Stop à la LGBTQI+phobie ! Participez aux actions “Pride is a Protest”

Le vendredi 5 mars, David P. a été assassiné dans un parc de Beveren. Tout indique que le motif de ce meurtre est l’homophobie. La victime a été attirée sur place par une application de rencontre et poignardée par trois mineurs. “Nous n’accepterons jamais ce genre de violence dans notre pays”, a déclaré le Premier ministre Alexander de Croo. La communauté LGBTQI+ était consternée. Les trois auteurs ont été identifiés et arrêtés. Il s’agissait en fait de garçons mineurs qui n’en étaient pas à leur premier acte homophobe.

Par Boris (Gand)

Que (ne) font (pas) les partis traditionnels ?

Les réactions indignées du monde politique et médiatique face à ce meurtre sont évidemment justifiées. Mais quelle crédibilité leur accorder ? Les mêmes responsables politiques si ce n’est pas personnellement, par le biais de leur parti, sont coupables d’une politique qui rend plus difficile la vie des minorités telles que les personnes LGBTQIA+ en raison des privatisations et du sous-financement des services publics et du secteur social. La pénurie d’emplois décents et de logements abordables facilite les discriminations, notamment sur base de l’orientation et l’expression sexuelles. Unia (ex-Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme) reçoit chaque année des signalements de discrimination dans la recherche de logements. “Avec un couple de femmes, par exemple, un propriétaire demande qui va entretenir le jardin de la maison”, explique la directrice Els Keytsman. “Avec un couple d’hommes, nous entendons régulièrement que le propriétaire préfère un ‘couple stable’.”

Même des personnalités telles que le président du Vlaams Belang, Tom van Grieken, ont condamné ce récent cas de violence homophobe. Van Grieken a déclaré : “Il n’y a pas de place dans notre société pour de telles ordures homophobes. Pas maintenant. Jamais.” Mais le Vlaams Belang avait proposé Jef Elbers comme directeur du Vlaams Audiovisueel Fonds (VAF). Elbers considère la Pride comme une “connerie homosexuelle”, qu’il trouve “vraiment dégueulasse” avec ces “chariots à merde”. En 2015, Filip Dewinter a participé à une “marche pour la vie” à Anvers, le même jour que la Brussels Pride en demandant l’interdiction de cette dernière. Les personnes transgenres ont été décrites comme totalement “anormales” dans les médias par le député Dries Van Langenhove et d’autres membres du VB. Nouvellement élu député du Vlaams Belang, Dominiek Sneppe a déclaré en 2019 : “Nous n’avons rien contre les personnes LGBT en soi. La seule question est de savoir s’ils doivent pouvoir se marier et adopter des enfants. Je pense que c’est un pont trop loin.”

N’oublions pas non plus les déclarations homophobes de Theo Francken (N-VA) au sujet des “vrais hommes”. Bart De Wever a quant à lui interdit aux guichetiers anversois de porter un t-shirt arc-en-ciel sous prétexte de “neutralité”. Les déclarations et les actions politiques confirment sans cesse que l’on mène une politique dans laquelle l’hétérosexualité est la norme et tout ce qui s’en écarte est présenté comme anormal et perturbateur.

Cela contribue à former le terreau de l’homophobie.

L’homophobie est trop vite cataloguée comme un problème religieux, notamment au sein de la communauté musulmane. Unia s’oppose à cette approche. L’homophobie ne peut certainement pas être réduite à un contexte migratoire. Les recherches montrent qu’il y a beaucoup d’homo-négativité dans la communauté congolaise, mais Unia reçoit également des rapports de forums ultra-catholiques où l’homophilie est assimilée à la pédophilie ou de clubs d’étudiants homophobes d’extrême droite comme Schild & Vrienden.

