Contre l’isolement et la précarité : pour un refinancement public massif de notre enseignement !

Depuis plusieurs semaines, un mouvement étudiant se développe dans l’enseignement supérieur francophone contre la précarité et l’isolement, qui a pris le nom de « Jeunesse en lutte ». Des rassemblements ont été initialement organisés à l’ULB et, ce lundi 15 mars, de nouveaux rassemblements ont été organisés à Bruxelles, Liège et Louvain-la-Neuve. Le texte qui suit est le tract des Etudiants de Gauche Actifs qui a été distribué à cette occasion. Les photos qui l’accompagnent proviennent de l’ULg.

Tract des Etudiants de Gauche Actifs

Déjà avant la crise sanitaire, les étudiants étaient à bout. Mais aujourd’hui, c’est encore pire : 32% des étudiants galèrent plus cette année que l’année passée à payer leurs études. Un tiers a perdu son job étudiant. Un quart a même du mal à s’alimenter convenablement. Et tout cela conduit à ce que 60% des étudiants se sentent complètement ou partiellement en décrochage scolaire et à ce que 10% pensent arrêter leurs études. Beaucoup d’entre nous sont désespérés. 8% des jeunes ont même sérieusement pensé à se suicider durant la première vague. La détresse psychologique prend elle aussi une ampleur pandémique mais on manque de moyens pour y faire face. A l’ULB, il faut attendre 5 mois pour avoir un rendez-vous chez un psy !

Il est grand temps d’agir !

Avec notre santé mentale au bord du gouffre et la précarité grandissante, nous ne manquons pas de raisons de nous « plaindre » et de nous organiser ! La manière dont la crise engendrée par le Covid-19 a été gérée dans l’enseignement supérieur (tout comme dans le reste de la société) est catastrophique. La ministre de l’enseignement supérieur Valérie Glatigny se targue d’avoir fait un effort pour les étudiants, mais en réalité, le gouvernement n’a alloué que deux enveloppes de 2,3 millions depuis avril 2020. C’est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins !

La pandémie a mis à nu des années de coupes budgétaires dans l’enseignement et ce ne sont pas des miettes qui vont remplacer des décennies d’austérité. Déjà auparavant, l’enseignement souffrait d’un sous-financement chronique. Partout, l’infrastructure tombe en ruine, surtout dans le secondaire. Les classes sont bondées. On manque de personnel, enseignants ou autres. Si les secteurs de l’enseignement et des soins de santé étaient déjà débordés avant le Covid-19, aujourd’hui ils s’écroulent complètement. Un an d’avertissement, de lettres ouvertes et de pétitions s’est écoulé, et pourtant rien n’y fait : il est grand temps d’agir !

Le gouvernement a annoncé que dès le 15 mars, il y aura 20% de présentiel dans l’enseignement supérieur, et 100 % de présentiel pour « les groupes plus vulnérables », en enseignement spécial et enseignement professionnel à temps partiel. Mais sans y mettre les moyens, cela ne résout pas le problème ! La réouverture des universités et hautes écoles doit s’accompagner d’un investissement public massif dans l’éducation pour permettre l’application des mesures sanitaires. Plus de moyens pour diminuer la pression/la charge de travail sur le personnel et assurer un véritable accompagnement des élèves et des étudiants, sans oublier des testings massifs et en finir avec la pénurie de vaccins aux mains du Big Pharma et de sa soif de profits !

Pour un enseignement gratuit et de qualité pour tous !

