Partout en Europe, les patrons ont lancé une véritable offensive contre les travailleurs. Cette véritable guerre de classe vient encore de trouver une expression : à Sprimont, ce dimanche après midi, des travailleurs en lutte contre une délocalisation ont vu débarquer une vingtaine de gros bras, certains étaient armés de matraques. Ils avaient été engagés par la direction pour forcer le piquet et emporter du matériel !
Article par Nico, photos par Daphné (Liège)
Les travailleurs ne se sont pas laissés faire et se sont postés à une centaine environ devant les portes de l’usine pour empêcher tout convoi de sortir, de petites délégations de solidarité arrivant par la suite renforcer le piquet. La police est finalement venue »exfiltrer » les gros bras du patron dans le courant de la nuit, sous les huées des militants syndicaux.
Ce lundi, les métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB ont publié un communiqué déclarant que : ‘‘ La MWB-FGTB "dénonce avec force des pratiques au fumet fascisant, qui constituent une agression flagrante contre le monde du travail et remettent gravement en cause les fondements mêmes de notre démocratie (…) La MWB-FGTB s’étonne de n’avoir vu aucune interpellation ni administrative, ni judiciaire à l’encontre d’individus armés et caparaçonnés. [Elle] exige qu’au plus vite les représentants patronaux les rejoignent sereinement à la table des négociations." Car les travailleurs de Meister sont confrontés au mutisme de leur direction depuis une semaine, lorsque l’annonce de la délocalisation prochaine d’une partie de la production est parvenue à leurs oreilles.
En milieu de semaine dernière, la direction s’est rendue sur le site, sans vouloir donner la moindre explication aux travailleurs. Les syndicats avaient pourtant demandé aux membres de la direction de ne pas se présenter sur le site en raison de la colère qui faisait suite à l’annonce de la délocalisation d’une partie de la production vers la Tchéquie. La direction avait payé son arrogance en étant séquestrée une heure, un signal envoyé à l’administrateur général pour qu’il vienne s’expliquer face à ses travailleurs.
La colère du personnel s’explique par le fait que l’entreprise réalise toujours des bénéfices et est loin d’être en difficulté. A l’instar de beaucoup d’autres (ArcelorMittal (environ 600 emplois directs), Bekaert (600 emplois), les Laboratoires Thissen à Eigenbrakel (334 emplois), Crown Cork à Deurne (320 emplois), Alcatel-Lucent (185 emplois) mais aussi à Nokia-Siemens (127 emplois)), l’entreprise n’a pas hésité à utiliser les nombreux cadeaux fiscaux qui existent en Belgique pour ensuite menacer l’emploi sous prétexte de coûts salariaux trop élevés. Devons-nous continuer à subir indéfiniment ce chantage ?
Les attaques contre le droit de grève et les syndicats n’ont pas manqué ces derniers temps. Une véritable chasse aux délégués a été lancée dans diverses entreprises, et des pressions avaient été exercées pour empêcher le blocage des zonings industriels lors de la grève générale du 30 janvier dernier. Hélas, les directions syndicales n’avaient pas riposté en défendant bec et ongles le blocage des sites industriels (blocages pourtant primordiaux pour pouvoir permettre à la grève de s’étendre dans les petites entreprises qui n’ont pas de délégation syndicale et vivent sous la terreur des patrons).
Ces derniers mois, le PSL a appelé à plusieurs reprises au lancement d’une large campagne de défense des libertés et des droits syndicaux, notamment face aux licenciements de délégués ainsi qu’à la campagne médiatique antigrève que nous subissons ces derniers mois (nous pensons notamment au récent dossier du Soir : ‘‘Les syndicats freinent le progrès’’). Ici, une nouvelle étape a été franchie, la riposte doit être à sa hauteur.