La résistance antifasciste au nazisme a donné naissance à de nombreux héros. Un nouveau livre d’Anne Vanesse raconte ainsi l’histoire de Sophia Poznanska, une jeune femme d’origine juive devenue communiste en Palestine et son rôle important dans l’Orchestre rouge, un mouvement de contre-espionnage soviétique. Les nazis ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher que les précieuses informations ne parviennent à Moscou. Sophia Poznanska a finalement été arrêtée et s’est suicidée à la prison de Saint-Gilles pour échapper aux tortures de la Gestapo.
Le combat et la vie des résistants sont généralement méconnus du grand public. Il revient aux antifascistes et au mouvement ouvrier de raconter l’histoire de leurs propres héros. Ce livre sur Sophie Poznanska doit être considéré dans ce cadre. Il fait explicitement référence à des pionniers comme Gilles Perrault qui, dans les années 1960, a fait connaître à un large public l’histoire remarquable de Léopold Trepper et de l’Orchestre rouge. À la fin de ce nouveau livre se trouve une interview intéressante de Gilles Perrault. On m’a demandé d’écrire une préface sur le regard que les marxistes portent sur l’Orchestre rouge, sur le rôle de certains autres membres de l’Orchestre rouge, comme l’Anversoise Vera Akkerman, et de faire le lien avec les luttes antifascistes actuelles.
Poznanska a connu une jeunesse difficile en Pologne, où elle s’est engagée très tôt dans le mouvement Hachomer Hatzaïr. Ce mouvement de jeunesse était sioniste de gauche, un mouvement fortement implanté parmi les migrants juifs en Palestine. Le sionisme était une réaction au racisme anti-juif en Europe. En Palestine, Poznanska, comme Léopold Trepper et d’autres, s’est détournée du sionisme. Elle constatait que la « terre promise » ne signifiait pas la fin de la lutte des classes et fut choquée par l’oppression de la population arabe. Poznanska est devenue communiste parce qu’elle a compris que pour mettre fin à toutes les formes d’oppression, il fallait changer la société. De nombreux dirigeants du Parti communiste palestinien ont dû partir dans les années 1930 en raison de la répression exercée par les colons britanniques. Sophia s’est retrouvée à Paris, puis à Bruxelles. Elle y a poursuit ses activités, entre autres dans l’Orchestre rouge. Ce groupe de résistance transmettait des informations à Moscou, notamment les plans d’invasion de l’Union soviétique par les nazis. Sophia Poznanska a joué un rôle central dans la branche bruxelloise de ce groupe de résistance. En 1941, elle a été arrêtée et torturée par la Gestapo. Elle n’a pas avoué. Pour s’assurer qu’elle ne donnerait aucune information aux nazis, elle s’est suicidée en 1942 à la prison de Saint-Gilles.
Ce livre raconte non seulement l’histoire de Sophia Poznanska, mais fournit également des informations intéressantes sur les origines du Parti communiste palestinien et les débats au sein de la gauche de l’époque sur la lutte contre toutes les formes d’oppression. Il faut davantage de livres qui mettent en lumière le rôle des héros de la résistance antifasciste et qui peuvent servir d’inspiration à ceux qui se dressent aujourd’hui contre l’extrême droite, contre l’oppression et pour une société socialiste.
– Anne Vanesse, Sophia Poznanska. Du Parti communiste palestinien à l’Orchestre rouge, Éditions Cimarron, 2021, 250 pages. En vente en ligne auprès de notre webshop au prix de 12€ + frais de port.
– Lancement du livre le vendredi 5 novembre à 17 heures au centre « De Markten » (Rue du Vieux Marché aux Grains n°5, Bruxelles). Intervenants : Anne Vanesse et Geert Cool.