
La conquête de l’Algérie par la France commence en 1830 par une longue guerre colo¬niale meurtrière qui se termine en 1847. Au moment de la conquête, la population de l’Algérie n’est pas homogène. Les Berbères, qui ont leur propre langue (Amazigh) sont là depuis 3.000 ans et se sont regroupés principale¬ment dans les zones montagneuses (Kabylie, Aurès). Les Arabes arrivés au VIIIe siècle, ont importé l’Islam. Les Juifs séfarades sont arrivés à la fin du XVe siècle après avoir été chassés d’Espagne par les rois catholiques. Avant la conquête par la France ces différents peuples vivaient en bonne entende et dans une relative pauvreté.
Par Guy Van Sinoy
Colonie de peuplement
Une fois la conquête de l’Algérie achevée, les terres les plus fertiles sont volées aux musulmans et attribuées à des colons qui jouissent de tous les droits tandis que les colonisés sont redevables de tout, faisant d’eux non pas des « citoyens » mais des « sujets ». Les pauvres du bassin méditerranéen (Sud de la France, Andalousie, Sicile, Malte) émigrent vers Algérie en espérant améliorer leur sort. Ils seront ouvriers, artisans, employés, fonctionnaires. Leurs descendants nés en Algérie obtiendront d’office la nationalité française. En 1870 le décret Crémieux accorde aux Juifs d’Algérie la nationalité française, tandis que les musulmans ne peuvent accéder à la nationalité française que « sur demande ».
L’Étoile Nord-Africaine (ENA)
Pendant la Première Guerre Mondiale 25.000 soldats musulmans originaires d’Algérie meurent en France tandis que 119.000 musulmans algériens sont réquisitionnés pour remplacer en métropole la main-d’œuvre française. Les lendemains de guerre sont aussi une période où les aspirations de liberté émergent. En 1926, Messali Hadj fonde l’Étoile Nord-Africaine (ENA), un mouvement qui réclame l’indépendance de l’Algérie. A l’époque, l’ENA obtient le soutien du Parti communiste français (PCF). Accusé de « propagande subversive », l’ENA est dissoute par les autorités françaises en 1929. Elle comptait à l’époque 3.600 membres dont la moitié à Paris. Malgré la répression constante, les partisans de Messali tiennent 35 meetings durant l’été 1935.
Lorsque le PCF adhère au Front Populaire, il prend ses distances avec le combat décolonial. Ce tournant brutal du PCF aura de lourdes conséquences : le mouvement national algérien se développera désormais à l’écart du mouvement ouvrier.
Messali fonde en 1937 le Parti du Peuple Algérien (PPA). Il est alors tour à tour, emprisonné, assigné à résidence dans des villes de province, ce qui a pour effet de le couper en partie de ses partisans.
Deuxième Guerre Mondiale
Le régime de Vichy abroge la législation sociale et la législation du syndicalisme pour les musulmans. Le décret Crémieux, qui accordait la nationalité française au Juifs d’Algérie, est aboli.
En novembre 1942 l’armée américaine débarque en Afrique du Nord et place à la tête du territoire algérien un régime hostile à Vichy. 15 % des français d’Algérie et des musulmans (alors que la plupart de ceux-ci n’ont pas la qualité de citoyens) sont enrôlés pour aller combattre en Italie, puis en Provence.
8 mai 1945
Le 8 mai 1945, jour de la capitulation nazie, des manifestations se déroulent dans toute l’Algérie sous le mot d’ordre « A bas le fascisme et le colonialisme ! ». A Sétif, la police tire sur les manifestants algériens qui arboraient un drapeau algérien. Ceux-ci ripostent en s’attaquant aux policiers et aux Européens. Dans les campagnes les paysans se soulèvent. Il y aura une centaine de tués et autant de blessés chez les Européens.
Les représailles sont terribles : les villages sont bombardés par l’aviation et la marine qui tire depuis la côte. Il y aura plusieurs dizaines de milliers de victimes chez les Algériens. Le Parti communiste algérien et le PCF condamnent en termes très hostiles les nationalistes algériens. Dorénavant la rupture entre ces derniers et le mouvement ouvrier organisé est totale.