
Ce 20 juin, environ 2.000 personnes (notamment des représentants de diverses structures syndicales) ont manifesté à Bruxelles en soutien à la régularisation des personnes sans-papiers. A ce moment-là, des sans-papiers de l’Union des Sans-Papiers pour la Régularisation (USPR) venaient de dépasser les 25 jours de grève de la faim. Le lendemain, le secrétaire d’État à l’asile et à la migration Sammy Mahdi (CD&V) déclarait « Je ne vais pas négocier ».
Pour la galerie, le secrétaire d’État a versé des larmes de crocodile : « Cette situation me préoccupe, je me fais du souci pour la santé de ces personnes et je déplore leur décision de faire cette grève de la faim. » Dans les faits, il défend un projet de loi qui autoriserait les visites domiciliaires afin de déloger les sans-papiers qui s’inspire du projet de loi du gouvernement Michel qui a dû être abandonné face au tollé. Aujourd’hui, la question divise le gouvernement, le grand écart devenant très gênant pour le PS ou ECOLO entre les belles paroles en soutien des sans-papiers et la participation à la politique raciste du gouvernement.
Avec le déconfinement et dans la foulée des occupations politiques organisées par l’USPR à Bruxelles (Béguinage, ULB,…), l’occasion se présentait de prendre le temps de construire une large mobilisation vers une manifestation nationale en faveur de la régularisation des sans-papiers. La manifestation du 20 juin en a d’ailleurs illustré le potentiel : il s’agissait de la plus importante manifestation sur ce thème depuis 2018 alors que la date n’avait été connue que peu de temps à l’avance.
Mais la situation tragique dont sont victimes les sans-papiers, encore aggravée par la pandémie, liée à la frustration face à l’arrogance du secrétaire d’État a ouvert un espace à l’idée de lancer une mesure aussi extrême que la grève de la faim. Le PSL/LSP est, comme toujours, solidaire de la lutte des sans-papiers. Nous partageons leur frustration face à l’immobilisme du gouvernement. Mais nous estimons que la grève de la faim est bien moins capable d’obtenir une réelle victoire qu’une mobilisation large tout en étant dangereuse pour la santé physique et psychologique des militants. Si le gouvernement continue de faire la sourde oreille, quelle étape ultérieure ?
Une réelle victoire exige de rassembler largement pour forger un puissant rapport de forces grâce à un plan d’action national lié aux autres mouvements sociaux. La grève de la faim ouvre le risque que le mouvement se referme sur lui-même et s’épuise au lieu de s’ouvrir vers les couches plus larges de la société. La marche de ce 20 juin était un bon pas en avant pour stimuler le mouvement pendant l’été et, nous l’espérons, donner un élan vers une mobilisation nationale annoncée suffisamment à l’avance à la rentrée.