Le 12 mai dernier, la vague d’indignation qui secoue l’Europe depuis un an a retrouvé un nouveau souffle : des dizaines de milliers d’indignés ont défilé dans les grandes capitales pour protester contre la crise économique, le chômage et le sort infligé aux européens. A Madrid, où est né le mouvement, plus de 30.000 personnes ont manifesté pour exiger la fin des mesures d’austérité qui plombent l’économie et plongent des millions d’Espagnols dans la misère.
Par Pierre (Namur)
Bien que les revendications et les plans d’action ne soient pas toujours clairs, ces occupations montrent que la colère populaire ne faiblit pas face à une politique européenne qui va droit dans le mur. Alors que le chômage atteint un jeune espagnol sur deux, la vie est plus sereine pour les banquiers : en empruntant à la BCE à 1% puis en prêtant cet argent jusqu’à un taux de 6% aux Etats, ils se remplissent les poches… sans même utiliser leur propre argent !
Tous les gouvernements européens ont accepté d’appliquer la logique d’austérité sauvage préconisée par la Troïka (Commission Européenne, BCE et FMI). Que la sauce soit conservatrice ou social-démocrate, le menu est toujours le même : sauvetage des banques au profit des actionnaires, coupes drastiques dans les budgets sociaux (éducation, santé, transports publics), baisses des salaires et "flexibilisation" du travail ! En dessert : répression de la protestation. Le modèle : l’économie allemande, où des chômeurs se voient obligé de travailler pour 1€ de l’heure !
Cette politique ne fait que répandre la misère et ne permettra pas de sortir de la crise. Une partie de la classe dirigeante surfe sur l’opposition à la politique d’austérité et fait mine d’avoir autre chose à proposer. C’est le cas de François Hollande, élu grâce au rejet du bilan catastrophique de Sarkozy et qui veut renégocier le Pacte de Stabilité européen. Il annonce vouloir renouer avec la croissance en créant de nouveaux emplois et en taxant un tout petit peu plus les riches. Mais le peu de mesures concrètes avancées par Hollande ne consiste qu’à rendre d’une main ce qu’il prend dans l’autre : son programme prévoit d’éliminer le déficit budgétaire d’ici 2017 en coupant bel et bien dans les dépenses. Seule la méthode se distinguera de celle de Sarkozy, le rythme des attaques sera plus lent et plus nuancé. La base de sa politique sera la même : faire payer à la majorité de la population la crise des riches et des banquiers.
Partout en Europe, la colère est énorme et se manifeste avec plus ou moins d’intensité selon l’importance et le rythme des mesures d’austérité. Une majorité de travailleurs, de jeunes et de chômeurs sont conscients que la politique menée actuellement ne se fait pas dans leur intérêt mais au profit d’une minorité capitaliste qui dirige l’économie. En Irlande, la moitié des ménages a refusé de payer une nouvelle taxe instaurée pour rembourser la dette du pays, et la lutte continue avec le référendum du 31 mai prochain contre le traité européen d’austérité (l’Irlande est d’ailleurs le seul pays où la population pourra se prononcer !). Du mouvement des indignés à celui contre ACTA, de la dynamique du Front de Gauche de Mélenchon au succès de la gauche radicale grecque, la recherche d’alternative est énorme.
Il faut maintenant consolider et lier ces luttes entre elles pour construire un véritable bloc d’opposition à l’Europe des banques. Les médias nous abreuvent de belles paroles sur la grande construction européenne mais celle-ci s’est toujours faite au profit de l’élite dirigeante. Il est temps de renverser la vapeur et de construire une Europe solidaire, basée sur les besoins des populations, avec des banques gérées par le public et un partage du temps de travail. Une Europe socialiste.