Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong !

Une nouvelle campagne lancée par Alternative Socialiste Internationale

Vidéo : Leung Kwok-hung réisiste lors de son transfert en prison le 5 mars

Depuis les luttes de masse de Hong Kong en 2019, la situation a complètement changé. La dictature de Xi Jinping et du mal nommé Parti communiste (PCC) a réagi par une répression massive et inédite des droits démocratiques pour détruire le mouvement et empêcher toute future lutte de masse à Hong Kong et en Chine.

À la lumière de ces attaques contre les droits démocratiques à Hong Kong et de la répression croissante en Chine, Alternative Socialiste Internationale (ASI) lance une campagne « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong ». L’objectif de cette campagne est de faire prendre connaître ce qui se passe réellement en Chine et à Hong Kong et de mobiliser la solidarité des travailleurs et de la jeunesse.

Cette campagne sera différente sur des points importants de plusieurs initiatives de solidarité existantes. ASI dispose de camarades, des camarades socialistes, en Chine et à Hong Kong. Ceux-ci sont directement menacés et affectés par la répression, ce qui rend cette lutte très concrète.

Notre campagne de solidarité se concentrera sur la situation des couches opprimées en Chine et à Hong Kong : les travailleurs, les jeunes, les femmes et les minorités. Nous nous tiendrons à l’écart des initiatives lancées par les différents gouvernements et lobbys commerciaux qui défendent leurs propres intérêts. Ils ne peuvent pas parler au nom des opprimés. Nous ne pouvons pas leur faire confiance dès lors que les questions des droits démocratiques et des droits des travailleurs sont en jeu. Ceci est particulièrement important à l’ère de la nouvelle guerre froide entre les dirigeants des États-Unis et de la Chine, dans laquelle les deux parties tentent de manipuler l’opinion publique mondiale pour s’en servir dans leur lutte de pouvoir impérialiste.

Les objectifs de la campagne sont de politiser la question, d’organiser la solidarité et d’intervenir concrètement dans la situation. En termes pratiques et immédiats, la solidarité consiste à manifester son soutien aux victimes de la répression étatique et à diffuser le plus largement possible des informations à ce sujet. La campagne espère sensibiliser les syndicats et le mouvement ouvrier à travers le monde, en proposant des résolutions, en réalisant des vidéos et en partageant des photos d’activités visant à soutenir les droits des travailleurs et les droits démocratiques en Chine et à Hong Kong.

Les étudiants et les manifestations

De nombreuses mobilisations ont été interrompues en raison de la pandémie. « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » se prépare toutefois à intervenir dans des piquets de grève, lors de veillées de protestation ou encore à des réunions, soit partout où le thème des droits politiques en Chine et à Hong Kong sera abordé. La campagne peut trouver un public important dans les universités du monde entier, puisque près d’un million d’étudiants originaires de Chine et de Hong Kong y sont inscrits. Rien qu’au Royaume-Uni, on comptait 120.000 étudiants chinois avant la pandémie et 370.000 aux États-Unis.

Les étudiants et les migrants chinois et asiatiques sont exposés à un risque accru d’attaques racistes dans les pays occidentaux en raison des jeux raciste de politiciens tels que Donald Trump qui ont rejeté sur eux la faute de la pandémie mais aussi de la rhétorique de guerre froide utilisée non seulement par les gouvernements occidentaux, mais aussi dans la propagande nationaliste et chauvine du régime chinois. Le PCC organise des groupes d’étudiants nationalistes dans les universités étrangères, à la fois pour diffuser sa propagande nationaliste et pour surveiller toute sympathie d’opposition parmi les étudiants chinois. Il est donc plus difficile pour les étudiants qui critiquent le régime d’exprimer leurs opinions. Les campagnes de solidarité sur les campus doivent donc lier les questions de la répression étatique et des droits démocratiques aux initiatives antiracistes et à la nécessité d’une lutte unifiée.

Dans les mois à venir, « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » espère coordonner avec les sections d’ASI une série de réunions en ligne dans différentes parties du monde et en plusieurs langues. La campagne est en train de produire un dossier de campagne comprenant des tracts, un modèle de résolution syndicale et d’autres outils de campagne pour construire des actions de solidarité.

Libérez « Cheveux longs » Leung Kwok-hung

Une partie essentielle de ce travail de solidarité consiste à mettre en lumière le cas de l’ancien législateur (député) de Hong Kong emprisonné, « Cheveux longs » Leung Kwok-hung (surnommé ainsi car il a décidé d’arrêter de se couper les cheveux tant que le massacre de Tienanmen ne serait pas officiellement reconnu par Pékin). Avec plus de quarante autres candidats au Conseil législatif (Legco) de la ville, aujourd’hui dissous, il est détenu en prison, accusé de subversion en vertu de la loi de sécurité nationale de la dictature. La peine maximale pour cela est la prison à vie.

