Contre les augmentations des prix de l’énergie – Bourgmestre et échevins font comme si rien ne c’était passé…

Action de protestation au conseil communal de Saint-Gilles

Ce jeudi 31 mai 2012 au soir, une action de protestation a eu lieu au conseil communal de Saint-Gilles à l’initiative du Parti Socialiste de Lutte, du Parti Humaniste et du Comité pour une Autre Politique. Une quarantaine de personnes ont manifesté contre l’augmentation systématique des charges que la commune impose sur l’énergie, et que nous payons sur nos factures. Chaque Saint-Gillois paie ainsi annuellement 110€ de taxes cachées sur l’énergie. Nous sommes intervenus au conseil communal afin de réclamer l’annulation de ces augmentations et pour exiger de faire payer les conséquences de la crise par le 1% le plus riche et les spéculateurs, pas les travailleurs et leurs familles à travers des taxes cachées.

Par Tim (Bruxelles)

Une quarantaine d’habitants de Saint-Gilles et de militant de l’initiative ‘‘Reprenons nos communes’’ s’étaient donc donné rendez-vous vers 19h devant l’Hôtel de Ville de Saint-Gilles pour protester contre l’augmentation des prix de l’énergie. De façon assez remarquable, ces nouveaux revenus que perçoit la commune de Saint-Gilles sont équivalents aux montants que la commune a perdus dans la débâcle de Dexia. Payons-nous ainsi une nouvelle fois la faillite de Dexia ? Nous désirions plus d’explications de la part du conseil communal à ce sujet, et nous voulions exiger que la commune cesse de compenser ses pertes avec des hautes factures d’énergie plus élevées pour les habitants. Nous avons aussi voulu demander si la commune de Saint-Gilles était prête à prendre l’initiative de faire baisser les tarifs de distribution de l’énergie au sein de l’intercommunale SIBELGA et de proposer ensuite aux autres communes bruxelloises de faire de même.

Le conseil communal en plein déni

La réaction de la bourgmestre faisant fonction Cathy Marcus (PS) et de l’échevin de finances Patrick Debouverie (MR) a été décevante : au lieu de répondre à nos questions (voir la demande d’interpellation), ils ont essayé de tourner la discussion en un débat purement technique. Pour les autorités communales, il n’y a pas eu d’augmentation systématique des charges entre 2008 et 2012, mais ‘‘quelques revenus exceptionnels’’ dans la période 2010-2012 sur base du gaz et de l’électricité, d’un dividende extraordinaire de SIBELGA en 2010et d’une ‘‘vente d’anciens tuyaux et câbles’’ en 2011.

MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

Ce 2O juin, Anja Deschoemacker, porte-parole de "Reprenons nos communes" sera également oratrice lors d’un meeting consacré à la lutte contre l’austérité en Europe, en présence de divers représentants d’organisations politiques de gauche en Europe (Syriza, Front de Gauche, Socialist Party,…) Plus d’infos.

Nous étions bien au courant du dividende ‘‘exceptionnel’’ versé par Sibelga aux communes en 2010. Mais l’argent de ce dividende ‘‘exceptionnel’’ provient bien d’un surcoût de la distribution tarifé aux consommateurs ! Il est bien étonnant que ce dividende exceptionnel ait été versé l’année précise où les revenus issus de la participation à Dexia ont disparu. Un heureux hasard ?

La bourgmestre et l’échevin ont essayé de se défendre en expliquant que nous n’avions pas parlé de la ‘‘vente exceptionnelle’’ de 2011 sur notre tract. Pourtant, depuis mars 2012, nous n’avons cessé de demander des explications concernant les revenus de base du gaz et de l’électricité pour les autorités communales, par téléphone et par email. Nous avons même été à plusieurs reprises en contact personnel avec l’échevin Debouverie à ce sujet. Malgré des promesses qui ont étés faites, nous n’avons jamais reçu de réponse à nos questions.

La tactique de la commune est donc la suivante : tout d’abord systématiquement refuser de donner des explications sur les chiffres, pour ensuite utiliser des éléments techniques afin d’éviter toute discussion. Indépendamment de la base sur laquelle l’augmentation des revenus sur le gaz et l’électricité a été effectuée, ces revenus sont quand même passés de 2,6 million € en 2008 à 5,3 million € en 2012 pour la commune… Et ça, les autorités communales n’ont pas pu le nier…

Réaction de la commune par rapport aux citoyens inquiets: se taire et intimider?

La commune a systématiquement refusé de nous livrer des informations concernant ces revenus. Quand un groupe d’habitants de la commune s’inquiète concernant ses factures d’énergie et demande à la commune des explications sur les revenus supplémentaires qu’elle reçoit sur base des prix élevés de l’énergie, la commune refuse de répondre. Notre tract sur cette question n’était pas encore en circulation depuis une semaine que nous avions déjà reçu une lettre d’intimidation des avocats de Yasmina Nekhoul (PS), la conseillère communale qui représente Saint-Gilles au conseil d’administration de SIBELGA. Dans cette lettre, nous étions menacés de poursuites juridiques pour ‘‘diffamation et attaques contre l’honneur’’ si nous décidions de poursuivre la distribution du tract. Madame Nekhoul a tout de même oublié de mentionner quels passages de notre tract était composé de ‘‘diffamations et d’attaques contre l’honneur.’’ Quels passages seraient faux selon elle ? La commune refuse dans un premier temps de répondre à nos questions, et puis nous menace de poursuites juridiques si nous essayons d’organiser les Saint-Gillois à la base…