Pour mettre véritablement fin à notre isolement et à la précarité, il est crucial que notre lutte ne s’arrête pas à la revendication du retour en présentiel. Le mouvement doit s’étendre à toute la jeunesse et trouver un soutien parmi les travailleurs, en parti- culier ceux de la santé. Tout comme les travailleurs de la santé, avec la Santé en Lutte comme moteur, ont réussi à obtenir un refinancement public de la santé de près de 2 milliards (ce qui reste insuffisant), nous devons mener ce combat au niveau de l’enseignement et exiger un refinancement public massif. Il est nécessaire d’arracher par la lutte plus d’1 milliard d’euros d’augmentation budgétaire par an pour l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Et cela, ça va directement contre les intérêts des capitalistes. Le système capitaliste est incapable de répondre aux besoins de la population et d’endiguer une pandémie mondiale malgré tous les moyens techniques et scientifiques à sa disposition à cause de la course aux profits. Pour lutter contre le virus du covid-19, il faut lutter contre le virus du capitalisme. Dans un tel système, mal-être et précarité feront toujours partie intégrante de nos vies. Le fait que des étudiants aient besoin de travailler pour survivre et payer leurs études est vital pour ce système économique : cela garantit les profits des capitalistes et permet une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des salariés. Tout comme ils mettent en concurrence les jeunes travailleurs et étudiants, ils ne sont pas prêts à prendre les mesures pour que nous retournions en cours en présentiel sans craindre pour notre vie et celles de nos proches.

Rejoins les Etudiants de Gauche Actifs!

Si la jeunesse manque de perspectives pour son avenir, c’est parce que ce système est incapable de lui en fournir. Le capitalisme n’a plus rien à nous offrir, si ce n’est l’incertitude, la précarité et la misère. C’est à nous de nous créer un futur par la lutte ! Pour faire face à la crise sanitaire, à la crise écologique et à la crise économique, nous n’avons pas d’autre choix : nous devons nous organiser pour renverser ce système et y répondre par une alternative socialiste. Une société où l’économie est planifiée démocratiquement pour répondre aux besoins de tous et toutes et pas pour enrichir une minorité de la population sur le dos des autres !

Nous ne sommes pas seuls dans ce combat, nous le partageons avec des millions de travailleuses et travailleurs qui se mobilisent et s’organisent partout dans le monde. Les travailleurs détiennent la meilleure arme contre le capitalisme, l’arme de bloquer l’économie par la grève ! Sans la grève générale de 10 millions de travailleurs français en 1968, le mouvement étudiant n’aurait rien obtenu. Nous devons soutenir les revendications des travailleurs dans les syndicats, des travailleurs sans-papiers en allant à leurs occupations politiques, et en dehors ! EGA participe à la construction de Jeunesse en Lutte. Il faut développer une stratégie politique sur base d’une grille d’analyse qui permet de comprendre le monde pour le changer : le marxisme.

Proposition de revendications d’EGA:

  • Une réouverture avec des mesures hybrides des universités et hautes écoles et une reprise des activités culturelles et sportives, couplée à du matériel de protection et des tests gratuits pour tous.
  • Un accès à un soutien psychologique gratuit et une réelle information sur ce sujet sur les différents campus des écoles et universités.
  • Une prise de décision démocratique entre les professeur·e·s, assistant·e·s et les étudiant·e·s quant aux modalités d’apprentissage et d’évaluation. Un allègement de la matière évaluée pour les étudiant·e·s. Une plus grande aide pour les étudiant·e·s en Ba1.
  • Laissons les travailleurs et les étudiants décider des mesures sanitaires : instauration d’un comité de crise dans chaque lieu de travail et d’étude.
  • Des bourses spéciales COVID, l’extension du chômage temporaire aux étudiant·e·s jobistes, le salaire étudiant à la hauteur d’un salaire minimum de 2300€ brut et la rémunération de tous les stages.
  • Une hausse des moyens financiers et humains des enseignant.e.s, du personnel administratif et du personnel d’entretien. Salaire minimum de 14€/h pour tous les travailleurs (y compris pour les travailleurs des services externalisés) !
  • Un enseignement supérieur gratuit et de qualité : abolition du minerval, gratuité du matériel nécessaire pour suivre les cours, des restaurants universitaires, des transports en commun, des protections périodiques.
  • Un refinancement du secteur de l’enseignement et d’autres secteurs publiques sous-financés par la mise en place d’une taxe pour les grandes entreprises.
  • Un plan massif de création de logements sociaux publics (y compris des kots) à loyers abordables.
    Arrêtons les pénuries de vaccins liés aux profits du Big Pharma ! Pour une planification socialiste de la crise sanitaire.

 

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