Le régime du président Nazarbayev est bien décidé à poursuivre sa politique d’intimidation à l’extrême. Descentes de police, arrestations abusives et procès truqués se succèdent. Mais la situation reste explosive, la lutte et la résistance continue, et les revendications offensives des travailleurs rencontrent même certaines victoires.
par Stephane Delcros
A Zhezkazgan, au centre du pays, 400 travailleurs de la société d’extraction minière Kazakhmys étaient entrés en grève pour une augmentation salariale de 100% et une amélioration de la sécurité au travail. Malgré la menace de l’employeur et de son équipe de sécurité de faire un deuxième ‘‘Zhanaozen’’, référence au lieu du massacre des grévistes du pétrole le 16 décembre dernier, les travailleurs ont tenu bon et ont rapidement été suivis par les ouvriers des puits voisins et d’autres sites de la région.
Les dirigeants de la société basée à Londres ont été surpris par la rapidité et l’ampleur du développement de la grève. Début mai, ils ont été forcés d’accepter les revendications, avec le doublement progressif du salaire des mineurs de fond et la réalisation d’un nouvel accord collectif.
Cette première victoire est celle de tous les travailleurs en lutte dans le pays, mais elle ne met pas fin à la lutte. Car la répression ne va pas manquer de toucher les dirigeants de la grève, dont le syndicat venait de rejoindre le syndicat indépendant Zhanartu. Ils sont menacés d’un procès similaire à celui de 37 grévistes du pétrole, sur lesquels le régime met la responsabilité des violences de décembre dernier à Zhanaozen, où les autorités avaient tués environ 200 travailleurs (17 officiellement). Ils risquent des peines allant jusqu’à 10 de prison pour « incitation au mécontentement civique ».
Mais ce procès des 37 a pris une tournure inattendue pour le régime, révélant les intimidations, tabassages et tortures dont ont été victimes les grévistes en prison. Fabrications de preuves, faux témoins qui avouent finalement avoir été menacés par la police du régime,… Par ce procès-spectacle honteux, le régime voulait organiser le discrédit public de la grève ; il expose au contraire au grand jour les méthodes des alliés de Nazarbayev dans le système judiciaire et répressif. Un état de fait renforcé par l’autre grand procès truqué du moment, celui du militant des droits de l’Homme Vadim Kuramshin qui risque de 7 à 15 ans de prison. Les violations de la procédure y sont légions, niées évidemment par le juge.
De son côté, le « mouvement des dissidents », rassemblant de nombreuses personnes opposées à la politique et l’attitude du régime, continue à manifester une fois par mois, lui aussi malgré les intimidations dont ses militants sont victimes. Trois militantes du mouvement, dont une membre du Mouvement Socialiste du Kazakhstan (organisation large dont fait partie Résistance Socialiste, parti-frère du PSL), ont récemment été arrêtées et enfermées pendant 15 jours, dans un pays où les prisons sont réputées pour leur conditions inhumaines.
Il est urgent de réclamer l’arrêt des procès truqués, la libération des militants et l’abandon des charges contre eux ! La victoire des mineurs de Kazakhmys montre la voie à suivre, et incitera sans aucun doute les travailleurs du Kazakhstan à se soulever pour leurs droits. Soutenez cette lutte en mettant la pression sur le régime dictatorial et en manifestant votre soutien aux militants sur place.