Russie : Des partisans du CIO arrêtés à Moscou

Ce 18 mai, deux membres du CIO à Moscou ont été arrêtés dans le cadre du mouvement permanent d’opposition contre le règne de Poutine, et qui dure à Moscou depuis le 6 mai maintenant. Un camp s’était tout d’abord installé aux “Clairs Étangs” (Tchistye Proudi) dans le centre de Moscou, jusqu’à ce qu’un juge décide de donner l’ordre d’évacuer le camp avant mercredi dernier midi. La police anti-émeute a cependant attaqué dès les 5 heures du matin, forçant les manifestants à décamper à un autre endroit, situé près du métro “Barricades” (Barrikadnaïa), sur le périphérique central.

  • Moscou : Quand la manifestation vire à la bataille rangée

Le camp est de plus en plus organisé, une assemblée se réunissant chaque soir afin de prendre les décisions nécessaires. Il devient aussi de plus en plus politique, avec un centre d’information central qui organise des discussions et produit des tracts et autres littératures d’agitation.

Les camarades du CIO se trouvent au centre de ce travail, ce qui n’est pas passé inaperçu aux yeux des autorités. Ce vendredi 18 mai au soir, la police est entrée dans le camp et s’est dirigée droit sur le centre d’information. Elle y a arrêté deux membres du CIO : Dmitrii (Dima) Iérokhine et Konstantin (Kostia) Zamourenko ; elle a aussi confisqué l’ensemble du matériel et de l’équipement du centre d’infos.

Personne ne sait encore ce qui arrivera à nos deux camarades détenus. Beaucoup des manifestants arrêtés cette semaine ont été relâchés par la police aussitôt que leurs papiers d’identité avaient été vérifiés. Mais ceux qui sont considérés comme “meneurs” ont reçu des sentences de 5 à 15 jours de prison. Nous nous inquiétons dès lors du traitement qui sera réservé à nos camarades.

Nous appelons tous les sympathisants du CIO et tous nos lecteurs à téléphoner dès que police au commissariat de police où sont détenus Dima et Kostia, afin d’exiger leur libération immédiate.

Numéros de téléphone :

  • +7 499 256 7575
  • +7 499 256 7511
  • +7 499 259 0075

Envoyez également des mails de protestation à l’ambassade de Russie dans votre pays. Pour la Belgique : 1180, Bruxelles, avenue de Fre, 66. Téléphone 02/374.34.00, 02/374.57.38, mailamrusbel@skynet.be


Quelques éléments de contexte

Article datant du 9 mai 2012

Début mai, la manifestation place du Marais s’est terminée dans une brutale répression. De cette manière, le régime a définitivement déclaré quelle sera son attitude par rapport à l’opposition : il n’y aura pas la moindre démocratisation. Du torrent incessant de promesses qui a servi à masquer la moindre aggravation du niveau de vie pour la majorité, l’élite dirigeante est passée au dernier “argument” politique : la matraque.

Les autorités tentent d’écraser le mécontentement par la brutalité policière. Jusqu’ici, les journalistes sont toujours autorisés à photographier les détails les plus révoltants : même ceux qui ne sont pas encore descendus dans la rue doivent savoir qu’il vaut mieux rester à la maison. Mais le mécontentement est déjà tellement présent que le déchainement policier ne fait en réalité qu’encore plus enflammer l’opposition.

Les 7 et 8 mai, des gens se sont rassemblés à Kitaï-Gorod, aux Clairs Étangs et sur la place Pouchkine : sitôt que l’OMON (police anti-émeute) les chassait d’un point, ils se rendaient directement à un autre. Ces manifestations spontanées rassemblent à présent près de 2000 personnes. Des arrestations de masse ont commencé : les gens sont embarqués même pour le fait de porter un ruban blanc, sous prétexte d’enquête autour des événements du Marais. Certaines personnes arrêtées nous ont dit s’être vus accusés pour des faits de violation du régime de situation de crise, alors qu’aucune situation de crise n’a été déclarée.

Après deux jours, la nouvelle tactique de l’OMON – encercler les manifestants, puis les attraper un par un – a permis de remplir les commissariats de police avec plusieurs centaines de gens. On plaisante désormais sur le fait que le “combi” serait devenu un nouveau moyen de transport en commun. Cependant, au soir du 8 mai, cette tactique a montré ses failles, lorsque deux agents ont refusé de poursuivre les arrestations : ‘‘Ce sont juste des citoyens pacifiques’’. Et les autres agents ont refusé d’arrêter ces deux-là – et le commandement s’est vu contraint de laisser les manifestants retourner au métro.

Les opposants ne sont pas encore très bien organisés, ils passent d’un endroit à l’autre et ne peuvent offrir aucune véritable résistance à la police, mais ils accomplissent déjà des tentatives – assez fructueuses d’ailleurs – d’organiser la nourriture, la collecte des déchets, etc.

Le mouvement ne dispose pas encore de ses propres slogans et revendications, mais on discute à présent des prochaines étapes de la lutte, et tout ce que peuvent leur dire les Navalny et les Oudaltsov est – « Nous courrons devant l’OMON jusqu’au triomphe complet de la démocratie ». Certes, mais en aucun cas de tels mots d’ordre ne sont à même de satisfaire les opposants. Il faut à présent des propositions concrètes : comment lutter, et une organisation concrète des tâches.

L’expérience de la lutte en Égypte montre que les opposants au régime n’ont pu faire dégager Moubarak – le Poutine égyptien – que lorsqu’ils ont obtenu le soutien des masses des simples travailleurs, qui ont spontanément déclaré la grève générale qui a paralysé les grands centres : Le Caire, Alexandrie. Toutefois, l’action spontanée et inorganisée des travailleurs n’a pas destitué l’ensemble du régime, qui a laissé au pouvoir les dirigeants militaires. Pour une mobilisation capable d’en finir avec le régime, il faut des structures à la base – des comités de lutte dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les universités, qui prennent sur eux l’initiative : diffuser l’information, mener l’agitation et la propagande, élaborer les slogans et les revendications, unifier les travailleurs aux étudiants, soulever les masses dans la lutte contre le régime et sa politique, préparer la grève politique. Le régime qui nous a privé de notre droit à manifester, s’est mis à anéantir l’enseignement et les soins de santé gratuits, à faire baisser le niveau de vie de la majorité, en réduisant le budget social au profit de l’appareil militaire et répressif – et nous, les 99 %, devons dire : « Ça suffit ! »


N’attends pas les changements : Organise-toi et agis dès aujourd’hui !

La dispersion brutale des manifestants dans le centre de Moscou à la veille du couronnement de Poutine a démontré sans le moindre doute possible, qu’il n’y aura pas la moindre démocratisation du régime. La classe dirigeante diminue le niveau de vie de la majorité, et emploie la matraque contre les mécontents.

Malgré la crise économique, la quantité de milliardaires en Russie s’est accrue comme jamais. Les grands propriétaires se remplissent les poches, et l’État qui se trouve sous leur contrôle réduit le budget social : il commercialise l’enseignement et les soins de santé, prévoit d’augmenter l’âge du départ à la pension. Une hausse des tarifs des transports – elle a été reportée à l’été, afin de ne pas gâcher le tableau d’avant élections.

Le pouvoir a très bien compris que sa politique néolibérale suscite le mécontentement parmi les simples travailleurs, parmi tous ceux qui vivotent d’un salaire à l’autre. C’est pourquoi le financement de la police ces derniers temps n’a fait qu’augmenter – le régime est prêt à la lutte de classe. Après la fameuse réforme du ministère de l’Intérieur, le nombre de bavures policières n’a pas diminué. Mais grâce à elle, le pouvoir a rassemblé une meute de flics loyaux qui sont prêts à disperser la moindre action de protestation pour une hausse de salaire. La répression sanglante sur la place du Marais a encore une fois démontré que la police est là non pas pour protéger l’ordre et la loi, mais bien le pouvoir et la propriété de l’élite face aux assauts des plébéiens.