Avec leurs politiques d’austérité, les responsables politiques des partis traditionnels protègent un système qui, à un rythme toujours plus rapide, conduit aux crises. Cette situation est dangereuse pour les personnes LGBTQI+ et les autres groupes minoritaires dans la société, car ils sont invariablement les premiers à en ressentir les conséquences. Les tensions sociales et le durcissement de la société impliquent une augmentation de la violence envers les personnes LGBTQI+. La crise du logement, l’augmentation du chômage, etc. sont clairement des foyers de précarisation et de discrimination. La violence est un problème structurel, lié à un système en crise, et ne peut être combattue efficacement qu’en rompant avec ce système.

Les “solutions” bon marché n’existent pas

Le gouvernement et les autorités locales ont une responsabilité écrasante. La création d’emplois, le logement social et une éducation inclusive envers les LGBTQI+ sont essentiels dans la lutte contre l’homophobie, tout comme le développement d’un système judiciaire efficace et l’assistance aux victimes. La lutte contre les discriminations ne peut pas se faire uniquement avec des idées ou de belles paroles : il faut des moyens !

Par exemple, l’organisation LGBTQI+ Çavaria met l’accent sur l’éducation. En effet, une enquête de 2018 a révélé que plus de 5 enseignants du secondaire sur 10 considèrent l’orientation sexuelle comme inavouable. Dans l’enseignement primaire, ce chiffre atteint même 60 % ! Le soutien aux écoles et au personnel dans la lutte contre la discrimination doit devenir une priorité. La mentalité consistant à “faire avec ce que nous avons (de plus en plus endommagé)” et le sous-financement de l’enseignement qui en découle doivent appartenir au passé.

Les subventions aux organisations et événements socioculturels LGBTQI+ devraient également être augmentées. Les précédents incidents de violence homophobe et ce terrible meurtre montrent plus que jamais que les organisations, associations et lieux de rassemblement où les personnes LGBTQI+ peuvent se sentir en sécurité sont essentiels. Malheureusement, ces types d’espaces n’ont fait que diminuer au cours des dernières décennies. De plus en plus de bars et de lieux de rencontre LGBTQI+ ferment leurs portes, ce qui accroît la vulnérabilité des personnes LGBTQI+ dans la vie nocturne. Les rencontres se font par le biais d’applications, où des personnes aux sombres motivations peuvent également se cacher derrière de faux profils. Une tactique que nous connaissions jusqu’à présent principalement à travers des horribles histoires de Russie, du Brésil, du Maroc … mais que nous voyons aujourd’hui chez nous.

Entrer en action de façon solidaire et construire un mouvement de lutte

La visibilité dans la rue en tant que communauté est une arme puissante contre l’homophobie croissante. Pas seulement en réaction à des incidents, mais en permanence. Le mouvement LGTBQI+ trouve son origine dans la protestation de la rue. Les légendaires émeutes de Stonewall en 1969 aux États-Unis nous ont permis de sortir de l’obscurité. Nous devons à nos droits acquis à la mobilisation et nous devons les protéger par ce biais. Aujourd’hui, l’un de ces droits est clairement attaqué : le droit d’être qui nous sommes dans la rue.

La discrimination et la violence ne concernent pas uniquement la communauté LGBTQI+. En tant que mouvement LGBTQI+, nous devons combler le fossé avec le mouvement #Metoo, le mouvement Black Lives Matter et de nombreuses autres organisations de lutte contre les discriminations et la violence qui découlent d’un système malade.

En Flandre, la Campagne ROSA a lancé un appel aux autres organisations (LGBTQI+) pour la construction conjointe de manifestations locales « PRIDE IS A PROTEST », pour se battre contre toutes les formes de discrimination, d’exploitation et de violence avec des revendications concrètes et dans la solidarité.

  • Gent: Pride is a Protest : 27 juin, 15h, Kouter
  • Bruges : Pride is a Protest : 27 juin, Burg

Prenez contact avec nous pour participer à un départ collectif de Bruxelles ou de Wallonie ! info@socialisme.be

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