Ce 1er mai 2012, les discours que l’on a pu entendre ont été des plus divers, allant du soutien habituel à la social-démocratie de la part du président de la FGTB Rudy De Leeuw aux déclarations du secrétaire général de la FGTB de Charleroi, qui n’a pas hésité à remettre les dirigeants du PS à leur place. Dans tout le pays, les militants du PSL ont pu compter sur un bon écho lors de leurs interventions.
Par Geert Cool
Les dirigeants du SP.a et PS ont partout eu le même discours, et ont souligné la manière dont le gouvernement a pu prendre un certain nombre de mesures progressistes. Le gel des prix de l’énergie a particulièrement été mis à l’honneur. On n’a pas beaucoup entendu dire par contre que les sociétés du secteur de l’énergie en tiennent à peine compte. Personne n’a non plus relevé que les prix ont scandaleusement explosé depuis la libéralisation du secteur, et personne n’y a opposé la nationalisation du secteur énergétique. Différents responsables du SP.a s’en sont pris au patron belge de l’entreprise d’interim Adecco qui, du haut de sa montagne d’argent planqué en Suisse, veut s’en prendre au 13e mois ainsi qu’au pécule de vacance. Mais ces dirigeants du SP.a (nous avons entendu parler Monica De Coninck à Anvers et Caroline Gennez à Malines) ne parlent évidemment pas de vivre au salaire moyen d’un travailleur… A Malines, Caroline Gennez a été soutenue par son très bon ami et président de la FGTB Rudy De Leeuw, qui n’a eu de cesse de lancer des fleurs à ses amis du SP.a et a réclamé du bout des lèvres l’abolition de la déduction des intérêts notionnels.
A Charleroi, heureusement, un autre son de cloche a sonné. Le secrétaire général de la FGTB de Charleroi Daniel Piron, relayé dans différents médias, avait déclaré la veille du 1er mai que le PS ne défend plus les intérêts des travailleurs et qu’il nous faut une nouvelle formation politique de gauche. Daniel Piron a notamment affirmé que nous ne devrions pas être pris au piège de l’argument selon lequel la social-démocratie défend le mécanisme d’indexation des salaires : »Mais combien de fois devra-t-on payer pour le maintien de l’index ? » a-t-il demandé dans les pages de La Libre. Il déclare à juste titre que l’argument selon lequel les choses seraient pires sans le PS est de moins en moins pertinent : »La politique du moindre mal, cela ne passe plus chez nous. Les militants ne peuvent plus entendre que « sans le PS, ce serait pire ». Même des militants de la vieille garde montent à la tribune pour dire qu’ils se sentent trahis par le PS. » Il a encore déclaré que, après la grève générale du 30 janvier dernier, il est parvenu à la conclusion qu’il est crucial d’avoir une nouvelle formation politique avec un programme anticapitaliste, sous l’inspiration de Jean-Luc Mélenchon et du Front de Gauche en France. A cette fin, il a explicitement mentionné »le Parti du travail de Belgique, la Ligue communiste révolutionnaire, le Parti socialiste de lutte ». A l’occasion du défilé du premier mai à Charleroi, il n’a pas hésité à s’en prendre aux dirigeants du PS, y compris le Ministre Magnette et le dirigeant local Van Cau.
Ce débat concernant l’alternative politique nécessaire face à la logique d’austérité était d’ailleurs également présent en d’autres endroits. Du côté néerlandophone, nous avons mené campagne avec le mouvement politique plus large Rood! Qui, à l’occasion de ce premier mai, a distribué en masse son nouveau journal »Volksgazet ». La veille, Rood! Avait annoncé publiquement que le mouvement présenterait des listes dans plusieurs communes, y compris à Anvers (où il y a toutefois encore la volonté de reprendre les discussions avec le PTB pour constituer un »Front de gauche »). Rood! A constitué à Anvers, une délégation réussie, rejointe par une vingtaine de militants de la campagne Tamil Solidariteit.
Le PSL est intervenu dans un grand nombre d’activités, où nous avons vendu notre mensuel. Cette année, 727 exemplaires ont été vendus, soit plus que les années précédentes (640 en 2011 et 704 en 2010). A Gand, nous avons doublé notre vente pour atteindre le chiffre de 135 journaux. Ailleurs en Flandre Orientale, nous avons vendu 15 exemplaires à Sint-Niklaas et 66 à Alost et Termonde. En Flandre Occidentale (Ostende, Bruges) nous sommes arrivés à 45 exemplaires. Dans la province d’Anvers, nous avons été présents à trois défilés différents : à Anvers, à Malines et à Turnhout. A Anvers, pour la première fois, nous avons vendu plus de 100 exemplaires de notre mensuel, environ 120. A Louvain, il est généralement plus difficile pour nous d’intervenir, dans le cadre d’une manifestation plus limitée. Cette année, nous y avons vendu un total de 24 journaux, plus que l’an dernier également. Des militants du PSL étaient aussi présents dans une manifestation plus limitée dans le Limbourg.
Du côté francophone, nous étions présents à Liège, Namur, Charleroi, La Louvière et, bien sûr, dans la région bilingue de Bruxelles. A Liège, nous avons vendu 129 exemplaires de notre journal, Bruxelles a fait presque aussi bien avec 128. les autres interventions ont été plus restreintes. A Charleroi, une manifestation de plusieurs centaines de participants a eu lieu. Étant donné le discours du Secrétaire général de la FGTB, ce fut une manifestation importante pour nous, et nous y avons vendu 33 exemplaires de Lutte Socialiste. Finalement, des interventions ont également eu lieu à Namur (20 exemplaires) et La Louvière (14).
Ce 1 mai a été caractérisé par de profondes discussions concernant le rôle joué actuellement par la social-démocratie. Le Front de Gauche en France, qui rassemble des courants différents qui préservent chacun leur identité autour d’une campagne offensive menée ensemble, a marqué les esprits. Cela pose la question d’un front unissant les forces de gauche au niveau politique et syndical. Cette discussion gagnera en importance dans les mois et années à venir. Nous nous réjouissons donc de l’initiative qu’a commencé à prendre la FGTB de Charleroi.