Nous exigeons la libération de tous les prisonniers politiques de Hong Kong, même si nous n’approuvons pas la plupart de leurs idées politiques. Les accusations portées contre eux constituent un coup monté. Certains des accusés n’ont joué qu’un rôle mineur dans la lutte de masse et les jeunes manifestants sont très sceptiques quant à l’approche de compromis de certains de ces dirigeants politiques. Ces différences politiques n’influencent pas notre appel à leur libération immédiate. Nous souhaitons accorder une attention particulière à « Cheveux longs », l’une des figures les plus célèbres de la contestation à Hong Kong, car il est le seul représentant de gauche parmi les dirigeants les plus éminents du mouvement démocratique. « Cheveux longs » a activement soutenu les causes des travailleurs en Chine et à Hong Kong, les droits des femmes, des personnes LGBTQI+ et des réfugiés. Il s’est également opposé à l’impérialisme américain. Il est révoltant de voir que certains à « gauche » sur Internet dans d’autres pays rejettent les manifestations de masse de Hong Kong en les qualifiant de « révolution de couleur » soutenue par les États-Unis (en utilisant des arguments similaires pour le Myanmar et le Xinjiang) et soutiennent la répression qui a lieu actuellement.

Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong espère coordonner des messages de solidarité à l’étranger pour « Cheveux longs » en prison. Les camarades de différents pays peuvent écrire de courts messages de solidarité en indiquant d’où ils viennent et nous les envoyer (adresse ci-dessous). Il y a des règles strictes concernant le courrier des prisonniers et il faut donc le coordonner soigneusement : n’écrivez pas de slogans ou de revendications politiques ou la lettre sera détruite par les gardiens, mais vous pouvez écrire sur des sujets d’actualité. Il est important de ne pas mentionner de coordonnées personnelles autres que votre nom. Utilisez uniquement un stylo noir ou bleu et du papier ordinaire sans aucune décoration.

Les associations étudiantes peuvent également fabriquer une bannière avec le slogan « Libérez les prisonniers politiques de Hong Kong » et l’afficher aux stands publics. Demandez au public de la signer et d’y écrire de courtes salutations. Ces bannières peuvent être utilisées pour des messages photo et envoyées via notre campagne à « Cheveux longs » et aux autres prisonniers.

Le contexte

En juin 2020, le dictateur chinois Xi Jinping a imposé à Hong Kong une loi sur la sécurité nationale assortie de sanctions draconiennes. Les accusations de « subversion » et de « séparatisme » peuvent conduire à une peine d’emprisonnement à vie, voire à l’extradition pour être jugé en Chine continentale, où la peine de mort est toujours d’application pour de telles infractions.

L’objectif de cette répression est d’écraser la lutte démocratique de masse à Hong Kong et d’éliminer les droits démocratiques durement acquis : liberté d’expression, liberté de réunion, droit de former des partis politiques et de se présenter aux élections, droits syndicaux, y compris le droit de grève. Toutes ces choses sont interdites en Chine. Hong Kong était autrefois une exception à laquelle Xi veut mettre fin. Deux dirigeants syndicaux de Hong Kong figurent parmi les personnes détenues et accusées de subversion.

Lors du Congrès national du peuple chinois (CNP) de mars 2021, la dictature a imposé de nouvelles règles électorales à Hong Kong. Ces règles remplacent le Legco semi-élu par un Legco « amélioré » – plus restreint, autoritaire, et dont la plupart des membres sont nommés par un comité sous le contrôle de la dictature du PCC. Il ne sera plus possible pour aucun groupe politique d’opposition véritable de participer aux élections. Seuls les laquais du PCC seront approuvés. Utiliser le système électoral auparavant assez ouvert comme plateforme pour faire campagne pour les droits des travailleurs et contre le capitalisme, comme l’a fait ASI en 2011 et 2015, est désormais impossible. La plupart des Hongkongais boycotteront probablement les élections sur la base de ces changements.

Le régime de Xi préside simultanément à la répression la plus sévère en Chine depuis l’écrasement du mouvement démocratique de masse de 1989. Les manifestations de travailleurs en Chine sont régulièrement attaquées par la police, des militants disparaissent et sont torturés, un monstrueux état de surveillance policière de haute technologie dépasse les niveaux orwelliens, les minorités, en particulier les musulmans, subissent une répression inhumaine, des lois racistes et une incarcération de masse.

