Lors de la grève du 7 octobre, nos camarades du Brabant Wallon sont intervenus au zoning nord de Wavre. Un piquet d’une vingtaine de travailleurs bloquait l’entrée de leur boîte, Van Parys chocolatier. Le patron, qui n’avait plus vu de piquet depuis 30 ans, est venu intimider certains travailleurs qui étaient en situation plus difficile comme les intérimaires.
D’ailleurs, seuls quelques intérimaires et les délégués effectifs CSC sont allés travailler (les suppléants CSC, eux étaient au piquet !). Mais le patron ne s’est pas arrêté à ces intimidations. Il a fait appel à l’agence intérim ADECCO de Wavre pour faire tourner les machines. Les travailleurs n’ont évidemment laissé passer aucun des nouveaux intérimaires. Une délégation est partie chez ADECCO pour les faire arrêter. De même, au Disport de Wavre, seuls les intérimaires et les stagiaires travaillaient. Ce ne sont certainement pas les seuls cas où les patrons utilisent ces méthodes pour casser les grèves.
Pourtant ces méthodes sont illégales. L’entreprise Neuhaus de Vlezenbeek avait, elle aussi, décidé d’engager des intérimaires pour remplacer les travailleurs en grève. La centrale alimentaire de la FGTB avait alors intenté une action en justice contre cette pratique. Le tribunal du travail de Bruxelles a pris position en faveur du syndicat. Le juge a interdit l’emploi des intérimaires lors d’une grève sous peine de devoir payer une astreinte de 2 500 euros par employé. Le juge a déclaré dans son jugement que « les bureaux d’intérim ne peuvent embaucher des intérimaires dans une entreprise ou les faire travailler en cas de grève ».
Le travail intérim est aujourd’hui synonyme d’une augmentation de la flexibilité et une détérioration des conditions de travail. Les droits des travailleurs intérimaires ne sont pas respectés. Ils reçoivent souvent leur contrat, non pas avant de commencer leur boulot, mais seulement à la fin de la semaine, sur base de l’état de leurs prestations. C’est un moyen pratique pour éviter de payer un salaire en cas de maladie, ou d’un autre problème. Les bureaux d’intérim essaient aussi d’échapper au paiement des jours fériés en interrompant, par exemple, temporairement le contrat intérim. Les frais de déplacement ou les chèques repas sont régulièrement oubliés ou ne sont payés que partiellement. Il est aussi très fréquent de voir le salaire calculé de manière erronée. De même dans certain secteur comme dans les hôpitaux, les travailleurs intérimaires doivent payer une caution pour disposer des vêtements de travail et de protection. Même si officiellement les travailleurs intérimaires disposent de droits syndicaux, la précarité de leurs contrats empêche une réelle résistance à ces attaques. Le travail intérim est utilisé pour faire pression sur les conditions de travail de l’ensemble des travailleurs. C’est donc tous ensemble que nous devons répondre à ces attaques du patronat et du gouvernement.
Le droit de grève est de plus en plus attaqué. L’utilisation des intérimaires, des astreintes contre les piquets, les propositions de service minimum dans les transports, … La grève est un droit pour lequel nous devons encore lutter.