“C’est pas nous, c’est Di Rupo”

Un autre argument que la commune a mis en avant est qu’elle n’a aucune influence sur les prix que SIBELGA pratique, seule la CREG (la Commission de régulation de l’électricité et du gaz) déciderait des prix. C’est quand même une interprétation très étonnante du rôle de la CREG. Les autorités communales prétendent-elles que c’est la CREG qui fixe le budget annuel de SIBELGA ? La CREG contrôle les prix des distributeurs d’énergie comme SIBELGA, et regarde si le budget suit bien les règles. Mais c’est SIBELGA qui élabore son propre budget. Les 19 communes possèdent 70% de SIBELGA, il est dès lors absurde de prétendre qu’ils n’ont rien à dire sur ces prix. C’est d’ailleurs la CREG qui, dans son rapport de janvier 2012, a sonné l’alarme parce que les tarifs de distribution pratiqués par les communes sont beaucoup trop élevés par rapport aux pays voisins. Les autorités communales de Saint-Gilles prétendent-elles que la CREG s’est trompé ?

Les autorités communales essaient en fait de se cacher derrière la répartition compliquée des compétences en Belgique en prétendant que ce ne sont pas les communes, mais le gouvernement fédéral qui est responsable des hausses des prix de l’énergie. Quand le SP.a est récemment intervenu au parlement Bruxellois concernant les augmentations de tarifs de distribution de SIBELGA, la réponse a été que cela ne figure pas dans les compétences du gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, mais parmi celles des communes. Ainsi, les politiciens essaient continuellement de se passer la responsabilité de l’un à l’autre: c’est toujours un autre niveau de gestion qui est responsable. Ces mêmes partis qui sont dans la majorité à Saint-Gilles se retrouvent pourtant aussi dans les gouvernements bruxellois ou du fédéral. Ce sont les mêmes partis qui mènent partout la même politique d’austérité…

“Nécessaire pour l’équilibre du budget de la commune’’

Un dernier argument évoqué par l’échevin Debouverie était que les revenus du gaz et de l’électricité ne sont pas utilisés pour combler le trou que Dexia a laissé dans le budget, mais pour payer pour les crèches, les écoles et le personnel de la commune. Bien entendu, nous ne doutons du fait que les politiciens assez malins que pour ne pas nommer dans le budget communal les revenus additionnels sur l’énergie comme une ‘‘compensation pour les pertes de Dexia’’. Mais la question réelle est celle-ci : comment ce trou dans le budget pour les crèches, écoles et personnel de la commune est-il apparu ? Pourquoi manque-t-il de l’argent ? L’échevin des finances est-il si mauvais comptable qu’il a “oublié” de prévoir un budget pour cela ? Les pertes de Dexia ont quand même fait un trou de 2,5 millions € par an dans le budget de Saint Gilles, de l’argent qui a dû être trouvé ailleurs.

Nous revendiquons seulement que le budget pour ces services publiques essentiels soit recherché parmi les 1% les plus riches et les spéculateurs, pas avec nos factures d’énergie.

Rien ne s’est passé ?

La position des autorités communales est limpide : selon eux, il s’agit d’une erreur regrettable, est l’augmentation des prix de l’énergie n’est qu’une illusion. Et quand bien même il y aurait une augmentation des taxes, c’est la faute du gouvernement fédéral. Di Rupo devrait être ravi d’entendre cela de la part de ces ‘‘camarades’’ Saint-Gillois, la commune de Charles Picqué et Cathy Marcus.

En déviant la discussion sur des détails techniques, les autorités communales sont parvenues à ne pas avoir à répondre à nos questions. Il n’y aura donc pas d’initiative de la commune de Saint-Gilles pour diminuer les tarifs de SIBELGA. Il n’y aura pas d’initiative pour défendre un refinancement des communes payé par les 1%, au lieu d’aller chercher cet argent dans les poches de la population ordinaire. Saint-Gilles continue à faire payer la débâcle de Dexia par ses habitants…

Nous ne nous contentons pas de cette réponse évasive des autorités communales. Nous recontacterons l’échevin Debouverie pour avoir une réponse claire. Nous rechercherons consciencieusement d’où proviennent les revenus additionnels sur l’énergie en 2011 et en 2012 (la vente de tuyaux et de câbles). Nous écrirons ensuite après une réponse complète à cette réaction évasive des autorités communales.

L’attitude du collège illustre une chose : ce collège ne sera pas de notre côté si nous voulons nous organiser contre les mesures d’austérité qui nous attendent encore pour après les élections du 14 octobre. Nous serons obligé de nous organiser par nous-mêmes.

Cette campagne a suscité beaucoup d’enthousiasme parmi un grand nombre d’habitants de Saint-Gilles. Nous voulons utiliser cet enthousiasme pour en faire une opposition active et organisée contre la politique d’austérité de nos communes et des autres niveaux de pouvoir. Nous voulons lutter pour une société où les besoins de la grande majorité de la population sont centraux ! Rejoignez notre campagne ‘‘Reprenons nos Communes !’’

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Première page de Lutte Socialiste