Le plan de Xi Jinping est de gouverner à vie. La contre-révolution à Hong Kong est motivée par les besoins de sa dictature d’éradiquer toute opposition parmi les masses en Chine et pas seulement à Hong Kong. La lutte de masse de 2019 à Hong Kong pour la démocratie et contre la brutalité policière a fait descendre des millions de personnes dans les rues. Il n’y avait pas l’ombre d’un doute que le gouvernement ultracapitaliste de Hong Kong et nommé par Pékin manquait de toute base sociale véritable ; il ne pouvait continuer à gouverner que parce qu’il était soutenu par l’État policier chinois.

Une onde de choc mondiale

La lutte de Hong Kong a inspiré les gens du monde entier et a créé une crise pour le système totalitaire de Xi. Ce fut un désastre en termes de relations publiques et cela a sapé les efforts de la Chine pour se présenter en tant que « puissance douce » au niveau international. Le PCC craignait que le « virus politique » de Hong Kong ne se propage sur le continent et n’incite la classe ouvrière chinoise super-exploitée à emprunter la voie de la lutte des classes. Le niveau de vie et les conditions de travail des travailleurs ont baissé en Chine dans le contexte de la crise économique mondiale, tandis que les politiques pro-business du PCC créent cinq nouveaux milliardaires chaque semaine.

La lutte de masse de Hong Kong a représenté un exemple de défi incroyable et d’intrépidité contre une dictature apparemment toute puissante. Le régime de Xi veut éteindre cet exemple de rébellion aux yeux du monde entier. Hong Kong est également devenu une ligne de front cruciale dans l’accélération de la guerre froide entre l’impérialisme chinois et l’impérialisme américain/occidental. L’étranglement des droits démocratiques à Hong Kong par Xi Jinping se veut une démonstration de la puissance de son régime au mépris de l’Occident « démocratique ».

« Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » ne soutient aucun des deux camps dans ce conflit. Nous pensons qu’aucun de ces gouvernements ne défend véritablement les droits démocratiques. Leurs actes et leurs politiques reposent sur leurs préoccupations géostratégiques : une lutte sans scrupules pour les marchés, les sources de main-d’œuvre bon marché et les matières premières. Le conflit entre les États-Unis et la Chine n’a absolument rien à voir avec la « démocratie » et les « droits de l’homme », comme le prétendent les uns, ou le « patriotisme » et la « sécurité nationale », comme le prétendent les autres.

L’internationalisme de la classe ouvrière

Notre campagne vise à faire prendre conscience de ce qui se passe réellement en Chine et à Hong Kong. Elle se base sur notre interaction avec les travailleurs, les jeunes socialistes et les militants en Chine et à Hong Kong. L’une des faiblesses fondamentales de la lutte de masse à Hong Kong a été son incapacité, malgré un héroïsme incroyable, à étendre le mouvement à la Chine et à faire appel à la classe ouvrière. Cela aurait nécessité un programme plus clair basé sur l’internationalisme plutôt que le nationalisme/régionalisme et la compréhension du rôle du capitalisme comme partie intégrante du système totalitaire en Chine/Hong Kong.

Alors que nous demandons la fin de toute répression et la libération de tous les prisonniers politiques, notre campagne donnera la priorité aux voix de ceux qui luttent pour les droits des travailleurs et reliera la lutte démocratique à la lutte contre le système intrinsèquement non démocratique du capitalisme et de l’impérialisme.

Au Myanmar, en Thaïlande, à Hong Kong, au Xinjiang, aux États-Unis et dans d’autres « démocraties », les droits démocratiques réels n’ont jamais été accordés par les classes dirigeantes ; ils ne peuvent être obtenus – et les droits existants défendus – que par la lutte de masse pour changer le système.

Pour commencer, vous pouvez montrer votre solidarité avec la lutte pour les droits démocratiques à Hong Kong, en Chine et dans le monde entier, en nous suivant sur Facebook et Twitter, en participant à la réunion de solidarité en ligne que nous organiserons dans votre langue/fuseau horaire dans les semaines à venir, en adaptant notre modèle de motion syndicale pour la présenter à votre réunion syndicale, et en invitant un orateur de « Solidarité contre la répression en Chine et à Hong Kong » à s’adresser à votre section d’ASI. Si vous trouvez des rassemblements en solidarité avec les droits démocratiques de Hong Kong/Chine dans votre région, veuillez nous en informer. Nous vous aiderons à vous mobiliser pour y participer.

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