Il faut un programme offensif
Les syndicats demandent le retrait du pacte des générations, même si cela signifie la chute du gouvernement. Maintenant que nous sommes tous ensemble dans la rue, on ne doit pas se limiter à des revendications purement défensives. Les syndicats doivent au contraire utiliser cette mobilisation pour proposer leur propre alternative de rupture avec la politique antisociale et néolibérale.
Tract du MAS
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Le gouvernement et le patronat sont déterminés: ils ne veulent plus discuter du pacte des générations, sauf peut-être les modalités d’application. Ce n’est pas étonnant, ce dossier leur a coûté deux années de préparation et il reprend toutes les propositions initiales du patronat.
Le pacte des générations ne veut pas créer d’emplois pour les jeunes en partageant le travail disponible ou en laissant partir plus tôt les travailleurs âgés, mais veut créer encore plus de contrats précaires, sous-payés et instables. Il semble être copié directement d’un cours pour entrepreneurs débutants.
Les « baby-boomers » d’après-guerre ont cotisé à la sécurité sociale durant des dizaines d’années. La moindre des choses serait de les récompenser en les laissant couler de vieux jours sans soucis supplémentaires, de préférence à un âge où ils peuvent encore en profiter.
Mais le gouvernement et le patronat ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont systématiquement écrémé les surplus de la sécurité sociale pour introduire des diminutions de charges pour le patronat. La somme totale est déjà de plus de 5 milliards d’euros par an. Le pacte des générations prévoit d’encore y ajouter 960 millions! Le patronat dit que c’est nécessaire pour stimuler de nouvelles embauches. En réalité, le seul résultat tangible est l’enrichissement des patrons et non l’emploi.
Les diminutions de charges doivent évidemment être compensées quelque part. Le pacte des générations veut le faire en limitant drastiquement la prépension et le crédit-temps, en maintenant plus de travailleurs plus longtemps au travail pour mettre les salaires encore plus sous pression. Et le pacte des générations n’est pas encore en vigueur que le patronat brandit déjà de nouvelles revendications telles qu’un gel salarial ou un blocage de l’index.
Pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale, le gouvernement s’est mis en quête de nouvelles recettes. Les salariés y contribueront de nouveau pour l’essentiel par une augmentation de la TVA. Le gouvernement veut également faire passer une nouvelle version de la déclaration libératoire unique (le mot amnistie semble tabou cette fois-ci). Un petit 15% de la somme récupérée irait à la sécurité sociale. C’est ça leur soi-disant contribution du capital, à côté d’un impôt sur les sicav. Dans les années ’50, l’industrie traditionnelle était en pleine crise. A cette époque, la FGTB élabora un programme de réformes de structure comme réponse à la crise. Aujourd’hui aussi, nous avons besoin d’une telle réponse à l’offensive du gouvernement et du patronat. Ce programme devrait commencer par répartir le travail disponible entre tous les travailleurs par une diminution générale du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire. Il devrait aussi exiger la liaison de toutes les allocations aux salaires, tout comme le maintien intégral de la prépension et du crédit-temps. Les secteurs clés de l’économie – les banques, les holdings, les sociétés d’assurance, l’énergie et le transport – devraient être placés sous le contrôle de la collectivité par la nationalisation sous le contrôle des travailleurs.
Pour venir à bout du gouvernement, il faut un plan d’action, éla-boré de façon démocratique, avec des journées de grève provinciales et nationales. Mais si la grève mène à la chute du gouvernement, ne dit-on pas qu’une nouvelle coalition est prête à prendre les mêmes mesures? Ce n’est pas dénué de fondements, mais si le gouvernement violet tombe sur un mouvement de grève, la marge de manoeuvre du nouveau gouvernement en sera considérablement limitée. A condition, évidemment, que les directions syndicales gardent le cap sous ce nouveau gouvernement.
Il faut une réponse appropriée à la remise en cause du droit de grève
Le 7 octobre, le patronat et le gouvernement ont utilisé l’attitude équivoque du sommet de la CSC pour stigmatiser la FGTB et pour vider le droit de grève de son contenu.
On parle d’un service minimum dans les transports publics et de mesures légales contre le blocage d’accès aux zonings industriels. En préparation du 28 octobre, le patronat a mobilisé une armée d’avocats et d’huissiers de justice. Chez Caterpillar, la direction a envoyé une lettre de menace de délocalisation aux 4500 travailleurs.
Beaucoup de travailleurs se demandent comment réagir face à cela. En tout cas, pas avec un nouvel gentlemen agreement. Les patrons ne s’y sont jamais tenus. Sur le plan juridique, les syndicats ont perdu d’avance, car la justice n’a pas pour but la justice sociale, mais la protection du capital privé. La seule réponse aux astreintes et aux requêtes unilatérales est l’élargissement systématique des grèves. Face aux menaces de restructuration et de délocalisation, il faut opposer la revendication de la nationalisation sous contrôle ouvrier.