« Nos revendications sont modérées, nous voulons juste la Terre »

Délégation d’ASI à la manifestation du samedi à Glasgow.

Vendredi, une grande manifestation a eu lieu à Glasgow en marge de la COP26 à l’appel de Fridays for Future avec la participation de milliers d’étudiants du secondaire et du supérieur. Ce cortège très dynamique était un parfait échauffement pour la grande manifestation qui a eu lieu le lendemain. Greta Thunberg figurait parmi les orateurs qui se sont succédé au podium à la fin de la manifestation. Avant qu’elle ne prenne la parole, notre camarade Amy Ferguson, une syndicaliste d’Irlande du Nord membre d’Alternative Socialiste Internationale. Voici ci-dessous son discours traduit en français et la vidéo de son intervention.

« Mon nom est Amy Ferguson. Je suis militante syndicale de Unite Hospitality en Irlande du Nord et je suis également membre d’Alternative Socialiste Internationale.

« Cette semaine, Boris Johnson a admis que les réunions internationales comme le G20, et j’ajouterais la COP26, ne sont que des gouttes d’eau dans un océan surchauffé. Ces prétendus dirigeants du monde et leurs sponsors du secteur des combustibles fossiles ont eu des décennies pour agir, mais ils n’ont toujours rien à nous offrir, si ce n’est du greenwashing capitaliste. Ils continuent leurs affaires comme si de rien n’était et nous devons l’accepter parce qu’ils plantent quelques arbres ? C’est le mieux qu’ils puissent nous offrir. Il suffit de gratter la fine couche de vernis de leur rhétorique pour voir à quel point celle-ci est vide de sens.

« Depuis l’accord de Paris sur le climat en 2016, les 60 plus grandes banques du monde ont investi 3.800 milliards dans des entreprises de combustibles fossiles. Ce n’est pas seulement de l’inaction, cela revient à détruire activement notre planète. Les délégués à la COP26 se félicitent du peu qu’ils font, tout en veillant à ne pas trop marcher sur les plates-bandes de leurs sponsors des énergies fossiles. N’oublions pas que ce ne sont pas eux qui ont mis le climat sur le devant de la scène : ce sont les millions de jeunes et de travailleurs du monde entier qui l’ont fait. Ce sont ces mouvements qui nous offrent une bouée de sauvetage.

« La semaine dernière, j’ai participé à une conférence de mon syndicat avec des centaines de délégués représentant un million de membres de Grande-Bretagne et d’Irlande. Lors de cette conférence, nous avons eu une discussion sur ce qu’il faut faire face à la crise climatique. Des travailleurs de l’industrie lourde, des transports et d’autres secteurs ont dit à quel point le mouvement pour le climat les inspirait. Ils ont dit combien il est nécessaire que nos mouvements soient connectés. Certains essaient de nous dire que nous devons choisir entre une planète vivable et des emplois décents, mais c’est tout le contraire qui est vrai. Il y a tellement de travail à faire pour construire des infrastructures vertes ou développer de nouvelles technologies ! L’initiative pour cela ne viendra pas d’en haut ; l’initiative et la connaissance pour tout ça sont présentes parmi les travailleurs.

« À Belfast, il y a quelques années, les travailleurs du chantier naval Harland & Wolff étaient confrontés à la menace de la fermeture de leur chantier et à la perte de leurs emplois. Au lieu d’accepter cela, les travailleurs ont occupé le chantier et proposé une alternative claire. Ils ont déclaré que leurs connaissances et leurs compétences devraient être utilisées pour construire des infrastructures vertes. Ils ont fini par sauver leurs emplois.

« La semaine dernière, le personnel ferroviaire en Écosse a menacé de faire grève autour de revendications salariales. S’ils stoppent leur travail, ils sont capables de paralyser des villes entières. Cette menace a suffi à imposer une augmentation de salaire. Avec tous ceux qui défendent des transports publics gratuits et décents, nous devons nous rapprocher de ces travailleurs pour utiliser notre force collective. Rien ne peut nous arrêter en faisant cela ! Au fait, c’est une excellente chose que les éboueurs de Glasgow en grève soient ici. Ils méritent notre entière solidarité.

« Notre énergie ne doit pas disparaître après ces actions. Nous devons continuer à nous organiser et à tisser des liens entre nous. Ce sont les jeunes et les travailleurs qui peuvent offrir une issue à la crise. Nous disposons de la force, des plans et des idées, mais nous ne pouvons pas contrôler ce que nous ne possédons pas. Notre mouvement doit se concentrer sur la racine des problèmes. Nous ne devons pas permettre au système capitaliste et à ses milliardaires, ses PDG et leurs politiciens de continuer sur la même voie désastreuse. Nous devons retirer le pouvoir de leurs mains.

« L’alternative doit être socialiste, elle doit reposer sur la propriété publique et le contrôle démocratique des plus grandes entreprises et du secteur financier. Cela nous permettrait d’élaborer un plan international fondé sur les besoins des populations et de la planète, et non sur les comptes bancaires des riches. Les politiciens nous disent d’être réalistes et modérés. En réponse, je veux répéter les mots du syndicaliste et socialiste irlandais d’origine écossaise James Connolly : nos revendications sont modérées, nous voulons simplement la Terre. »

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