Le train de l’austérité n’a fait que démarrer – Que nous restera-t-il au terminus ?

Les 11,3 milliards d’euros pour le budget de 2012, les 2,4 milliards du dernier contrôle budgétaire et les 800 millions d’euros d’assainissements dans les régions ne sont qu’un début, le début d’une extrême austérité et de quelques décennies de diminution du niveau de vie pour de larges couches de la population.

Par Anja Deschoemacker

Le Haut Conseil des Finances estime les efforts budgétaires à venir à 5 milliards en 2013, 8 milliards en 2014 et 11 milliards en 2015. Vers 2015, tous les gouvernements doivent présenter un équilibre budgétaire. Les régions et communautés payent aussi en ne recevant que 75 à 80% du budget pour les compétences transférées. Cela les obligera à trouver 4 milliards d’euros (en plus des efforts pour remettre à zéro leur déficit budgétaire).

Cela fait suite à des décennies d’amortissement de la dette, que les travailleurs et les allocataires sociaux ont essentiellement dû payer. Résultat: une paupérisation croissante, l’augmentation du nombre de ‘‘travailleurs pauvres’’, la nécessité de disposer de deux salaires pour atteindre le niveau de vie qu’une famille pouvait encore avoir avec un seul trente années passées. Tous ces efforts ont été annihilés en un weekend quand le gouvernement a décidé de sauver les capitalistes du secteur bancaire. Désormais, une nouvelle tournée d’amortissements arrive. Dans 10 à 20 ans aura-t-on besoin de trois salaires par famille pour s’en sortir ?

Il suffit d’ouvrir son journal pour voir quelle est déjà la réalité aujourd’hui. Les agressions contre le personnel de la Stib ou des Tec auraient-elles pris ces proportions s’il y avait encore deux travailleurs par tram ou bus ? Le personnel des prisons devrait-il craindre tous les jours pour son bien-être physique et sa vie si on n’avait pas refusé pendant des années d’embaucher plus de personnel et d’élaborer des alternatives pour tous ceux qui ne sont pas à leur place en prison ?

Ce ne sont là que deux secteurs souffrant de manque de moyens et d’une trop grande pression au travail. Dans n’importe quel autre service public, les similitudes sautent aux yeux. Aucune solution n’arrivera pour ces problèmes sociaux toujours plus pénibles, au contraire. Plutôt que de débloquer des moyens supplémentaires, de nouveaux assainissements vont être imposés.

Il est encore trop tôt pour dire avec précision quelle sera la nature des nouvelles mesures d’austérité, mais au regard de la politique menée ces 30 dernières années, il est évident que cela ne touchera pas ceux qui vivent réellement “au-dessus de leurs moyens” : les grands actionnaires, les banquiers et les topmanagers qui s’approprient toujours plus les bénéfices de cette société. C’est la grande majorité des simples travailleurs, des allocataires sociaux, des pauvres,… qui devra casquer. Rien ne laisse supposer que les partis au pouvoir puissent faire montre de remords. Derrière toute la rhétorique ‘‘sociale’’ des partis sociaux-démocrates, et dans une moindre mesure des partis chrétiens-démocrates, se cache la vieille manoeuvre de diversion visant à chercher un rien chez les super riches pour ensuite pouvoir prendre les milliards dans les poches des 99% les plus modestes.

Il ne faut pas non plus attendre quelque chose de l’opposition parlementaire actuelle. La NVA veut, comme chacun le sait, une politique d’austérité beaucoup plus dure encore. Les partis verts parlent bien de quelques mesures sociales et d’attaques contre les super riches, mais ils restent eux aussi dans la lignée néolibérale. Ainsi, Groen s’oppose aux attaques contre l’indexation des salaires, mais trouve quand même que les coûts salariaux doivent baisser. Mais moins d’impôts sur les salaires, cela signifie moins de revenus pour le gouvernement et donc plus de nouvelles mesures d’austérité. L’expérience de ces dernières décennies illustre de plus très clairement qu’une baisse des coûts salariaux n’entraîne aucune augmentation d’emplois.

Les seules organisations en Belgique qui peuvent arrêter ces politiciens bourgeois et leur politique d’austérité, ce sont les syndicats. Mais mener une lutte principielle et résolue contre ces attaques nécessite que les syndicats se séparent des partis de l’austérité. Les syndicalistes de gauche doivent stimuler la discussion sur ce que pourrait être une vraie politique de gauche et sur les instruments dont nous avons besoin pour l’imposer : des syndicats combattifs et démocratiques et un nouveau parti des travailleurs large combattif et démocratique !

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