Des salaires plus élevés sans se tuer à la tâche : pas d’accord pour moins !

Ce mardi, les sections bruxelloises des trois syndicats se sont mobilisées contre la loi salariale de 1996.

L’accord du gouvernement fédéral sur le travail a été rejeté de toutes parts. Pour les patrons, cela ne va pas assez loin, les syndicats et l’opposition de gauche du PTB faisant remarquer – à juste titre – que l’augmentation de la flexibilité est inacceptable.

Des changements dans la politique du travail s’imposent, c’est évident. Le nombre de travailleurs qui n’en peuvent plus de travailler est en forte augmentation. De nombreux secteurs sont à bout de nerfs. Les « nouveaux » secteurs se caractérisent par une exploitation extrême. Mais s’en prendre à cette situation globale n’est aucunement le point de départ de la réforme du travail du gouvernement De Croo.

L’objectif des mesures proposées est d’accroître la flexibilité, présentée comme un choix personnel des travailleurs, alors qu’il s’agit bien entendu de faciliter la tâche au patronat. Tout ce qui a été obtenu en retour dans la lutte contre le faux statut d’indépendant dans les entreprises de plateforme va à peine au-delà de ce qui est proposé au niveau européen. Pour le PS, il s’agissait toutefois d’une question cruciale afin de maintenir l’apparence d’un « équilibre » de façade où l’on demande des efforts à la fois aux employés et aux employeurs. Les autres partis gouvernementaux de « gauche » ne font pratiquement aucun effort pour donner cette impression. Les Verts ont insisté sur le droit à la déconnexion, mais ce droit évident (si vous n’êtes pas au travail, vous n’êtes pas au travail !) ne s’applique qu’aux entreprises de plus de 20 employés. la La nécessité, dans les entreprises à horaire variable, de recevoir l’horaire de travail au minimum 7 jours à l’avance est positive. Peut-être le ministre ECOLO Gilkinet peut-il commencer à appliquer ce principe à la SNCB, où certains cheminots ne savent qu’un jour à l’avance quand ils doivent travailler !

La proposition de la semaine de quatre jours n’est pas la réduction du temps de travail que les travailleurs préconisent depuis des années. Alors que nous sommes beaucoup plus productifs aujourd’hui qu’il y a quelques décennies, le nombre d’heures de travail prestées est resté quasiment identiques. De là découle une pression plus élevée au travail avec tous les problèmes de santé que cela comporte. Pour rétablir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, une réduction du temps de travail serait logique. Nous défendons une semaine de quatre jours de travail, mais quatre journées de huit heures, tout au contraire de la proposition du gouvernement qui est de comprimer le travail de cinq jours en quatre. Bien entendu, certains travailleurs préfèrent travailler quatre jours au lieu de cinq – les médias nous bombardent d’exemples de ce genre – mais la réalité, c’est que ce ne sont généralement pas les travailleurs qui déterminent les modalités de leur travail.

Depuis leur tour d’ivoire de la rue de la Loi, les décideurs et décideuses politiques pensent protéger les travailleurs en suggérant qu’ils doivent demander par écrit de travailler volontairement dans le système des quatre jours et des dix heures, le patron devant justifier une réponse négative. Dans presque tous les lieux de travail, c’est le patron qui décide quand et combien de temps il faut travailler. Combien de travailleurs seront poussés vers des systèmes plus flexibles de journées de travail plus longues, éventuellement complétées par des semaines de travail plus longues et plus courtes ? En outre, la porte est ouverte pour rendre plus facilement accessible le travail de nuit jusqu’à 24 heures. Le projet pilote de commerce électronique peut être rapidement reproduit.

Les patrons et les commentateurs de droite ont largement dominé la réaction des médias. Ils sont venus nous dire que l’accord sur le travail est « loin d’être satisfaisant », pour reprendre les mots de la fédération patronale VOKA. Des économistes tels que Stijn Baert et Ive Marx ont noté que rien n’a été décidé en matière de pensions, d’assurance maladie et « d’activation des malades de longue durée ». Traduit du langage de leurs patrons : travailler plus longtemps et pousser les malades vers la sortie. Pour être complet, il faut ajouter qu’Ive Marx a au moins ajouté la question des négociations salariales libres. Des salaires plus élevés et de meilleures conditions pour attirer le personnel sont toutefois des tabous pour les patrons. L’opposition de droite de la N-VA et du Vlaams Belang est en grande partie d’accord avec le VOKA : elle plaide pour des mesures plus sévères à l’encontre des chômeurs, entre autres. Le VB recourt bien évidemment au communautaire : « Pas une seule mesure n’est prise pour activer les nombreux chômeurs wallons ». Toutefois, la mesure proposée par l’extrême droite – la limitation des allocations de chômage dans le temps – frapperait également les chômeurs flamands. Non, l’extrême droite n’est absolument pas « sociale » !

Les propositions du gouvernement De Croo ne sont pas dans l’intérêt des travailleurs et de leurs familles. Il est temps que les dirigeants syndicaux, avec l’opposition de gauche, disent clairement qu’il n’y a pas d’accord et que les actions seront intensifiées afin d’obtenir non seulement des augmentations salariales réelles mais aussi de meilleures conditions de travail, ce qui est également nécessaire pour continuer à travailler.

Pour les patrons, ce n’est jamais assez et nous devons travailler de manière de plus en plus flexible, et de préférence pour presque rien, car cela renforce leur « position concurrentielle » (lire : les gros profits). Le mouvement ouvrier doit taper du poing sur la table avec ses revendications: rupture de la norme salariale et de la loi sur les salaires, rétablissement de l’index réel, salaire minimum de 14 euros de l’heure, réduction du temps de travail avec maintien du salaire et embauche compensatoire, protection de la journée des 8 heures, etc. La manifestation « Basta » du PTB le 27 février offre une excellente occasion de donner force à ces revendications. Si quelque chose doit être activé maintenant, c’est la lutte sociale !

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