[INTERVIEW] Les “oubliés du confinement” lancent de nouvelles occupations

L’une des visites de solidarité des Etudiants de Gauche Actifs à l’ULB.

Des sans-papiers ont récemment entamé une occupation politique de l’Église du Béguinage, suivie peu après par d’autres à l’ULB et à la VUB, afin d’attirer l’attention du nouveau gouvernement sur les “oubliés du confinement” et revendiquer des réelles solutions pour faire face à la crise sociale et sanitaire. L’objectif du mouvement est de réclamer un véritable dialogue avec les autorités pour obtenir l’égalité des droits et la possibilité de travailler légalement dans le pays. Nous en avons discuté avec Elhoucin, militant du PSL et l’un des porte-paroles du mouvement des sans-papiers à Bruxelles.

Propos recueillis par Eugenio (Bruxelles)

Pourquoi une occupation politique à l’ULB?

Le choix de faire une occupation politique est venu suite à plusieurs mois de mobilisation du mouvement des sans-papiers. A la suite du premier confinement, nous avons été en première ligne pour déconfiner les luttes sociales, en nous mobilisant pour revendiquer des réponses concrètes pour les 100.000 sans-papiers qui résident en Belgique. La crise sanitaire et économique a touché de façon disproportionnée les couches les plus précaires de la société, dont les sans-papiers.

Beaucoup d’entre nous vivent dans des conditions instables et insalubres et, faute d’alternative, ils sont forcés de travailler au noir sans aucune protection sociale et sanitaire. Cela n’est pas seulement dangereux pour les sans-papiers, mais pour toute la société. Nous ne pouvons pas prétendre faire face à la pandémie en ignorant les plus vulnérables. Nous avons donc décidé d’augmenter la pression sur les autorités.

Les deux lieux d’occupation sont symboliques pour le rôle qu’ils ont joué dans les luttes des sans-papiers, notamment avec l’occupation du Béguinage en 2009, et qu’il joue toujours dans la conscience de la population bruxelloise. Avec l’occupation de l’ULB et de la VUB, nous voulons plus particulièrement tisser des liens de solidarité avec les étudiants et les travailleurs pour que nos combats se rejoignent. Pour élargir la base sociale de notre mouvement, nous devons construire des ponts avec les couches sociales qui souffrent des conséquences de la crise et des politiques des gouvernements belges.

Comment organiser les étudiants et les travailleurs pour soutenir le mouvement pour la régularisation ?

Il est important pour nous de souligner le profil politique de ces nouvelles occupations, il ne s’agit pas seulement d’abriter des gens qui en ont besoin ou de faire du chantage, comme l’a déclaré le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V). Nous sommes là pour mettre en avant des revendications politiques nécessaires pour répondre à la crise qui plonge les sans-papiers dans la misère. Beaucoup des problèmes auxquelles nous sommes confrontés ne sont pas uniques aux sans-papiers, bien que cela nous affecte de façon particulièrement brutale.

La pénurie de logements à un prix abordable, d’emplois avec un salaire suffisant, d’accès aux protections sanitaires et sociales ou encore les difficultés de recevoir un enseignement de qualité sont des problèmes que nous partageons avec la majorité de la population belge. Il est donc essentiel, si on veut faire avancer notre mouvement, de mettre en avant un programme de revendications sociales qui répond aux besoins des couches exploitées et opprimées de la société.

La régularisation de toutes les personnes sans-papiers ne doit être que une première étape pour garantir la santé et les droits de tout le monde et lutter pour de meilleures conditions de vie et de travail. C’est sur la base d’un tel programme que nous pouvons lier la lutte des sans-papiers avec les combats des travailleurs.ses et des étudiants.es et nous organiser ensemble pour le renversement de ce système économique fondé sur la discrimination et l’exploitation.

  • Régularisation immédiate et permanente de toutes les personnes sans-papiers!
  • Jamais plus d’impunité policière ! – Stop à la criminalisation des sans-papiers !
  • Des solutions sociales pour les problèmes sociaux : il faut des investissements dans l’enseignement, les soins de santé, les logements et les salaires plutôt que dans la répression policière. Taxons les riches au lieu de tirer sur les pauvres !
  • Malcolm X a dit : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”. Nous devons combattre le système capitaliste, un système d’exploitation économique pour la majorité au profit d’une infime minorité.

Rejoignez le mouvement – le comité de soutiens se réunit tous les mardis à 17h30 à place du Béguinage pour continuer à organiser la lutte.

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