Port du voile : aux femmes de décider !

Action d’étudiants anversois contre l’interdiction du port du voile en mars 2017. Photo : Liesbeth

Un arrêt rendu par le tribunal du travail le 3 mai dernier a fait rebondir la polémique. La Stib a été condamnée pour discrimination subie par les femmes portant le foulard, le tribunal donnant raison à une plaignante dont deux candidatures avaient été recalées en raison d’un refus d’ôter son voile dans le cadre de la fonction pour laquelle elle postulait.

La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) défend le droit des femmes à s’habiller comme elles le désirent. Qu’il s’agisse d’une mini-jupe, d’un t-shirt troué, d’un pantalon ou d’un voile. Nous défendons le droit des femmes à librement choisir de porter ou non le voile ou le foulard. Cela signifie que nous sommes opposés aux conservateurs qui veulent interdire le port du voile, mais que nous sommes aussi opposés aux autres conservateurs qui veulent l’imposer. Le combat féministe est synonyme de lutte pour la liberté de choisir librement comment s’habiller.

Les défenseurs de l’interdiction du voile prétendent qu’elle s’applique à tout symbole religieux visible. Ils font – très mal – semblant de ne pas remarquer qu’ils s’en prennent essentiellement à l’interdiction du voile. Les musulmans sont les boucs émissaires des populistes de droite, c’est connu. En mettant l’accent sur la pression sociale que les filles peuvent subir pour porter le voile, ils entretiennent l’illusion que cette interdiction serait une protection pour les jeunes musulmanes.

Cela ne signifie pourtant pas que les musulmanes non-voilées ne sont pas confrontées aux intimidations diverses, aux regards insistants ainsi qu’aux remarques racistes et islamophobes. Le choix conscient de porter un voile ne se limite généralement pas à la religion. Cela fait partie de la formation d’une identité culturelle, où joue même parfois l’élément de résistance à l’islamophobie. L’interdiction ne met d’ailleurs pas fin à la pression sociale réelle que certaines jeunes filles subissent pour porter le voile. Cela renforce juste leur isolement puisqu’elles n’ont plus accès à l’école officielle ou sont obligées de se rendre dans une école musulmane.

Ce débat sur le port du voile masque de vrais problèmes de discrimination et de manque de moyens, dans le domaine de l’éducation par exemple. Nous lions donc à cette question la défense d’un enseignement accessible à toutes et tous, un enseignement qui tienne compte des différents milieux et qui dispose du personnel qualifié en suffisance pour faire face aux discriminations au sein de l’établissement, qu’il s’agisse de la pression des pairs ou du racisme. Ce sont des conditions préalables au développement personnel de toute une génération issue de l’immigration. Aujourd’hui, notre système éducatif reproduit les inégalités fondées sur l’origine.

Pour qu’il soit possible de réellement faire un choix en toute liberté, l’amélioration de la position sociale des femmes dans la société est importante et tout particulièrement la garantie de leur indépendance financière. Cela signifie l’individualisation du droit aux allocations sociales, un salaire minimum de 14 euros de l’heure, des allocations sociales et des pensions qui dépassent le seuil de pauvreté, des emplois de qualité et des salaires correspondants, indépendamment du genre, de la religion ou de l’apparence, etc.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai