Pas d’immunité collective sans régularisation des sans-papiers

Depuis le début du plan de vaccination en Belgique les politiques mettent en avant la volonté de vacciner tous les publics, y compris les plus précaires, dont les sans-abris et les sans-papiers. Cela ne sera pas un enjeu facile à réaliser sans leur donner des droits !

Par Pietro (Bruxelles), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

Dans le cadre de la crise sanitaire, la détérioration de l’état de santé des personnes sans-papiers est manifeste. Peu des mesures ont été prises pour essayer d’inverser cette tendance.

Sous l’impulsion des associations, les démarches d’Aide Médicale Urgent (AMU) ont été assouplies afin d’encourager les personnes sans papiers présentant les symptômes à consulter un médecin rapidement, et ainsi à éviter la propagation du virus. Ces dispositions sont tout à fait insuffisantes: étant donné leur situation administrative, les sans-papiers redoutent et repoussent le moment de consulter un médecin, par méconnaissance de ces nouvelles dispositions et par peur d’une facturation ultérieure ou d’une arrestation sur le chemin des urgences. De plus, les dispositifs médicaux associatifs habituellement fréquentés par un public sans-papiers ont été limités, restreignant l’offre d’information et de soin.

Fin mars, un centre de soins médicaux a été mis en place à Tour & Taxis, où les personnes sans domicile et les migrants, surtout sans papiers, sont testés, en collaboration avec la plateforme citoyenne Refuges Welkom et Médecin du Monde. Cette structure a accueilli 163 personnes, soit très peu par rapport au nombre de sans-papiers présents sur le territoire.

Sans des investissements publics importants dans les structures d’accueil, dans les centres d’hébergement et associations du secteur, dans les centres médicaux et dans le secteur de la santé en général, il ne sera pas possible de rentrer en contact avec ce public précaire.

La vaccination des sans-papiers

Selon le Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, chaque sans-papiers, chaque réfugié, chaque demandeur d’asile doit être vacciné. Réagissant aux propos de Dries Van Langenhove (Vlaams Belang) à la Chambre concernant le coût de la vaccination des sans-papiers, le Secrétaire d’État (CD&V) a répondu avec des arguments d’extrême droite : « La vaccination va faciliter les expulsions des sans-papiers puisque les pays d’origine invoquent le COVID comme excuse pour le refus de retour » !

En Région bruxelloise l’idée est d’utiliser les équipes de terrain et de proposer à ce public un vaccin en une seule dose. Cela montre l’absence totale de volonté de prendre sérieusement en considération les sans-papiers. La réalité c’est que les sans-papiers sont exclus du système de soins de santé traditionnel.

La seule manière de vacciner les plus précaires et de protéger ainsi toute la population est une régularisation de tous les sans-papiers. Le fait de ne pas trouver rapidement une solution durable pour les sans-papiers met en péril non seulement la santé de ces personnes, mais aussi celle de tous les citoyens de Belgique. Il est temps de se battre pour une véritable stratégie de vaccination avec un plan de santé publique à long terme, en accordant la citoyenneté pleine et entière aux sans-papiers.

Pour cette raison, les militants sans papiers du PSL mèneront campagne dans les occupations politiques pour mobiliser autour de la manifestation nationale de La Santé en Lutte le 28 mai à Bruxelles. L’unité des travailleurs sans-papiers avec le personnel de la santé et des autres secteurs essentiels sera une étape importante dans la construction du rapport de forces contre ce gouvernement pour gagner la régularisation et un système de soins de santé gratuit et de qualité.

Le capitalisme est désastreux pour les travailleurs et notre santé. Ce système nous apportera davantage de pandémies et constitue un frein pour y faire face. Une alternative socialiste est nécessaire de toute urgence : une société qui repose sur les besoins et les revendications des travailleurs et de leur famille.

1) L’aide médicale d’urgente (AMU) est une forme d’aide sociale octroyée par les CPAS. Elle a pour objectif de garantir l’accès aux soins médicaux des personnes sans séjour légal.

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