Mais quelle que soit la détermination du régime à serrer la vis, les gens sont partis pour protester jusqu’à ce que disparaisse la cause du mécontentement. Au même moment, les “leaders” autoproclamés de l’opposition ont démontré leur complète inconsistance. Les partis de l’establishment que sont le KPRF, SR et le LDPR ont refusé de remettre leurs mandats après les élections, comme cela leur avait été demandé de la part des manifestants sur les places – les petits postes confortables et bien au chaud qui leur permette de manger dans la main du pouvoir étaient plus importants à leurs yeux. L’opposition “hors-système” répète encore et encore ses lamentations sur le fait que les élections ne se sont pas déroulées de manière honnête, mais se tait quant aux raisons sociales et économiques qui ont poussé les gens à descendre sur les places. Et comment ! Leur propre programme ne diffère nullement de celui que mènent déjà aujourd’hui Poutine et Medvedev.

Il n’existe aujourd’hui pas la moindre force politique qui exprime nos intérêts de manière conséquente, les intérêts des 99 % – c’est à nous-mêmes et à personne d’autre qu’il revient de créer une telle force. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons arrêter les réformes néolibérales et que nous pourrons liquider l’ensemble du régime et pas uniquement changer le visage qui se trouve au sommet, ce à quoi veulent se limiter les libéraux, les nationalistes et une partie de la gauche qui parle de “révolution bourgeoise”.

La seule chose que nous pouvons opposer à la politique du pouvoir est la solidarité et la lutte organisée des travailleurs contre les fauteurs de crise : les grands propriétaires, les banquiers, les bureaucrates et leur État. Dans diverses villes, les simples gens sont déjà passés à la vitesse supérieure, au-delà des revendications “démocratiques”, et apprennent à mener leur propre politique par-dessus la tête des leaders et guides du sommet. Les travailleurs du pétrole du Bachkortostan, les ouvriers de Benteler et de Perekrestka, sont en train de créer des syndicats de la base pour la lutte pour leurs droits au travail. Les étudiants de l’Université d’État de Moscou (MGU) et d’autres universités s’unissent en groupes d’initiatives pour s’opposer aux réformes dans l’enseignement. Les habitants de Joukovski et d’autres villes organisent des actions contre l’abattage des parcs et des forêts.

Il nous faut suivre le même chemin : organiser des foyers d’opposition dans nos cours d’immeubles, sur notre travail, dans notre université – créer des comités de lutte qui prennent sur eux l’initiative de la lutte contre le régime et contre la politique de coupes dans le budget social. En se propageant et en tirant à soi de plus en plus de travailleurs et d’étudiants, ces groupes pourront poser la question d’une grève générale politique. C’est comme cela que ça s’est passé en Égypte : ce n’est qu’après avoir paralysé économiquement tout le Caire et en sortant massivement dans les rues que les travailleurs ont pu obtenir la démission du détesté Moubarak.

La section russe du Comité pour une internationale ouvrière (KRI) appelle tous les travailleurs à se joindre à la lutte contre la politique de la classe dirigeante ; nous disons :

  • À bas l’ensemble du régime ! Non aux coupes dans le budget social, non à la commercialisation de l’enseignement et des soins de santé ! Pour la collectivisation de l’industrie et des banques – des ressources pour les allocations et pour la construction de logements sociaux !
  • Contrôle complet sur la police de la part de comités de résidents locaux, des syndicats et d’organisation citoyennes.
  • Créez des comités de lutte dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les écoles, dans les universités, pour la lutte contre le régime. Organisez des syndicats !
  • Fondons un parti de masse des travailleurs et des étudiants pour la lutte pour une société démocratique et socialiste, qui mettra un terme à la crise économique et qui relèvera le niveau de vie de la majorité !
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