonner face à cette situation prévisible ?
Par Clara (Bruxelles)
Le sous-financement de l’enseignement, aggravé par sa régionalisation, est une réalité globale dans notre pays. En 1980, plus de 7% du Produit Intérieur Brut (PIB) étaient encore consacrés à l’enseignement, contre moins de 5,5% aujourd’hui. Résultat : classes surpeuplées, infrastructure déplorable, profs surchargés,… En moyenne, un enseignant sur deux quitte son emploi avant 8 ans de carrière et, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la probabilité qu’un enfant de milieu favorisé obtienne de meilleurs résultats qu’un enfant de milieu moins favorisé est bien plus élevée en Belgique que dans les autres pays.
Il manque 79 écoles, mais il y en aura au moins deux de plus en septembre, réservées à l’élite. Une école européenne va ainsi ouvrir à Laeken, dont l’inscription reviendra à au moins 3.000 euros par mois. Les élèves seront sélectionnés en fonction des revenus des parents. Cette école, qui doit constituer une ‘‘belle carte de visite pour notre pays’’ a coûté pas moins de 100 millions d’euros à la collectivité pour sa construction ! Que n’aurait-on pas pu faire avec cet argent face aux manque de places pour les enfants ‘‘ordinaires’’…
Il y aura aussi l’ouverture de l’Arboretum College, dont la formule complète revient à 13.000 euros par an ! Cette école prévoit également de sélectionner les élèves selon les revenus des parents. La directrice de cette nouvelle école a affirmé qu’elle vise une éducation d’excellence académique : une qualité d’enseignement réservée aux riches ! L’Arboretum College a déjà pris contact avec des entreprises qui seront mécènes pour la bourse d’étude de certains enfants, bien que la directrice ait précisé qu’il ne s’agirait que de ‘‘bourses partielles’’ car ‘‘il n’est pas question de parvenir à la gratuité, d’adopter une politique privilégiant le bon marché, qui dévaloriserait l’excellence des professeurs de l’école.’’ La directrice qualifie cette vision de l’enseignement de ‘‘hors norme et pionnière’’. Ces belles paroles parfumées dissimulent à peine un élitisme de caste pur et dur.
Le 5 mai 2011, plus de 12.000 travailleurs du secteur de l’enseignement ont défilé dans les rues de Liège, soit plus d’un enseignant sur 10, tandis que la moitié du corps enseignant francophone était en grève, en réaction à une attaque contre les fins de carrière. Cette colère avait notamment été illustrée par cette banderole proclamant: “20 milliards pour les banques en un week-end, 20 ans d’austérité dans l’enseignement.” Le potentiel était bel et bien présent pour une lutte victorieuse, mais il manquait une stratégie réellement combative.
Le PSL-LSP se bat pour un enseignement public et gratuit pour tous. Nous exigeons un refinancement public massif de ce secteur. Les moyens alloués à l’enseignement devraient au minimum revenir à 7 % du PIB comme dans les années ’80. Dans cette lutte, nous n’avons rien à attendre du PS, du CDh ou d’Ecolo, qui ont déjà illustré à de nombreuses reprises quelle priorité ils accordaient à l’enseignement. Contre ces partis de l’establishment, nous avons besoin de notre propre relai politique.