Ce 30 novembre les sans-papiers de l’Union des sans papiers pour la régularisation (USPR) fêtaient un triste anniversaire : les 10 mois d’occupation de l’église du Béguinage. Les grévistes de la faim et leurs soutiens estiment avoir été trahis par le secrétaire d’état à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V), alors que tombent les premières décisions de l’Office des Étrangers. Sur 20 dossiers communiqués aux avocats, 5 sont déjà négatifs.
Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
Tout en comprenant bien le profond désespoir ainsi que la frustration des sans-papiers en lutte, le PSL/LSP, notamment par le biais de ses membres sans-papiers, avait défendu dès le début que la grève de la faim n’était pas en mesure de construire le rapport de forces nécessaire pour arracher une réelle victoire. Seule la construction patiente d’un mouvement de masse en est capable.
La question des migrations ne va pas disparaître de la scène. Les travailleurs des centres des FEDASIL ont récemment organisé 24 heures de grève pour dénoncer le manque de places et de moyens concernant l’accueil des demandeurs d’asile. La crise en Afghanistan et la réouverture des routes migratoires cet été ont de nouveau plongé le système d’accueil belge au bord du gouffre. Les pratiques de la police des frontières sont de plus en plus répressives, comme l’ont illustré les deux cas d’étudiants ressortissants étrangers arrêtés sans justification et placés en centre fermé… alors qu’ils étaient en règle ! Ils ont été libérés grâce à la solidarité et à la mobilisation des étudiants et des universités.
Pendant ce temps, les sans-papiers restent à la merci des patrons qui profitent de leur situation pour les exploiter à des salaires de misère dans des conditions parfois dangereuses, ce qui met pression sur les conditions de travail et de salaires de toutes et tous. Fethi Mohammed, un ex-gréviste de la faim, s’est retrouvé contraint de travailler sur un chantier en dépit de ses problèmes de santé. Il est tombé d’un échafaudage et a fait une chute de 5 mètres. Il s’en sort avec plusieurs fractures et un traumatisme crânien. Le voilà le vrai visage la politique migratoire du gouvernement.
Plusieurs initiatives se développent aujourd’hui avec la naissance de nouveaux collectifs, comme celui qui a lancé plusieurs actions autour de l’occupation de l’ancien siège de la KBC à Molenbeek. Le collectif des sans-papiers de la CSC se mobilise pour récupérer des salaires que des patrons qui exploitent les sans-papiers refusent de leur payer. L’USPR traîne l’Etat belge en justice contre les décisions négatives de l’Office des étrangers.
Une réelle victoire exige de travailler à l’unité de ces collectifs et de leurs soutiens autour de la construction d’un plan d’action national qui accorde une grande attention au lien avec les autres mouvements de lutte, tout particulièrement syndicaux (pompiers, personnel infirmier, employés du non marchand, etc).