Le 22 mai dernier se tenait à Montréal la plus grande manifestation de l’histoire du Canada. À l’appel de la CLASSE, le syndicat étudiant le plus combatif, et avec l’appui des syndicats, plus de 250.000 personnes se sont rassemblées au côté des étudiants et ont manifesté bruyamment pendant plusieurs heures dans les rues de la métropole. Ils voulaient souligner le 100e jour de la grève étudiante. Leur revendication principale est l’annulation de la hausse de 1625 $ du minerval annoncée par le gouvernement libéral de Jean Charest et la suppression de la ‘‘loi matraque’’ 78.
par Thomas, étudiant québecquois à Bruxelles et membre du PSL
Malgré l’ambiance festive de cette grande manifestation, les jours précédents ont été plutôt tendus depuis l’adoption de la loi spéciale 78. Cette loi a pour objectif de briser le mouvement de grève actuel en donnant aux forces policières de plus grands pouvoirs. On prévoit entre autres des amendes variant entre 5.000 et 50.000 $ pour des participants aux ‘‘lignes de piquetage’’, les piquets de grève, (de nombreux recteurs ont été chercher des injonctions des tribunaux pour forcer la reprise des cours au mois de mai), ou participant à une manifestation ‘‘illégale’’ alors que la police a dorénavant tous les pouvoirs pour l’autoriser ou pas.
La CLASSE a invité publiquement ses membres à ne pas se soumettre à cette loi anti-démocratique qui est par ailleurs anticonstitutionnelle et à pratiquer la désobéissance civile pacifique. Préparés à subir divers procès, ils refusent de collaborer avec les forces de l’ordre et de répondre aux nouvelles exigences. Ils ont aussi lancé un site: www.arretesmoiquelquun.com où, jusqu’à présent, plus de 4.500 personnes se sont publiquement engagées à ne pas respecter la nouvelle loi, en publiant leur photo pour permettre à la police de venir les arrêter.
La radicalisation des 150.000 grévistes déterminés à ne pas reculer et fatigués de la répression policière est majeure. Beaucoup de Québécois pensent que le gouvernement Charest est allé trop loin, et le soutien est large parmi la population. Les prochaines semaines seront cruciales pour l’issue du conflit. Cette lutte étudiante saura-t-elle être l’étincelle d’un mouvement généralisé au vu des diverses luttes industrielles qui prennent place actuellement au Québec ? Un réel front commun, travailleur et étudiant, combatif sera-t-il constitué contre les mesures d’austérité et les logiques néfastes du néolibéralisme ? La colère des travailleurs est palpables et ils ont de nombreuses raisons de vouloir faire tomber ce gouvernement, mais parviendront-ils à s’unir et à amener à terme cette lutte de classe? Espérons aussi que les représentants de la CLASSE, dont la majorité des grévistes sont membres, ne fassent pas comme leurs homologues de la FECQ/FEUQ lors de la grève de 2005, qui avaient accepté une entente à rabais.