Royaume-Uni : La classe ouvrière entre en lutte

Le Royaume-Uni est en proie à plusieurs crises alimentant une vague croissante de grèves. Les conservateurs au pouvoir sont qualifiés, à juste titre, de « gouvernement zombie » alors que leurs membres élisent un nouveau chef de parti et Premier ministre. Les deux candidats sont engagés dans une guerre de surenchère pour apparaître le plus à droite possible. La grande favorite, Liz Truss, a initié une tirade d’attaques contre les droits des travailleurs et les syndicats.

Mike Forster (Socialist Alternative, ASI en Angleterre, Pays de Galles et Écosse), article issu de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

Pas d’autres choix que de riposter

Pendant ce temps, la population souffre d’une inflation de plus de 10%. Les factures d’énergie vont augmenter de 60 à 80 % dans les mois à venir. Les loyers montent en flèche alors que la Banque d’Angleterre augmente les taux d’intérêt pour soi-disant contenir l’in¬flation, tandis qu’une profonde récession menace. Le pouvoir d’achat réel des travailleurs risque de di¬minuer de 5 % cette année, soit la plus forte baisse de mémoire d’homme.

Les travailleurs n’ont d’autre choix que de riposter. La vague de grèves d’une journée des cheminots se poursuivra à l’automne et donne le ton. Le ministre menace de rendre illégales les grèves dans les services « essentiels » et a même menacé de licencier le personnel ferroviaire pour le réintégrer dans de nouvelles conditions. La direction du syndicat des transports (RMT) a répondu par une esca¬lade d’actions et d’appels à la grève générale. Les postiers ont suivi, faisant grève à la fin de l’été, mais aussi le personnel des secteurs technologiques.

D’autres grèves ont eu lieu : chauffeurs de bus, personnel d’aéroport, dockers, personnel de magasin… Certains groupes de travailleurs ont fait grève pour la première fois depuis 30 ans. La fédéra¬tion syndicale TUC a enregistré au moins 300 conflits dans différents secteurs au cours des 12 mois précédant avril 2022. Entre octobre 2021 et mars 2022, le syndicat industriel GMB a enregistré 42 conflits collectifs, soit sept fois plus que sur la même période en 2019-2020. Ce sont des expressions de la colère croissante et de l’augmentation de la résistance militante au sein de la classe ouvrière. Plus important encore, le personnel d’Amazon, qui est encore peu organisé en syndicats, a cessé le travail pour protester contre la maigre augmentation de salaire de moins d’une livre sterling par heure.

Des appels à la grève ont été lancés dans presque tous les secteurs: soins de santé, enseignement, per¬sonnel des collectivités locales, pompiers, fonctionnaires… Des millions de personnes pourraient ainsi entrer en conflit direct avec le gouvernement. La classe ouvrière n’a plus le choix, maintenant qu’un « hiver de crise et de mécontentement » se profile à l’horizon. Chaque jour, on entend parler de personnes qui sombrent dans la misère : 2 millions de personnes sautent déjà des repas pour des raisons financières, jusqu’à la moitié de la population risque d’être confrontés à la pauvreté énergétique cet hiver, jusqu’à un quart du personnel infirmier doit se tourner vers les banques ali¬mentaires pour nourrir sa famille. Cette situation transforme le désespoir en action.

Trop, c’est trop !

Les dirigeants des syndicats les plus militants, Dave Ward du syndicat des postes et Mick Lynch du syndicat des transports, ainsi que des députés et des syndicalistes de gauche de premier plan, ont lancé l’initiative nationale « Enough is enough » (trop c’est trop). La réponse a été sans précédent : plus de 400.000 personnes ont manifesté leur soutien. Des réunions étaient prévues dans 50 villes. Lors de la pre-mière, des milliers de personnes étaient présentes. À Londres, la salle était trop petite et une réunion de masse improvisée dut être organisée à l’extérieur.

La campagne s’articule autour de cinq revendications simples : augmentation réelle des salaires, ré¬duction des factures d’énergie, fin de la pauvreté alimentaire, logement décent pour tous et imposi¬tion des riches. Cela touche une corde sensible. La campagne a le potentiel de rassembler le mé¬contentement et la lutte au niveau local, régional et national, de coordonner les actions et de jeter les bases d’une voix politique pour les travailleurs et les jeunes.

Le succès de la campagne souligne l’impopularité du leader du parti travailliste, Keir Starmer, qui a demandé à ses députés de ne pas se mettre en grève et prit ses distances par rapport à la vague croissante de grèves.

Socialist Alternative participe activement à cette révolte. Nous avons organisé une réunion pu¬blique en ligne pour le personnel d’Amazon, à laquelle ont pris part des membres américains participant déjà activement à la création de syndicats chez Amazon. Nos propositions visant à renforcer la campagne Enough is enough ont suscité de nombreuses réactions, tant dans la rue qu’en ligne. Nos camarades se rendent aux piquets de grève et aux actions avec notre programme socialiste. Nous appelons à l’organisation, à l’escalade et à la coordination de cette vague de grève pour faire tomber les conservateurs. Cette campagne peut se renforcer en élisant des groupes de direction lo¬caux et en se mobilisant pour une coordination nationale avec une « conférence de la résistance ».

La classe ouvrière est de nouveau en action. Pour arriver à des victoires, notre classe a besoin d’une direction courageuse et résolue qui se battra pour la chute des Tories et pour un nouveau parti de gauche de lutte de masse qui commencera à s’attaquer à la crise de la représentation politique des travailleurs.

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