Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré !

Hénin-Beaumont : Jean-Luc Mélenchon contre Marine Le Pen

Le Front de Gauche a décidé de présenter son candidat aux présidentielles dans la 11e circonscription du Nord-Pas-de-Calais à Hénin-Beaumont. C’est donc dans la ville que Marine Le Pen a choisi il y a 5 ans que Jean-Luc Mélenchon a décidé de porter le combat. Cette ville et cette région, victime de ‘‘patrons voyous’’ (comme ceux de Samsonite), comprend une forte tradition ouvrière. Elle est idéale pour démasquer l’extrême droite sur une base de classe.

Par Alain (Namur)

Le score de Marine Le Pen aux élections présidentielles fut un choc pour beaucoup parmi la jeunesse et la classe ouvrière. La candidate du Front national a obtenu au premier tour 17,9 % des suffrages, soit près de 6.500.000 voix. Il s’agit quasiment du double de ce que le FN avait réussi à faire avec Jean Marie Le Pen en 2007. Ce score n’est pas venu d’un coup, il est le résultat de la situation économique de crise que vit la France, mais aussi de la politique de Sarkozy ces 10 dernières années et de la déception face aux trahisons répétées du PS.

La crise du capitalisme touche durement la population française. 8 millions de Français vivent sous les 954 euros par mois. 10 millions de Français subissent de plein fouet la crise du logement: il faudrait construire 500.000 HLM (habitation à loyer modéré) par an pendant 10 ans pour combler le manque de logements !

De plus, la politique raciste du gouvernement Sarkozy-Fillon a renforcé les tensions dans la société. Alors que l’ex-ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a été condamné par la justice pour racisme, le Parti Socialiste n’a pas osé dire haut et fort que l’immigration n’est pas la source de tous les problèmes. Cette attitude et le masque social de Marine Le Pen expliquent aussi la montée du racisme dans la société.

On a l’habitude de dire que les crises renforcent les extrêmes, mais cette formule creuse n’épouse pas les nuances de la réalité. En réalité, l’électorat stable du FN est composé d’artisans, de commerçants et de professions libérales. Un sondage sorti des urnes indique que 35% des ouvriers et employés ont voté FN (sondage TNS). Dans la population active proche des syndicats, seuls 20% étaient prêts à donner leur voix au FN (sondage IFOP). C’est la preuve que le mouvement ouvrier constitue un rempart contre l’extrême droite. Les différentes couches de la population sont à la recherche d’une alternative à la politique d’austérité. La couche la plus avancée a commencé à se tourner vers des partis et des formations plus combatives alors que les éléments et les couches précarisées et déclassées se tournent vers l’extrême droite.

Les premiers députés FN vont peut-être faire leur arrivée à l’Assemblée nationale, pour la première fois depuis 1986 (et l’introduction par Mitterrand d’un scrutin proportionnel partiel). Il est nécessaire de mener une campagne pour démasquer le réel programme du Front.

Le FN essaye de se présenter sous des jours nouveaux avec Marine Le Pen. Comme femme, elle tente de se profiler en féministe. Mais son programme plaide contre elle, comme l’avait magistralement démontré Mélenchon lors d’un débat télévisé avant le premier tour des présidentielles. Elle veut renvoyer les femmes à la maison avec un salaire parental de 80 % du SMIC pour le 2e enfant. Mais 80 % d’un revenu de misère, ça reste encore une allocation de misère. Pour les capitalistes, c’est plus avantageux de payer une faible allocation que de devoir contribuer à construire des infrastructures publiques de qualité pour tous. C’est par ce genre d’exemple concret que l’on peut démasquer la nature pro-capitaliste du FN.

La venue de Mélenchon à Hénin-Beaumont pour battre l’extrême droite va dans le bon sens. Comme le Front de Gauche le dit, il faut dénoncer les méfaits du capitalisme qui se nourrit du chômage et laisse en délabrement l’équipement social. Mélenchon déclare ‘‘Nous ne sommes pas ici sur les terres de madame Le Pen. Ici c’est la gauche, le drapeau rouge, la résistance.’’ Il faut concrétiser cette déclaration et proposer un véritable programme de résistance sociale. Il faut populariser des mesures anticrise qui répondent aux problèmes principaux que vivent les Français : le chômage, les contrats précaires, le logement, l’accès à des services publics de qualité. C’est seulement en répondant à ces préoccupations et en les liants avec un programme de lutte que l’on peut faire reculer l’extrême droite.

Les premiers sondages montrent que le Front de Gauche pourrait battre le FN au second tour dans cette circonscription. Il faut développer des campagnes offensives contre l’extrême-droite partout en Europe. Il faut que le mouvement ouvrier attire à lui toutes les couches opprimées de la société sur base d’un programme qui répond à la crise du capitalisme en défendant les intérêts de la majorité.

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